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Libérés, et après?

Le baromètre a parlé. Les Belges retrouvent la jouissance de certaines de leurs libertés. Le climat est propice à un retour à une vie sociale plus chaleureuse, moins entravée. Mais pas forcément identique à celle d’avant.

Un vent de liberté? N’exagérons pas. Plutôt une brise légère, comme celle qu’on laisse entrer par la fenêtre ouverte pour balayer les gouttelettes chargées de virus. Un de ces gestes devenus mécaniques, une routine dont on serait incapable de dater avec précision l’amorce.

Le passage en code orange et la levée d’une partie des mesures restrictives, actés lors du Codeco du 11 février, annoncent néanmoins le début d’une nouvelle trêve dans la lutte contre la pandémie. Avec son lot habituel de paradoxes: les boîtes de nuit sans masque mais pas les classes du secondaire, le maintien du CST face à l’extrême contagiosité du variant Omicron, le port du masque pour le personnel Horeca mais pas pour les clients.

On aimerait évidemment parler de fin, de libération, de victoire, mais on ne trouverait plus aucun scientifique suffisamment optimiste (ou imprudent) pour parier sur un retour définitif à la normale. Avec tous ces variants qui sortent comme autant de jokers à la capitulation du virus, qui sait ce que l’avenir nous réserve.

En attendant, l’heure est bien à l’assouplissement un peu partout en Europe. Tout début février déjà, le Danemark, la Norvège et la Suède avaient pris les devants en levant la quasi-totalité des restrictions et en mettant fin aux consignes de distanciation sociale, estimant que leur couverture vaccinale était suffisante pour faire face à Omicron. En France, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Angleterre, l’allègement prend globalement la même tournure: on diminue les restrictions dans l’Horeca et pour l’événementiel, on rouvre les discothèques, on tombe le masque çà et là, on pousse un peu moins au télétravail…

Moins d’homogénéité, par contre, en ce qui concerne la levée du CST. Chez nous, ce ne sera pas encore pour cette fois. Il reste exigé pour l’accès aux restaurants, aux bars, aux spectacles et aux événements. Le personnel, lui, devra continuer à porter le masque au moins jusqu’en mars. Continuer à mettre la pression sur les non-vaccinés, c’est clairement la stratégie adoptée par la France qui est même sur le point de durcir les conditions d’obtention du pass vaccinal, tout en n’excluant pas de se dispenser du CST d’ici à la fin mars ou à début avril.

Et ensuite? Après deux ans de stratégie « on-off », on aimerait enfin passer à une gestion de crise plus maîtrisée, avec une vision à long terme… au risque de tirer des plans sur la comète. Les nombreuses études mettant en évidence les problèmes de santé mentale liés à la privation de contacts et de vie sociale, affective et professionnelle ne permettent plus de négliger le facteur humain. Il est difficile de prévoir quels effets le relâchement aura sur notre vie en société et avec quelle intensité les contacts reprendront au sein de la population. A quel point, aussi, la fatigue pandémique et le climat anxiogène dans lequel nous baignons auront refaçonné durablement notre attitude et redéfini nos besoins, nos envies. Vivra-t-on plus fort, plus intensément, comme dans les Années folles, ou, au contraire, nos contacts sociaux se limiteront-ils à ce qu’on a pu observer lors des précédents relâchements? Pour de nombreux observateurs, le retour au « monde d’avant » est tout sauf une évidence.

Après deux ans de u0022on-offu0022, on aimerait passer à une vision à long terme… au risque de tirer des plans sur la comète.

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