© MICHEL VERLINDEN

Hans De Wolf

A l’heure où l’art contemporain se cherche de nouveaux formats d’exposition, loin des galeries et des foires, l’historien de l’art Hans De Wolf signe Paradise Project, une proposition en forme d’antidote à la rigidité culturelle. Logée dans l’ancienne caserne Fritz Toussaint (le site d’occupation temporaire de See U), cette exposition atypique fait se croiser les imaginaires de plasticiens – Joëlle Tuerlinckx, Honoré d’O, Frank Theys, Jef Geys… – et de scientifiques.

Paradise Project noue approches universitaire et artistique. Pouvez-vous expliquer?

Il me semble que la recherche soit le meilleur outil pour accompagner l’art. Depuis toujours, la création artistique s’est tenue loin des systèmes globalisants. Pour le dire plus simplement, l’art n’a rien à voir avec la vérité et, à mes yeux, l’approche universitaire intelligente, consciente des enjeux, sait qu’elle est toujours en chemin, que les conclusions auxquelles elle parvient sont provisoires. Il me semble qu’il existe donc une affinité profonde entre ces deux domaines de connaissance. Encadrées par les chercheurs, les oeuvres peuvent laisser éclater leur dimension plurielle inépuisable. L’art sème le doute, il nous met en insécurité. Par conséquent, la rencontre avec les scientifiques est imprévisible. Elle peut déboucher sur l’amour mais aussi sur le conflit.

La première salle, signée Honoré d’O, est remarquable. On entre dans une véritable grotte. Elle résulte d’échanges entre l’artiste et l’archéologue Marc De Bie…

J’ai demandé à un scientifique très positiviste, Marc De Bie, de nous accompagner, Honoré d’O et moi, au fil d’un voyage dans le temps aux sources de la créativité humaine. Cela nous a menés à l’abri du Poisson, un site préhistorique en Dordogne. Il nous a semblé que le poisson qui y est sculpté en bas-relief était le sommet de l’expression artistique. L’installation est à comprendre comme une célébration de ce saumon souriant. Nous nous sommes accordés sur le fait que c’était la preuve que l’homme avait le talent pour être heureux. Il faut s’en souvenir aujourd’hui.

L’exposition entend-elle délivrer un message relatif à la crise sanitaire que nous traversons?

Nous traversons une période difficile, mais cette pandémie nous a montré à quel point les artistes sont importants. Nous avons besoin d’eux pour entrevoir de nouvelles perspectives.

Au See U, à Bruxelles, jusqu’au 1er octobre.

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