Il était une fois, le Rossignol

Philippe Cornet Journaliste musique

Quand un conte d’Andersen est mis en scène sonore par le comédien Charlie Dupont, avec la participation de Cécile de France, il en découle une jolie tranche de belgitude audio.

« J’ai voulu faire un travail qui puisse à la fois être entendu par les enfants et leurs parents, un peu dans l’esprit de double lecture de Pixar. C’est un peu pour cela qu’on est venu me chercher : on dit de moi que j’ai du second degré, que j’ai perdu le premier.  » Charlie Dupont, que l’on rencontre dans les quartiers BD d’un resto ucclois, est ravi. Il peut l’être : Le Rossignol, qui sort ce 3 octobre, mérite bien son qualificatif d’aventure sonore. Le pitch du conte danois paru en 1843 est connu : un monarque dés£uvré tombe amoureux d’un divin chant d’oiseau et se laisse convaincre qu’il serait possible de remplacer la bébête par son équivalent mécanique poudré de diamants. Qui, évidemment, ne tiendra pas la route.

 » La version flamande a cartonné, 100 000 copies vendues d’un livre audio alors qu’on pensait le genre mort ou tout au moins moribond. Les producteurs flamands de La Maison du Son ont pensé que je pouvais être l’interface avec une ironie francophone, ils m’ont laissé carte blanche « , explique Dupont devant sa salade Caesar. De fait, le casting joue parfaitement le second degré : l’Empereur (Christian Hecq) est fat, pompeux et magistralement ridicule, le précieux Grand Chambellan est magnifié par Guillaume Gallienne, flanqué d’un pédant accent britannique. La cerise sur le Rossignol tient dans la présence de Cécile de France en narratrice : sa voix limpide enrobe le récit, le guide avec fluidité et précision dans les méandres d’un mélo vite drôle. Sur l’actrice belge, Dupont est volubile :  » Il y a des starifications usurpées mais Cécile a le talent et le travail des grands. On a d’ailleurs enregistré dans sa maison aux environs de Paris, avec son mari ingénieur du son, qui y a installé son Abbey Road des années 2012. Cécile venait d’accoucher et allait faire un conte pour enfants, bon timing, même si dans cette production elle est davantage cousine que maman. « 

Le travail sonore de Dupont bénéficie dès le départ, du cadre de l’enregistrement flamand d’origine, qui mixe parfaitement les sons d’ambiance en tout genre et des mélodies finaudes, comme ce rap de l’hippopotame du meilleur effet. Avec un décalage indubitablement belge :  » Nous ne sommes plus les blondes des blagues françaises, précise Charlie. Notre second degré leur donne envie, notre décontraction également.  » Le plaisir est à la fois dans le théâtre de l’interprétation et dans son finaud emballage.  » Cela ramène à l’époque où la radio pratiquait couramment la création sonore. Aujourd’hui, on est bouffé par la télé, l’accélération et la digestion de l’information, mais il reste des plages de résistance sonore, je pense que ce Rossignol en fait partie. Je savais que je pourrais exécuter ce travail, je ne savais pas qu’il me donnerait autant de plaisir. « 

Franchement, nous non plus. L’objet charmera autant les adultes que leur progéniture. Si pas davantage…

Livre audio + CD, distribué par Ballon Media.

PHILIPPE CORNET

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