» La Corée du Nord ne nous inquiète pas « 

Avec 10,3 millions de smartphones écoulés ce premier trimestre, LG est parvenu a doubler son score de l’an passé sur la même période. Le géant n’a toutefois pas les moyens de Samsung (le numéro 1, qu’il talonne désormais en troisième place) en matière de recherche & développement et marketing. LG a donc l’habitude de guetter la sortie de phablettes et smartphones concurrents pour dégainer quelques mois plus tard une version plus performante, à l’image de son Optimus G Pro face au Samsung Galaxy Note 2. Malgré cette place d’éternel Poulidor, l’heure est à l’optimisme. Explications avec Won Kim, patron européen du marketing de la division mobile de LG.

Le Vif/L’Express : En fermant le site industriel de Kaesong, Pyong- yang a rompu le seul lien écono- mique qu’il lui restait avec la Corée du Sud. Les tensions entre les deux Corée, et la peur que ce conflit larvé engendre, ont-elles des conséquences concrètes ?

Won Kim : Absolument pas. Nous sommes bien plus inquiets lorsque Samsung essaye, par exemple, de s’installer au Vietnam. La Corée du Nord ne nous inquiète pas. Elle a besoin de nous et inversement. Nous vivons dans ce climat depuis plus de trente ans. La Corée du Nord ne peut pas déclencher une guerre contre nous ou la Chine. C’est impossible.

Financièrement, ce premier trimestre était favorable à LG, avec des résultats dopés par les bonnes ventes de smartphones qui ont endigué une chute des téléviseurs. LG prédit même une augmentation des ventes de 70 % pour ses téléphones en 2013. C’est plutôt ambitieux…

Face à nos concurrents, nous avons mis du temps à sauter sur la vague des Androphones. Mais depuis 2012, nous sommes sur la voie de la maturité, y compris en matière de mise à jour logicielle. La reconnaissance des distributeurs, des revendeurs et des clients est en outre sur le point d’être améliorée. La force de LG est d’être bien installé dans les produits électroniques grand public. Tous ces éléments vont soutenir notre division mobile.

Malgré un essoufflement sur le marché asiatique, des concurrents high-tech chinois comme Huawei, Haier et ZTE montent en Europe. La Chine va-t-elle concurrencer la Corée comme cette dernière l’a fait face au Japon ?

Dire que la force du Japon a migré en Corée et qu’elle pourrait un jour se déplacer en Chine est assez juste. Le mouvement est inévitable. La force d’un acteur comme Samsung ne vient pas de la fabrication ou de la recherche seules. Il y a aussi tout le marketing derrière et je me pose des questions sur les capacités qu’auront ces acteurs à mener de front ces divers aspects, vitaux.

Quelle est la différence entre la vision qu’ont Samsung et LG du marché des smartphones ?

(Rire gêné) Ce n’est pas facile pour nous de défier Samsung. Nous hésitons d’ailleurs à nous attaquer directement à Apple… En termes de volume, de portfolio ou d’investissement marketing, nous ne pouvons nous confronter à Samsung. Notre manière de pénétrer le marché doit donc être différente. Samsung a réussi à communiquer ses valeurs au marché mais LG n’a pas encore commencé. Ou pas encore été capable d’en parler. Nous avons probablement une manière de penser plus européenne, plus fragmentée que Samsung qui fonctionne comme les Américains : à la  » winner takes it all « .

Entretien : M.-H.T.

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