La bataille pour le guichet bancaire numérique
BNP Paribas Fortis va dévoiler sa première application de mobile banking spécifiquement conçue pour la tablette iPad. Elle relance du coup la compétition entre les quatre grandes banques du pays pour conquérir le guichet bancaire de demain.
Chaque nouvelle étude de marché atteste le succès impressionnant des tablettes numériques, dont plus de 300 000 exemplaires ont été écoulés en Belgique en 2011. Ce boom pose non seulement pas mal de souci aux fabricants de PC traditionnels (Acer vient d’annoncer des licenciements dans sa division Packard Bell dans le Benelux) mais redéfinit les règles du jeu dans pas mal de secteurs. Dont l’industrie financière. La tablette, utilisée majoritairement dans le confort douillet du living room, risque ni plus ni moins de s’imposer comme la future interface bancaire de référence, au détriment du PC » statique « . Elle est bien partie aussi pour détrôner les smartphones sur le marché encore embryonnaire du mobile banking et d’y donner dès lors un fameux coup d’accélérateur. Selon des chiffres communiqués par BNP Paribas Fortis, 60 % des transactions bancaires » mobiles » se feraient déjà sur tablette numérique (en majorité iPad mais les concurrents Android progressent vite) et le reste sur smartphones. Bref, les responsables technologiques des banques sont intimement convaincus que la tablette va devenir le canal d’e-banking préféré d’une tranche grandissante de la population, pour sa facilité d’utilisation essentiellement. Certains y voient même un moyen de convaincre les seniors, jusqu’ici un brin réfractaires à l’électronique.
S’il est peu probable qu’une banque gagne des clients grâce à une application de mobile banking, il est fort possible qu’elle en perde si elle ne fait rien ou se contente d’une application médiocre. C’est dans un tel contexte que BNP Paribas Fortis va lancer sur l’AppStore, à partir du 14 février, sa première application » native « , spécifiquement conçue pour l’environnement iPad. La banque franco-belge, pionnière en 2010 avec la première application de mobile banking pour GSM, espère ainsi regagner le terrain concédé à ING puis KBC ( voir tableau ci-contre) en matière d’applications spécifiques pour les tablettes.
Ergonomie revisitée
La démo à laquelle nous avons assisté apparaît en tout cas assez convaincante en termes d’ergonomie et de fonctionnalités. On notera notamment des graphiques permettant de visualiser l’historique des comptes, des possibilités de personnalisation de l’interface et la clarté d’une navigation organisée en quatre grandes catégories (comptes courants, comptes d’épargne, cartes de crédit et investissements).
BNP Paribas Fortis affirme également innover en permettant de créer deux profils sur une même tablette (utile pour l’usage partagé en famille ou un usage privé et professionnel). » Nous nous sommes vraiment concentrés sur l’expérience de l’utilisateur. Nous ne sommes pas partis de l’application »mobile banking » existante, mais avons tout développé à partir d’une feuille blanche « , explique Steve Deplacie, Direct channel innovation & projects chez BNP Paribas Fortis. La banque annonce une application dédiée à l’iPhone dans deux mois et une version pour Android (tablette et smartphone) mi-2012. » Ensuite, nous allons réexaminer l’interface Web PC-banking pour voir comment elle pourrait bénéficier des gains ergonomiques de ces nouveaux environnements « , anticipe Steve Deplacie. La tablette pousse donc les informaticiens à repenser toute leur approche de développement d’applications. Les développeurs de KBC, par exemple, s’inspirent davantage en termes d’ergonomie des leaders du gaming que de leurs concurrents bancaires.
Notre coup de sonde auprès des quatre banques principales confirme que le système d’exploitation Android, développé par Google et que l’on trouve notamment sur les tablettes et smartphones Samsung, commence à faire sérieusement de l’ombre à iOS, le » moteur » de l’iPad d’Apple. Les offres subsidiées de Belgacom pour le Samsung Galaxy n’y sont sans doute pas étrangères. » Quand nous avons lancé nos applications en novembre, le rapport était d’environ dix téléchargements sur iOS pour deux sur Android. Mais on se rapproche lentement du 50-50 « , confie Dirk Cuypers, general manager direct channels chez KBC Bank.
Par contre, n’en déplaise à Microsoft ou Nokia, aucune des quatres banques contactées n’a pour l’heure de projet spécifique pour Windows Phone, qui se verrait bien le troisième larron. » On regarde, mais il est encore trop tôt « , dit-on généralement.
OLIVIER FABES
» Nous avons tout développé à partir d’une feuille blanche «
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