La dernière présidence

Dans moins d’un mois commencera la dernière présidence allemande de l’Union européenne avant… 2020 ; un an plus tard, commencera la dernière présidence française avant.. 2022 ! Pendant ces deux années, l’Europe fera face à des choix considérables. D’abord, l’Union devra mettre en £uvre, au 1er juillet 2007, la libéralisation totale de son marché de l’énergie, sans avoir installé d’instance commune de régulation. Ensuite, elle perdra ses rares instruments de gouvernance : le traité de Nice, avec ses mécanismes de vote de plus en plus complexes, cessera d’être en vigueur ; l’Europe n’aura toujours pas les moyens de définir et de mener une politique commune contre la criminalité ou contre le terrorisme, ni même de clause de défense mutuelle des Etats membres ; enfin, elle devra affronter la concurrence toujours plus acharnée des Etats-Unis, qui dévaluent leur monnaie, et des pays d’Asie, qui dévaluent leur travail.

Tout est en place pour que l’Union explose, au moment où elle fêtera le cinquantième anniversaire du traité de Rome, signé en mars 1957. Ni l’Allemagne ni la France ne semblent avoir d’ambitions continentales. La chancelière ne pense qu’à son pays en affirmant que l’énergie et la lutte contre le réchauffement climatique seront les priorités de sa présidence de l’Union : elle ne veut que préparer l’opinion allemande à un retour du nucléaire, malgré le contrat de coalition qui a confirmé la fermeture, d’ici à 2021, des centrales ; elle désire également préserver l’autonomie de la diplomatie énergétique allemande, si essentielle face aux Russes. La France, elle, ne se préoccupe pas de sa présidence communautaire, qui devrait être un point clef de l’élection présidentielle de 2007.

Les deux pays n’élaborent aucune initiative commune : il est loin, le temps où l’on parlait de fusionner les ambassades françaises et allemandes ou d’utiliser ensemble les réseaux des Alliances françaises ou des Instituts Goethe. Il est cependant vital, pour les deux pays, de définir une action commune, qui pourrait être entreprise après la présidentielle française, c’est-à-dire dans les dernières semaines de la présidence allemande. Elle devrait porter sur des sujets d’évidence : l’énergie et le climat, l’emploi et la recherche, la gouvernance et la défense. Mais qui peut en parler avec qui ? l

jacques attali

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