Internet

Emmanuel Paquette Journaliste

Facebook, Groupon, Twitter… Les nouvelles stars de la Toile valent déjà des dizaines de milliards de dollars. Gare aux risques de surchauffe !

Il a gagné plus de 25 milliards de dollars en l’espace de quelques semaines. Pourtant, il n’a ni joué au Lotto, ni réalisé le casse du siècle. Mark Zuckerberg n’a rien eu à faire pour voir la valeur de sa société, Facebook, passer de 50 à 76 milliards de dollars sur le marché des placements privés. Autrement dit, davantage que la capitalisation boursière de Carrefour, Renault et PSA Peugeot Citroën réunis !

Le réseau social aux 600 millions de membres a réussi à séduire une foule de nouveaux amis chez les investisseurs. Tous s’arrachent ses titres et font flamber les prix. L’entreprise venait pourtant de lever 500 millions de dollars auprès de la banque d’affaires Goldman Sachs et du fonds russe Digital Sky Technologies. Mais cela n’aura manifestement pas suffi à satisfaire la demande. Désormais, les ventes de titres ne sont plus proposées qu’en dehors des Etats-Unis.

Le cas de Facebook est loin d’être isolé. La valorisation du site d’achat en commun Groupon a bondi de 303 % en six mois, et celle du service de micromessagerie Twitter, de 150 % (voir le tableau). Les financiers sont-ils devenus fous ?

 » Ces sociétés sont des leaders mondiaux « 

 » Ce à quoi nous assistons n’a rien à voir avec la bulle Internet des années 2000. Nous entrons dans une nouvelle ère grâce à l’accès au Web sur mobile et à l’émergence des réseaux sociaux. On ne peut pas parler d’excès « , estime Jean-Louis Gassée, à la tête du fonds Allegis Capital. Ainsi, selon les dernières indiscrétions, Facebook, fort d’un chiffre d’affaires de 1,8 milliard de dollars en 2010, tablerait sur 4 milliards cette année. D’ores et déjà, son bénéfice net (de l’ordre de 30 %) se compare à ceux de Google et Microsoft.  » Les valorisations sont impressionnantes mais elles peuvent se justifier. Ces sociétés sont leaders sur leur segment au niveau mondial. Qui plus est, leurs modèles économiques sont a priori éprouvés. Nous sommes bien loin de l’emballement, irrationnel et généralisé, caractéristique d’une bulle « , souligne pour sa part Philippe Collombel, dirigeant associé pour Partech International.

Pas de panique, donc. Rien de plus normal, en réalité, que le spécialiste des jeux en ligne Zynga, lancé voilà seulement quatre ans, pèse trois fois plus que le français Ubisoft. Ou que Groupon ait refusé une offre de rachat de 6 milliards de dollars émanant de Google. Ses dirigeants estiment que leur site vaut beaucoup plus, jusqu’à 15 milliards !

Des voix discordantes se font pourtant entendre. Après tout, chaque membre de Facebook ne lui rapporte que 3 dollars par an. C’est peu.  » Il y a une bulle « , met en garde Bernard Liautaud. Pour cet associé du fonds Balderton Capital,  » Facebook est valorisé plus de 37 fois son chiffre d’affaires, quand le multiple de Google n’est que de 6. Tout cela n’est pas rationnel « .

Cet engouement fait au moins des heureux : les propriétaires de ces jeunes entreprises. En faisant appel à des fonds privés, ils repoussent l’introduction en Bourse de leurs sociétés, évitant ainsi l’obligation de publier leurs comptes. Une stratégie qui inquiète les autorités boursières. Une enquête vient d’être ouverte pour vérifier si ces firmes sont contrôlées par moins de 500 actionnaires. Dans le cas contraire, leur cotation serait obligatoire. C’est ce qui arriva, en son temps, à un certain moteur de recherche créé par deux jeunes étudiants de Stanford, valorisé aujourd’hui plus de 200 milliards de dollars : Google.

EMMANUEL PAQUETTE

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