Les enfants du rock

Julien Broquet Journaliste musique et télé

En 2016, des monstres sacrés de la musique s’en sont allés sans que la relève ne semble assurée. Le rock peut-il encore fabriquer des stars ?

Alors que la musique a vu cette année s’effondrer des pans entiers de son histoire avec le décès de David Bowie, de Prince et de Leonard Cohen, l’industrie peine plus que jamais à leur trouver des successeurs, à se dégoter de nouveaux génies capables de toucher le grand public. De vraies personnalités susceptibles d’allier la qualité au succès. Ça arrive encore dans le milieu du hip-hop, dans l’électro, voire dans la chanson française mais c’est devenu de plus en plus rare dans le monde du rock… Where have all the rock stars gone ? Pete(r) Doherty et Jack White, Muse et les Arctic Monkeys sont parmi les derniers à avoir touché significativement les masses. Et les plus jeunes du lot, la bande à Alex Turner (30 ans depuis janvier), sont apparus il y a dix berges…  » Une large majorité du public s’est détachée des artistes parce qu’elle n’achète plus d’albums et s’offre (ou télécharge, NDLR) des singles à la place « , analysait déjà le professeur d’université Timothy Rosenberg dans un article de Forbes, il y a trois ans.  » Si l’auditeur n’est plus fan de douze chansons qui se suivent, ce n’est guère surprenant qu’il ne se fédère plus autour d’un groupe comme, par exemple, Led Zeppelin. Croyez-le ou non, je pense que c’est sain. Les fans s’attachent davantage à la musique qu’à la personnalité de ceux qui la font.  »

Dans le même article, George Howard (Daytrotter, Paste Magazine) pointait l’évolution du rôle de la musique dans nos sociétés.  » Pour les jeunes des années 1960 et 1970, la musique détenait un pouvoir similaire à celui que représente Internet pour la jeunesse d’aujourd’hui. Internet, en particulier, et la technologie, en général, sont clairement les signifiants culturels dominants pour la plus jeune génération. La musique à travers les innovations technologiques en fait partie, mais juste partie, elle ne représente pas le tout.  »

Avec une absence de vitrine à la télévision, et même à présent en radio, une consommation musicale plus morcelée que jamais et une tendance à ne plus vendre les artistes et leur personnalité avec leurs disques (les pages people sont désormais squattées par les femmes de footballeurs, les stars de la téléréalité et tout au plus de la pop), le rock a perdu de son importance fédératrice et de son emprise. Il a de moins en moins de chance de changer le monde mais davantage d’artistes en (sur)vivent. On ne va pas se mettre à pleurer sa diversité.

JULIEN BROQUET

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