Le Boerenbond dans le viseur de Zuhal Demir
La ministre de l’Environnement commande un audit sur le feu vert accordé à des exploitations agricoles en code rouge pour pollution excessive. Le puissant lobby serait passé par là…
Zuhal Demir (N-VA) est saisie d’un doute. Elle croit détecter des «anomalies» dans le dossier politiquement explosif de la réduction de moitié, d’ici à 2030, des émissions excessives d’azote dégagées par l’agriculture flamande, dont elle a la charge.
Au cœur de la perplexité de la ministre, la «liste rouge» des entreprises condamnées à cesser leurs activités pour cause d’émissions polluantes excessives, cette liste devenue le sujet qui fâche au sein d’un gouvernement Jambon de moins en moins uni sur la mise en œuvre du «stikstofakkoord». Si la confection de la liste, passée de 135 noms en 2014 à 54 puis à 41, irrite CD&V et Open VLD qui suspectent Zuhal Demir d’avoir agi de façon un peu cavalière, la ministre de l’Environnement s’interroge, elle aussi. Ses soupçons se portent sur le rôle qu’a pu jouer le Boerenbond, le puissant lobby agricole proche du CD&V, dans la procédure administrative qui a permis à des exploitations classées sur la liste rouge d’être finalement autorisées à poursuivre voire à développer leurs activités.
Du rouge au vert
Il y a de ces avis négatifs devenus favorables, rendus par l’Agence régionale de la nature et des forêts (ANB), qui interpellent la ministre. Elle s’en est expliquée sans détour au parlement flamand: «Je dois bien constater les contacts directs entre l’ANB et le Boerenbond à propos de dossiers à nouveau autorisés en dépit de leur présence sur la liste rouge. Je dois bien reconnaître l’impression qui peut naître du fait qu’en dépit des signaux d’alarme qui auraient dû retentir au regard de la réglementation existante, la concertation entre l’ANB et le Boerenbond a mené à des évaluations favorables qui ont conduit des entreprises à recevoir des permis, en contradiction avec les règles alors en vigueur.»
De quoi justifier sa décision de commander un audit afin de passer à la loupe vingt-cinq dossiers dans lesquels l’ANB a pu donner son feu vert à des exploitations en code rouge. De quoi raviver un peu plus encore les crispations entre partenaires de la coalition N-VA – CD&V – Open VLD.
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