Félix et Médor vous coûtent- ils un os ?
Nourriture, éducation, entre- tien, assurances, soins de santé… A combien s’élève réellement le budget d’un animal de compagnie ?
Selon l’Institut national de statistique, 1 254 726 chiens et 1 734 974 chats étaient recensés en Belgique, en 2001. Plus de 23 % des ménages comptaient un toutou et 24% un matou. Environ trois millions, donc, de petits compagnons à éduquer, nourrir, loger, assurer… Car, comme l’oublient parfois certains maîtres, leurs amis à quatre pattes réclament un budget annuel important. Un coût souvent sous-estimé, qui explique, en partie, pourquoi tant d’animaux sont abandonnés. Avant d’en acquérir un, mieux vaut donc soupeser les investissements en temps et en argent…
Prix d’achat. Le prix d’un chien ou d’un chat de race va osciller entre 300 et 1 000 euros, en moyenne. Plus cher encore si on recherche une future star des concours. En revanche, si l’on opte pour un animal provenant d’un refuge – ce que l’on ne peut que conseiller -, la facture avoisinera les 50 euros pour un chat et les 100 ou 150 euros pour un canidé. En principe, l’animal vendu ou placé aura reçu ses premiers vaccins et sera tatoué ou muni d’une puce électronique. Sinon, une visite chez le vétérinaire s’impose. » Depuis 1998, précise Michel de Bilderling, vétérinaire, tous les chiens belges doivent être identifiés. Pour les chats, cela dépend des communes. Il convient aussi de faire vacciner et examiner son compagnon. On prévoit souvent trois consultations pour un chiot et deux pour un chaton, la première année. Ensuite, un rappel des vaccins par an suffit. Le montant, par visite, avoisine les 50 euros. »
Chère nourriture. Point suivant, le plus important du budget, la nourriture. On évalue à peu près à 1euro par jour le coût alimentaire d’un chien de 20 kilos, à condition qu’il consomme des aliments industriels secs. Un budget qui sera largement plus élevé si on y additionne tous les extras (os, bonbons et autres friandises) ou si on achète une alimentation haut de gamme. Foisonnent, en effet, sur le marché croquettes antitartre, boîtes light pour seniors, aliments pour jeunes et petits chiens… Selon une étude Nielsen citée par Master Foods, 63.300 tonnes de nourriture pour chiens et 79 000 tonnes pour chats ont été écoulées, en Belgique, en 2001, pour un montant de 240 millions d’euros ! Un marché florissant qui, selon les spécialistes, offre encore de belles perspectives de développement.
En témoigne Michel Zajusz, directeur de la chaîne Tom & Co : » La moyenne d’achat de nos clients a connu une hausse de 5 % par rapport à 2002. Pour l’ensemble de nos magasins, elle se situe à 17 euros par visite. Outre le matériel de base (panier, collier, laisse…), les maîtres achètent des produits répondant aux besoins journaliers de leurs animaux domestiques (litière, nourriture…) mais aussi des articles non alimentaires, fun ou émotionnels. Décembre, le mois des cadeaux, est d’ailleurs l’un des meilleurs au niveau des ventes « .
Côté santé. Si Figaro et Mirza tombent malades ou sont victimes d’un accident, la note des soins de santé risque d’être plus salée que les 50 euros annuels de visite chez le vétérinaire. Surtout s’il faut consulter un spécialiste. Les animaux, aussi, commencent à avoir droit à leurs spécialistes et certains soins sont plus coûteux : radiologie, chirurgie, etc. Sans oublier la nouvelle tendance, le comportementalisme, qui essaie de traiter des problèmes de personnalité canine ou féline » déviante « . » Soigner un chien souffrant de troubles agressifs ou phobiques durera, en moyenne, de six à douze mois et nécessitera un traitement médicamenteux. Au total, ce type de thérapie pourrait coûter aux alentours de 450 euros « , estime, par exemple, Joël Dehasse, vétérinaire comportementaliste, et auteur du livre Le chien qui vous convient (éd. Le Jour).
Bien assuré. En cas d’incident (accident, morsure…), il est également préférable d’être assuré pour les dégâts que pourrait occasionner l’animal. Comme le souligne Guy Adant, avocat spécialisé en droit animalier et président de la Croix Bleue de Belgique, » l’article 1385 du code civil prévoit que le propriétaire d’un animal, ou celui qui s’en sert pendant qu’il est à son usage, est responsable du dommage que l’animal a causé, soit que l’animal fut sous sa garde, soit qu’il fut égaré ou se fut échappé. Autrement dit, le maître a intérêt à bien vérifier que son assurance de responsabilité civile familiale (RC) interviendra en cas de dommages causés par son animal et dans quelles limites : montant de la franchise, nombre d’animaux couverts, conditions… « . Cette assurance, au coût annuel très supportable, est d’ailleurs vivement conseillée, même si l’on n’a pas de toutou à demeure.
Voyages. A ne pas oublier non plus, les frais d’entretien, d’éducation et, durant les vacances, de gardiennage ou de transport. Reste, aussi, à prévoir l’ultime voyage du compagnon, car il est interdit d’enterrer son animal de compagnie dans son jardin. Plusieurs crématoriums et cimetières leur sont désormais réservés. Même des pompes funèbres. » Je réponds à environ 120 demandes par mois, chiens et chats confondus. 85 % d’entre elles concernent des incinérations collectives, relève Patrick Pendville, directeur des pompes funèbres animalières Animatrans. Environ 11 % des crémations individuelles et le reste, des empaillages. Les inhumations, plus coûteuses, sont peu fréquentes. Contrairement aux idées reçues, ma clientèle ne se compose pas que de seniors. De temps en temps, je reçois des requêtes originales. Comme cette dame qui refusait de se séparer de son chat et qui m’a prié d’en tanner la peau pour en faire un chapeau. »
Rapport coût/bénéfice. A cette longue liste de frais, il faut ajouter ceux que l’on oublie, comme une utilisation accrue de l’aspirateur et de la lessiveuse, voire quelques dégâts intérieurs. Mais, et voilà qui tempérera une approche un peu comptable, les bénéfices que retirent les propriétaires d’animaux de compagnie ont été largement prouvés. Deux études, réalisées en Australie et en Allemagne, démontrent que les propriétaires de chiens et de chats consultent moins leur médecin, séjournent moins longtemps dans les hôpitaux et consomment moins de médicaments pour le c£ur, et moins de tranquillisants. L’amour d’un animal ferait un bien fou au moral et, comme on dit, ça n’a pas de prix… Allisson Lefevre
Allisson Lefevere
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