Le Pentagone ralentit la cadence
Depuis la mi-septembre, les véhicules qui pénètrent dans cet espace compris entre les tunnels de la petite ceinture entrent en zone 30. Sauf sur les grands boulevards. Et sans forcément être contrôlés.
Je suis en général plutôt un homme de compromis, mais je pense qu’en matière de mobilité il faut être radical ou on n’y arrivera jamais. » Ces propos, c’est le CDH Christian Ceux, échevin de la Mobilité à la Ville de Bruxelles, qui les tient quand on le lance sur la question de la zone 30. Depuis la mi-septembre, le Pentagone (en gros, la zone qui se situe à l’intérieur des tunnels de la petite ceinture) jouit en effet d’une nouvelle réglementation en matière de mobilité : si l’on excepte les grands boulevards Lemonnier, Dixmude, Anspach et Jacqmain – en attendant leur réaménagement -, il est désormais interdit de rouler à plus de 30 km/h dans le périmètre. Sous peine de… De quoi en fait ? C’est l’un des grands enjeux de cette décision : si Christian Ceux se dit » radical » en matière de mobilité, la zone 30 semble encore bien mièvre à certains si les grands axes font exception. Et surtout si des contrôles de vitesse réguliers ne sont pas mis en place rapidement et en masse. Les autorités locales assurent que ces contrôles vont débarquer, mais entre-temps… » Oublier les boulevards centraux est l’une des incohérences du dispositif, estime Marie Nagy, chef de groupe Ecolo au conseil communal de la Ville. Mais il faut également sensibiliser davantage, informer, et pas uniquement avec les petits feuillets distribués le premier jour. Le problème des contrôles se fait également sentir, surtout aux heures où il y a moins de trafic. » De fait, le centre-ville est tellement engorgé aux heures critiques qu’il est de toute façon compliqué d’avancer plus vite… Et Marie Nagy de poursuivre : » Le problème du Pentagone est en réalité celui d’un afflux massif de voitures. La réflexion menée sera partielle tant qu’elle ne fera rien pour contrer cela : ajouter des parkings au centre-ville n’est pas une solution si on veut diminuer l’encombrement. Il faut une véritable politique de stationnement, notamment. Le plan régional Iris II (voir page 122) va donner un cadre, mais sa mise en £uvre dépend de la ville. «
Sécurité et pragmatisme
La démarche de la Ville reste néanmoins un pas en avant vers une mobilité plus douce. Et s’explique également par des questions de sécurité – d’après l’IBSR, il y aurait neuf fois plus de risques d’être mortellement touché par un choc à 50 km/h qu’à 30 km/h – et de pragmatisme : une bonne partie des habitants du Pentagone ne possède pas de voiture. » Deux arguments nous permettent d’avancer dans cette voie-là : 80 % des voiries sont déjà adaptées pour ce changement et, dorénavant, tout ce qui se fait dans le Pentagone est et sera pensé en perspective de cette zone 30. Je pensais sincèrement que les réactions seraient plus virulentes : mais quand on explique l’intérêt d’une telle mesure aux gens, ils comprennent « , plaide Christian Ceux. Des organismes comme Touring se sont néanmoins déjà exprimés contre la mesure, jugeant qu’elle risquait de brimer la fluidité du trafic.
Au-delà de cette décision, le collège garantit qu’il planche sur la mise en piétonnier d’un certain nombre d’artères supplémentaires, dans le périmètre Unesco, autour de la Grand-Place. C’est ce qu’assure l’échevin du Tourisme, Philippe Close (PS) : » Ce n’est pas une mesure anti-voiture. Jusqu’en 1992, la Grand-Place restait ce que Jean Cocteau appelait « le plus beau parking du monde ». La place Sainte-Catherine, la rue des pittas, etc. : il y a des endroits en ville où la voiture n’a simplement pas sa place. «
GUY VERSTRAETEN
AJOUTER DES PARKINGS AU CENTRE-VILLE N’EST PAS UNE SOLUTION
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