Le FN touche le fond
Daniel Féret sombre. Et, avec lui, le parti d’extrême droite qu’il a dirigé pendant plus de vingt ans ? Pas sûr : Michel Delacroix tente sa chance.
Plus une semaine ne passe sans que le Front national (FN) s’enfonce un peu plus dans les eaux boueuses des ennuis judiciaires. Depuis avril, Daniel Féret, président déchu du FN, se terre à la côte française, à proximité de La Panne. Lui et sa compagne, la députée bruxelloise Audrey Rorive, sont poursuivis par la justice bruxelloise, entre autres, pour abus de biens sociaux, faux et usages de faux. Le Dr Féret aurait détourné à des fins personnelles de l’argent de l’Association de financement du Front national (AFFN) : voyages, restos, appareils photo haut de gamme, etc. Fin septembre, le tribunal des référés de Bruxelles a ordonné la mise sous séquestre des biens et de la comptabilité du FN, jusqu’à la fin de l’instruction judiciaire. Par ailleurs, Féret, déjà condamné pour racisme, comparaîtra, en février prochain, devant la justice de Namur. Celle-ci le suspecte d’avoir utilisé de fausses signatures lors du dépôt de sa liste aux dernières élections européennes.
Bref, les carottes semblent carbonisées pour celui qui s’était autoproclamé président à vie du FN. D’autant que son ancien bras droit a décidé de rompre avec la brebis galeuse. Michel Delacroix veut sortir le Front national du marécage du » férétisme « , selon ses propres termes. Le sénateur vient de créer un nouveau bureau politique. Il a été suivi par les élus wallons de son parti, ainsi que par Patrick Sessler, l’homme de main de Johan Demol (Vlaams Belang bruxellois). Toujours dépositaire du sigle FN, Féret a su garder quelques fidèles sous sa coupe. Plus pour longtemps peut-être… En effet, même s’il ne reconnaît pas le nouveau bureau, Patrick Cocriamont, seul député FN élu à la Chambre en juin dernier, prend ses distances avec le patron déchu du Front. Daniel Féret est donc de plus en plus seul dans son repaire du nord de la France.
Quant à Delacroix, il prend du galon au sein du FN. L’homme est sans doute plus dangereux que son ancien ami ( lire l’encadré), d’autant qu’il ambitionne de créer un grand parti populiste de droite. Il a aussi reçu le soutien officiel de Jean-Marie Le Pen, le patron d’un FN français déclinant. » Il faut le suivre de près, prévient Manuel Abramowicz du site antifasciste www.resistances.be. Même s’il arrive trop tard avec ses idées rassembleuses, il a su redonner espoir aux nombreux déçus de Féret. »
Pour l’instant, Delacroix est coincé par la mise sous tutelle judiciaire des finances de son parti. Mais il attend son heure pour prendre définitivement les rênes de la formation d’extrême droite. Bonne nouvelle pour lui : faute de marge de man£uvre législative pour la prolonger, le Parlement vient de lever la suspension de la dotation publique du FN qui courait depuis un mois.
Thierry Denoël
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