Les migrations expliquées aux impuissants
Politologue spécialiste des migrations, chercheur à l’ULiège et professeur à Sciences Po Paris, François Gemenne tente d’expliquer dans On a tous un ami noir (Fayard, 256 p.) pourquoi l’immigration en Europe suscite autant de polémiques stériles et a abouti, selon lui, à une « capitulation intellectuelle de l’ensemble de la classe politique ». A cette fin, le chercheur assène quelques vérités. « La fermeture des frontières n’arrête pas les migrations. » « Plus on ferme les frontières, plus l’activité des passeurs fleurit. » L’aide au développement ne freine pas, en tout cas dans un premier temps, les départs de migrants. « Le prix de la migration […] est si élevé que seule une petite minorité de la population peut y consentir. Les nouveaux immigrés sont beaucoup plus diplômés que la moyenne de la population des pays d’accueil. » « L’impact fiscal de l’immigration est toujours très faible, qu’il soit positif ou négatif. » « Des pans entiers de l’économie (européenne) dépendent des travailleurs sans papiers. » Face à cette réalité, dont certains aspects seront contestés, François Gemenne appelle les partis à développer des politiques cohérentes, notamment pour ne pas laisser le champ libre à l’extrême droite. Il prône notamment de dépasser la distinction entre réfugiés politiques et migrants économiques et de réformer le droit d’asile qui, « de protection humanitaire, s’est transformé en instrument de contrôle des migrations ».
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici