Les surprises du marché belge

Philippe Cornet Journaliste musique

Tandis que Selah Sue cartonne, d’autres artistes du terroir, de Vincent Liben à David Bartholomé en passant par Kiss And Drive, pourraient suivre la voie de son succès…

Lorsque paraît son 1er album en mars 2011, Selah Sue, 21 ans, a déjà toute une hype derrière elle. Une réputation mirifique d’une fille décomplexée par rapport à l’hégémonie anglo-saxonne et 2 rencontres emblématiques: celle de Prince dont elle assure à l’automne 2010 la 1re partie à Anvers à la demande personnelle de l’artiste, et un duo discographique avec Cee Lo Green, star du hip hop américain. Pas mal pour une étudiante furtive en psycho à la KUL, issue d’une famille carolo-flandrienne des environs de Leuven. Le secret de cette brindille belge? Jouer partout ses grosses rengaines qui impriment vite la mémoire dans un style cousin d’Ayo ou Nneka, y introduisant l’ombre d’une autobiographie à tendance maniaco-dépressive. Aujourd’hui, après avoir décroché le Prix Constantin à la barbe de tous ses concurrents français, rempli Forest National (version club mais quand même), la nymphette pulvérise les records dans un marché du disque in-également moribond: pas loin de 70 000 exemplaires écoulés chez nous de son album éponyme, 100 000 chez nos voisins français, de l’or aux Pays-Bas. Une sortie dans une douzaine de pays – Japon et Amérique suivent – pour un total de 400 000 copies déjà vendues: c’est impressionnant. Le plan de Miss Sue est-il reproductible sur d’autres Belges? On pense à Vincent Liben dont la fluidité romantique à la Gainsbourg/Yves Simon a déjà trouvé le chemin des radios françaises. Voire à Kiss And Drive, pop-folk menée par l’Italienne de Bruxelles Elisabetta Spada, ou, dans un registre plus mâle, au metal intelligent (…) de Tailors Of Panama. Dont le chanteur n’est autre que le frère de Matthew Irons, vocaliste de Puggy, le trio anglo-franco-suédois basé ici, qui a également cartonné en 2011. Ce qui est sûr, c’est que les frontières entre indés et charts semblent plus perméables que jamais: peut-être pas assez pour pousser aux sommets un trio barré comme Hoquets, jouant sur des instruments faits de matériel de récup’, mais peut-être bien pour un outsider à la David Bartholomé. Le leader de Sharko, désormais en solo, pourrait parfaitement séduire le marché à surprises de la pop, simplement parce que ses morceaux de choix, bidouillés à domicile, restent dans l’oreille.

PHILIPPE CORNET

 » La nymphette pulvérise les records dans un marché du disque inégalement moribond « 

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire