Kevin Cools (à droite), la bonne et talentueuse pioche de Machiavel. © jean-pol sedran

Machiavel, histoire belge

Le Vif

Souvent décrié, décalé d’époque voire démodé, le premier groupe belge à s’être produit à Forest National continue pourtant son inexorable route avec un nouvel album, le bien nommé Phoenix, et un nouveau chanteur.

En écoutant Six Feet Under, l’un des onze titres de Phoenix, sorti le 16 septembre, Marc Ysaye a dû avoir des frissons: la voix du nouveau vocaliste de Machiavel, Kevin Cools, sonne comme celle d’un Robert Plant acrobatique. Une manière de dire que le batteur- chanteur – seul membre fondateur du groupe restant, avec le bassiste Roland De Greef – n’a pas totalement abandonné ses fantasmes adolescents, et donc son amour immodéré de Led Zeppelin.

Il serait pourtant réducteur de ramener le treizième album studio du groupe – écrit et composé collectivement avec le claviériste Hervé Borbé et le guitariste Christophe Pons – à une (in)digestion des années 1960-1970. Pour son premier disque studio depuis Colours en 2013, Machiavel joue d’un autre atout: Kevin Cools, la trentaine, montois ayant fait ses classes dans les confidentiels Feel et Niitch. Bonne et talentueuse pioche dont la voix s’épanouit sur Phoenix, donnant, en particulier aux ballades, une tonalité fraîche. Enlighted et, surtout, Soulrise – tube potentiel – taquinent davantage Coldplay que les fantasmes passés. Ceux-ci labourant les débuts de Machiavel, en 1974, alors en mode prog. Syndrome initial d’un curieux parcours qui passera ensuite au pop-hard, avec succès puisque, le 9 décembre 1979, Machiavel est le premier combo belge à jouer à Forest National, qu’il remplira le 14 février 1981.

Certains morceaux de Phoenix taquinent davantage Coldplay que les fantasmes passés.

Que reste-t-il en 2022 de ce flirt avec la gloire? Hormis le single Fly, sorti il y a 42 ans, Machiavel n’a guère fonctionné hors de nos frontières, voire hors de la Fédération Wallonie-Bruxelles, où il fidélise tout de même un public au fil des décennies malgré le mauvais œil: la mort précoce du claviériste Albert Letecheur et du chanteur Mario Guccio, le départ du premier guitariste Jack Roskam et des décisions business passées hasardeuses, voire désastreuses. Sans oublier le vol total de leur matériel live en 1982. Machiavel fait donc de la résistance. Et du travail incarné dans Phoenix : un amour certain de la mélodie, des textes qui ne sont pas du Shakespeare, une musicalité bien rodée – Ysaye et Degreef jouent ensemble depuis 48 ans… –, l’impression globale de non-prétention et une proximité affichée. Pas seulement parce que Machiavel a beaucoup bénéficié d’une programmation sur Classic 21, Ysaye en étant le directeur jusqu’à début 2019…

Phoenix, Distribué par Cod&S.

© National

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