L’art de la renaissance
Stéphanie Blanchoud renaît sous le patronyme de Blanche via un mini-album enregistré à Los Angeles en compagnie du producteur de Jack Johnson. Attention : mélancolie tueuse…
» Jonny Polonsky, le guitariste de Johnny Cash, a débarqué en studio en connaissant toutes les grilles d’accords, le batteur Adam était génial et me disait qu’il adorait ma voix [sourire], bien sûr, c’est le style américain, mais cette expérience à Los Angeles au studio de Robert Carranza, producteur de Jack Johnson, m’a donné terriblement confiance en moi. J’ai été impressionnée de voir tout le monde au service de la musique, sans ego, sans discussion vaine… «
Blanche n’a pas oublié l’expérience californienne de l’automne 2011 et la quête d’une nouvelle peau musicale au-delà de l’Atlantique. L’EP de six titres, disponible en digital (1) et en CD à la sortie des concerts, est l’une des révélations francophones de l’année : on y (re)découvre le grain vocal exceptionnel de Stéphanie Blanche, son sens inné du spleen et une diététique musicale organique, loin des albums surchargés qui plombent souvent la chanson actuelle. Pour comprendre ces titres translucides qui semblent avoir inventé la mélancolie – sublime Ephémère – il faut regarder en arrière. Il y a presque sept ans, on accompagne la brune Stéphanie, dotée d’un premier album qui ramène à Barbara, aux Jeux de la francophonie à Niamey. La jeune femme y découvre les sensations de l’Afrique : » Au moindre mot qui le touchait, le public se levait. Depuis lors, l’Afrique n’a pas cessé d’être en moi. Chaque fois que j’y vais, au Mali, au Bénin, en Ethiopie, je me mets d’emblée dans le rythme, ayant l’impression d’arriver dans les livres pour enfants. »
L’enfance Blanchoud, en Brabant wallon, a comme BO Brel/Ferré côté père, photographe suisse reconverti en marchand de vin, Genesis/Bee Gees chez la maman, secrétaire. » Quand j’avais 9 ans, mes parents se sont séparés. Je me suis mise à créer des mondes, j’étais plutôt timide mais en scène, aux représentations de théâtre de l’école, je sentais quelque chose de physique en moi. «
Repartir en Amérique
Diplômée en 2003 en art dramatique et déclamation du Conservatoire de Bruxelles, Stéphanie a goûté à la musique et dissipé ses rêves d’ado, médecin humanitaire ou vétérinaire en brousse. Après l’album de la période Niamey, un autre plus rock suit en 2009 : » J’avais rencontré le violoncelliste Jean-François Assy (son compagnon pendant cinq ans) qui m’a emmenée vers des choses plus abstraites où je cassais l’image de la comédienne que je continuais à être, pour un résultat musical plus dense et noir. C’était le chemin obligé pour arriver à Blanche, nom choisi pour son côté cash, direct, clair. » Aujourd’hui affublée d’une nouvelle blondeur, la trentenaire (elle est née en 1981), n’attend qu’une chose : repartir en Amérique graver à nouveau ses sentiments avec la même équipe. Mais là, plus possible de recasser sa tirelire en finançant l’enregistrement, Blanche veut trouver un label supporter. Le talent est là, l’émotion affutée également, en attendant on peut la voir en concert ou dans les prestations Living Room où elle débarque chez vous avec son guitariste. Explications sur le site…
(1) www.blanche-music.com, on y trouve également les infos pour les prochains concerts, notamment le 28 septembre à la Ferme du Biéreau à Louvain-la-Neuve, le 23 octobre au CC de Dinant, le 27 au CC de Huy.
PHILIPPE CORNET
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