Flahaut veut faire tomber l’orange-bleue

Ils n’en font pas un mystère : MR et CDH souhaitent rempiler pour six ans. André Flahaut abat sa dernière cartouche dans la quête d’un maïorat. Le socialiste entend réaliser un gros score et redistribuer les cartes. En 2006, un accord préélectoral est bien tombé à l’eau dans la nuit des élections. Alors, pourquoi pas en 2012 ?

En termes de bilan, par rapport à la précédente législature, c’est comme comparer une tarte al djote froide et chaude.  » Le bon mot est de Pierre Huart, bourgmestre MR de Nivelles depuis 2006. Après une législature 2000-2006 plombée par les conflits entre socialistes et libéraux, la majorité MR-CDH a permis à la cité aclote de retrouver un peu de sérénité. Un attelage qui ne fait d’ailleurs pas de mystère de ses intentions : l’objectif est de repartir ensemble pour six ans. Aucun accord électoral n’est toutefois signé.

Mais à Nivelles, on sait que les envies ne se concrétisent pas toujours. Demandez donc à André Flahaut. Depuis 2006, l’homme fort du PS brabançon ressasse le mauvais tour que lui a joué le CDH lors des dernières communales. Après ses échecs à Walhain et à Wavre, il se voyait enfin enfiler l’écharpe maïorale. C’était sans compter sur l’infidélité des humanistes.  » Ils négociaient avec le MR dans notre dos alors qu’ils nous juraient le contraire « , grommellent toujours les socialistes.  » Si la majorité était trop courte, ce qui était le cas, il était convenu dans l’accord d’appeler Ecolo. Cela n’a pas été fait « , répond le CDH. Une situation qui aurait de toute façon abouti à une impasse puisque Ecolo, fort d’un accord avec le MR à la province du Brabant wallon, avait accepté de porter les libéraux au pouvoir à Nivelles.

Cette fois, le président de la Chambre n’entend pas se faire doubler. Il se lance en quelque sorte dans un baroud d’honneur de sa quête maïorale. A l’ancienne, puisque, faute de gros moyens – 1 621 euros seulement par candidat -, il s’est résolu à arpenter les rues, avec son équipe, pour remplir les 14 000 boîtes aux lettres de l’entité.  » Une manière de compenser son manque de présence à Nivelles pendant six ans « , raille un de ses adversaires. Un seul parti ramasse toutes les critiques dès que l’ancien ministre de la Défense frappe à la porte des habitants : le CDH.  » Ils n’ont rien fait pendant toute la législature, explique André Flahaut, épargnant le MR… Dans le domaine de la culture, de la santé, des finances, du sport et du commerce [NDLR : toutes des matières gérées par le CDH], c’est largement insuffisant. D’un niveau en dessous de zéro. Pour le reste, il faut reconnaître que de bonnes choses ont été réalisées telle que la Grand-Place. Même si la mobilité et le stationnement restent un calvaire dans le centre. « 

 » L’image de Nivelles a changé « 

Ah, cette Grand-Place. La fierté de la majorité. Sa rénovation lui a flanqué un sacré coup de jeune. Fini d’avoir un rond-point géant en plein centre-ville. La collégiale Sainte-Gertrude a été mise en valeur. Les piétons peuvent déambuler à leur aise. Quant au secteur horeca, ses terrasses n’ont jamais été si exposées et fréquentées.  » La Grand-Place a amené de la convivialité, se réjouit Pierre Huart. C’est une vraie réussite. Il faut encore néanmoins dynamiser ses activités et améliorer la signalisation des parkings. Pour le reste, nous avons insufflé une nouvelle dynamique. Les Nivellois sont à nouveau fiers de leur ville. L’image a changé. C’est ma plus grande satisfaction. « 

Du côté d’Ecolo, le conseiller sortant Pascal Rigot entend mener les verts au pouvoir. Le député fédéral Marcel Cheron pousse la liste, mais ne souhaite plus siéger.  » La Grand-Place est une réussite, de même que la revalorisation du patrimoine, reconnaît Pascal Rigot. Par contre, la politique culturelle et la gestion du dossier de la réouverture de l’ancien cinéma sont calamiteuses. L’action sociale a, quant à elle, été plombée par des conflits de personnes. Le défi pour la prochaine législature est d’assurer la transition écologique de Nivelles. La population a connu une forte croissance. Il faut que les services suivent maintenant. « 

Pour le CDH, le contrat avec les Nivellois a été respecté.  » On a mené à bien pratiquement tous les dossiers, résume l’échevin Etienne Laurent, tête de liste. La situation financière est bonne. Il faudra poursuivre le même niveau d’investissements. « 

Le FDF et le MLD arrivent

Une chose est sûre : la future majorité devra se retrousser les manches car les défis sont nombreux. On peut citer le réaménagement du parc de la Dodaine, la valorisation du patrimoine (Recollet, hôtel de ville, musée), l’amélioration de la mobilité dans le centre-ville, la redynamisation des activités autour de la Grand-Place ou encore la valorisation touristique de Nivelles.  » Ce qui est capital, c’est d’avoir des relais à d’autres niveaux de pouvoir pour faire avancer les dossiers importants, tente de séduire André Flahaut. Toutes les grandes villes voisines ont un moteur politique… « 

Parviendra-t-il pour autant à faire tomber l’orange-bleue ? Le PS devra compter sur un sérieux sursaut d’Ecolo pour arriver au pouvoir.  » Les alliances MR-PS seront favorisées en Wallonie, souffle ce libéral bien placé. Mais Huart et Flahaut ne travailleront jamais ensemble. Le scénario le plus probable est de voir le MR et le CDH repartir pour six ans.  » Plusieurs changements sont à noter et pourraient perturber le déroulement de cette élection. Deux nouvelles listes font leur apparition : le FDF et le MLD (lire ci-dessous). Elles vont grappiller des voix. Le MLD a néanmoins réussi la gageure, en quelques mois, de faire l’unanimité contre lui. Il n’a donc aucune chance d’intégrer une majorité. Autre élément : il y aura deux sièges en plus au conseil communal et un échevin de moins. Pour ce dernier, si la majorité est reconduite, le CDH se verra amputer d’un strapontin scabinal. Il faut dire que les humanistes avaient tapé haut lors des négociations de 2006 : 4 échevins pour 4 élus. Quant aux sièges supplémentaires, ils pourraient jouer un rôle de trouble-fête.

XAVIER ATTOUT

Les deux sièges supplémentaires au conseil communal pourraient jouer les trouble-fête

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