Les nouds de communication comme enjeux
De par leur positionnement, Wavre et Ottignies ont été les cibles de bombardements, aussi bien par les Allemands que par les alliés. Mais dans l’ensemble, aidées par l’aspect rural de la région, les populations s’en sont sorties sans trop de casse.
Si, avec Wavre et Ottignies-Louvain- la-Neuve, ce dossier évoque en réalité trois entités distinctes, seules les 2 premières citées auront droit au chapitre dans cette évocation historique. La Seconde Guerre mondiale et l’Occupation ne concernent en effet pas Louvain-la-Neuve… puisque la ville, couverte alors de pâturages, n’existait pas encore ! Wavre et Ottignies, par contre, n’ont pas échappé au sort peu enviable des villes occupées par l’armée allemande. A l’orée des années 1940, les deux localités, administrées par des bourgmestres socialistes, font partie intégrante de l’arrondissement judiciaire et administratif de Nivelles, région plutôt rurale où s’étalent, ci et là, quelques petites villes, villages et bourgs. » Wavre, en 1940, est une grosse bourgade de 8 000 habitants, qui occupe un n£ud de communication routier. La ville sert alors surtout de centre commercial aux populations des alentours. Ottignies, de son côté, sorte de gros village à l’habitat aggloméré, est centrée sur un n£ud ferroviaire, avec une grosse gare de formation. Au niveau stratégique, les deux localités se trouvent au centre de la position fortifiée qui couvre le centre du pays, la ligne Koningshooikt-Wavre, une position légère qui comprend des petits bunkers et des barrières Cointet anti-chars. Lesquelles seront d’ailleurs par la suite récupérées par les Allemands : elles leur serviront en 1944 sur le Mur de l’Atlantique ! « , confie l’historien du Ceges/Soma (Centre d’Etudes et de Documentation Guerre et Sociétés contemporaine s), Alain Colignon.
Ralentir la Wehrmacht
Le dispositif de défense ne pèsera pas bien lourd dans la balance, quand les Allemands décideront de lancer leurs offensives. Dès le 10 mai 1940, Français (du côté d’Ottignies) et Anglais (à Wavre) investissent pourtant le Brabant wallon, afin d’endiguer cette progression : le soir même, Ottignies et singulièrement ses voies de communications ferroviaires sont bombardées. Quatre jours plus tard, c’est Wavre qui essuiera des tirs de canons. Les destructions matérielles causées par les Alliés, qui souhaitent ralentir la Wehrmacht, se matérialiseront surtout par des dégâts autour des ponts de la Dyle. » Quand la Wehrmacht entre dans les deux localités, aux alentours des 16 et 17 mai, elles sont très sérieusement endommagées. Environ 500 maisons ont été détruites à Wavre, alors que l’hôtel de ville a subi de lourds dégâts. Heureusement, on compte peu de pertes humaines, la population ayant pris la poudre d’escampette. Quoique meurtries, les deux entités vont devoir s’accommoder de l’occupation militaire « , poursuit Alain Colignon.
Les autorités communales vont poursuivre leur travail : dégager les gravats, réparer ce qui peut l’être dans un premier temps. Jusqu’au printemps 1941, les Allemands sont présents en masse à Wavre et à Ottignies, avant d’évacuer les lieux pour une majorité d’entre eux. Wavre garde néanmoins une section de la Feld- gendarmerie et Ottignies, dans sa gare de formation, accueille quelques dizaines d’employés militaires de la Reichsbahn, les chemins de fer allemands. » La cohabitation se passe sans trop de heurts. Il faut dire que malgré les restrictions alimentaires, les populations locales arrivent à compléter le ravitaillement en s’appuyant sur les nombreuses fermes qui sont établies dans la région. Dans un premier temps aussi, les autorités communales essayent d’arrondir les angles, même si Wavre restera toujours entre les mains de mayeurs patriotes. A ce propos, l’un d’entre eux, Alphonse Bosch, sera abattu le 6 août 1944 par un commando de tueurs rexistes. Lesquels ne sont pas si nombreux dans la région : la section locale du parti, pour le canton de Wavre, compte 115 inscrits… « , avance encore l’historien.
Trop de joie trop vite
La Résistance ne concerne, elle aussi, qu’une très faible minorité de la population masculine active. On est loin des fronts : l’essentiel des gens vivent vaille que vaille dans la cohabitation et l’accommodation, sans trop de souffrance… jusqu’au printemps 1944 et le pilonnage, par l’aviation alliée, des n£uds de communication ferroviaire en vue du débarquement de Normandie. Le 20 avril 1944, des dizaines de victimes sont ainsi causées par un sévère bombardement, à Ottignies, Limal, Limelette. Heureusement, la Libération approche… » Dès l’été 44, après le débarquement de Normandie, la population attend sa libération. Les attentats se multiplient contre les voies ferrées et les collaborateurs. Lesquels, en représailles, vont exécuter des actions de « contre-guérilla » en tuant notamment l’abbé Alphonse Huybrechts le 22 juillet 44. En septembre, les alliés arrivent, mais la Libération ne se passe pas exceptionnellement bien à Wavre : à la suite d’un défaut de coordination entre les mouvements de résistance locaux, les Allemands ont le temps de faire sauter des ponts avant de se retirer. La population, ayant trop rapidement fait montre d’enthousiasme, va essuyer des bombardements de l’artillerie allemande « , conclut Alain Colignon. Le 5 septembre, Wavre est libérée. Le lendemain, c’est au tour d’Ottignies. l
GUY VERSTRAETEN
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