Le nouveau » bug » bancaire ?
Les banques ont besoin désormais de centaines de cerveaux pour relever tous les défis de l’informatique. Problème : où les trouver ?
Trente-cinq pour cent ! C’est la part de l’informatique dans le coût total de fonctionnement d’une banque comme ING Belgique. Le poids relatif du budget informatique va encore augmenter, pour sans doute atteindre un jour les 50 %, car un certain nombre de processus papier peuvent encore être automatisés. De plus en plus stratégique pour la banque, l’informatique permet de réduire les coûts, mais elle est surtout devenue incontournable pour gérer des montagnes de données impossibles à appréhender par la seule action humaine. Les logiciels jouent notamment un rôle central dans la gestion des risques, pour autant qu’ils soient utilisés correctement et suivis des contrôles (humains) nécessaires. La crise financière récente nous a rappelé que ce n’était pas toujours le cas. Par ailleurs, la tendance au self-service, amorcée par l’e-banking, s’étend à présent aux terminaux mobiles, GSM ou tablettes multimédias, causant de beaux casse-tête aux départements informatiques, qui doivent garantir la sécurité d’une relation » multicanaux » entre le client et la banque.
Rien que pour les quatre principales banques belges, il faut des centaines de cerveaux pour relever tous ces défis, à l’heure où nombre d’informaticiens » baby-boomers » partent à la retraite. Mais le renouvellement ne se passe pas sans mal. Aujourd’hui déjà, la pénurie d’informaticiens retarde la mise à jour de certaines applications et nécessite pas mal de patience de la part des employés en bout de chaîne. Pour l’heure, cela n’empêche sans doute pas la banque de tourner mais demain, faudra-t-il craindre un » bug » de taille ? Erik Dralans, ex-président d’ING Belgique, qui a été pendant dix ans en charge de l’informatique, ne voit pas d’issue immédiate à la pénurie : » Notre département RH est confronté à un énorme problème d’offre et de demande. Et on ne voit pas de solutions car le flux d’étudiants en informatique a tendance à décliner. Nous sommes condamnés à délocaliser certains projets, en Inde ou ailleurs, ou à trouver de nouvelles formules de sous-traitance, mais cela augmente la complexité et, au final, le coût des pro-jets. » La banque se doit donc d’explorer de nouvelles pistes comme acheter des » packages » logiciels au lieu de les développer en interne (mais en acceptant une certaine perte de contrôle), voire faire appel à des équipes de la filiale polonaise du groupe.
» Il est crucial de travailler à notre attractivité en tant qu’employeur, en partie écornée par la crise financière. Et de » vendre » nos nombreux projets passionnants auprès des informaticiens. Car l’époque où tout le monde était content de postuler auprès d’une banque est terminée « , met en garde Erik Dralans.
OLIVIER FABES
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