Extraordinaires
Peu habituée aux collaborations entre stars, la BD franco-belge s’offre un album-événement de Blake et Mortimer façonné par François Schuiten, Jaco Van Dormael, Thomas Gunzig et Laurent Durieux. Le premier – et le seul – qui sort la série de ses rails, sans trahison aucune.
B y Jove ! Pour les éditions Dargaud, propriétaires des éditions Blake et Mortimer, si ce n’est pas le coup de l’année, c’est celui du siècle : associer, sur la couverture de la série la plus bankable de son catalogue (avec 26 albums et près de 20 millions d’exemplaires écoulés), le nom de Edgar P. Jacobs à ceux de François Schuiten, Jaco Van Dormael, Thomas Gunzig ( lire son récit page 84) et Laurent Durieux, c’est un coup à vous faire passer la Dream Team et les Avengers pour des équipes de petits bras ! Un casting aux allures de supergroup qui va à coup sûr affoler les compteurs, les séances de dédicaces et les événements dédiés (lire l’encadré page 83), et susciter de l’intérêt bien au-delà des frontières déjà larges du lectorat habituel de la série, créée en 1946 par Edgar P. Jacobs dans le journal Tintin. Or, cette formidable idée marketing – » depuis des années, l’éditeur Yves Schlirf me parlait de faire un Blake et Mortimer, de manière très précise et volontaire « , explique François Schuiten – a aussi le bon goût de secouer artistiquement le cocotier de la saga : outre de s’écarter très clairement et pour la première fois de la graphie de Jacobs jusque-là scrupuleusement respectée par les repreneurs successifs de la série, Schuiten et ses complices se permettent aussi, avec Le Dernier Pharaon, de faire sortir les deux personnages principaux de leurs sacro-saintes années 1950 : les voilà à Bruxelles aujourd’hui (ou plutôt demain, dans une ville bientôt désertée avec en son coeur, un palais de justice où les éternels échafaudages sont devenus une énorme cage de Faraday), désormais vieux, amers et à peine copains ! Un exercice de style fusionnant les univers parfois parallèles de Jacobs et Schuiten, qui aura demandé quatre ans de travail, et un mélange étonnant d’audace, de fraîcheur et de respect de l’oeuvre. Quant au casting et à la tournée promo à laquelle tous vont se plier à un rythme de rocks stars, François Schuiten s’en amuse, suivi de Jaco Van Dormael et des autres : » Il faut rester modeste dans les proportions : peut-être des rock stars belges ? »
On a tous tenté d’être le plus respectueux possible des fondamentaux de Jacobs.
Amateurs professionnels
» Il a vraiment fallu qu’un ensemble de phénomènes se mettent en place pour que ce projet voie le jour « , signale l’auteur des Cités Obscures dont on reconnaît immédiatement le trait et l’univers dans Le Dernier Pharaon : un trait presque réaliste, des ambiances de ville désertée, un intérêt évident pour l’architecture et l’approche plastique… » Pendant longtemps, je ne voyais pas… Et puis, on a retrouvé une ébauche de scénario de Jacobs dans un de ses carnets, évoquant le palais de justice de Bruxelles, et un rayonnement qui s’en échappait, capable d’éteindre toutes les radios et tous les postes de télé. Or, ce bâtiment me fascine depuis longtemps, je fais partie de la fondation Poelaert (NDLR : Joseph Poelart, 1817 – 1879, est l’architecte du palais de justice de Bruxelles). Et par ailleurs, je travaille aussi sur le projet ScanPyramids, une technologie qui doit permettre de cartographier l’intérieur des pyramides égyptiennes. J’en ai parlé à Jaco, qui en parlé à Thomas. Ça a très vite fonctionné entre nous, et Laurent nous a rejoints. Tout s’est alors mis en place, de façon très simple, très organique. Et en essayant tous les quatre d’être le plus respectueux possible non pas du style de Jacobs, mais de ses fondamentaux : son rapport à la science et son goût du fantastique, très présent à ses débuts. »
Jaco Van Dormael, réalisateur de cinéma ( Toto le héros, Le Tout Nouveau Testament) devenu scénariste BD, enchaîne : » Quand François m’a demandé si je connaissais quelqu’un qui pouvait l’aider, j’ai dit : « Moi, avec mon copain Thomas », parce que je sais qu’à deux, on se rattrape toujours sur la glace. Et qu’il y a toujours quelque chose d’intéressant dans le fait de ne pas savoir, de ne pas manier les codes d’une pratique : cela oblige à inventer des choses un peu différentes. Je m’étais déjà rendu compte des difficultés que représente l’écriture BD en travaillant sur deux adaptations cinéma qui n’ont jamais abouti : Silence de Comès, et Tintin au Tibet.
» Moi-même je me méfie des réalisateurs qui aiment la BD, avoue François Schuiten. Quand Lelouch ou Beineix font des scénarios de BD, c’est à pleurer de honte, complètement à côté de la plaque. Mais Jaco aime le dessin, il le comprend, et on se comprend. » » On a beaucoup travaillé en direct, sans jamais écrire un scénario classique, complète Thomas Gunzig. Et on s’est vus pendant des mois avant que François ne se mette vraiment à dessiner. Ce fut très organique, on ne voulait pas que ce soit ultrascénarisé à en devenir prévisible et ennuyeux. » Une » fraîcheur » qui tenait très à coeur à François Schuiten : » Ce ne sont pas des fans hardcore de la série, on a tous abordés ça avec envie, plaisir, sans calculer, idem pour Laurent, qui n’est pas à proprement parler coloriste mais qui y a passé un an. » Lequel conclut : » On aimait tous cette idée qu’il s’agisse d’un projet unique, qui n’a de sens qu’une seule fois, en un seul tome. Quelque chose de rare, un peu précieux, qu’on a tous abordé comme des amateurs professionnels. «
Carré d’as
François Schuiten (dessin et scénario). Né en 1956 à Bruxelles, Grand Prix d’Angoulême en 2002 pour l’ensemble de son oeuvre (dont Les Cités obscures avec Benoît Peeters), actif dans de multiples autres domaines, Schuiten est un monument du 9e art, dont le dernier album ( La Douce), datait déjà de 2012. Il devient un intime de Jaco Van Dormael après avoir travaillé à la conception visuelle de son film Mister Nobody.
Jaco Van Dormael (scénario). Né en 1957 à Bruxelles, il est avec les frères Dardenne le cinéaste belge le plus connu à l’international. Ses films comme Le Huitième Jour ou Toto le héros ont été récompensés à Cannes et aux César. C’est en vacances que François Schuiten lui propose de travailler sur Blake et Mortimer. Ce qu’il se propose de faire avec son complice Thomas Gunzig, scénariste du Tout Nouveau Testament avec Benoît Poelvoorde, mais aussi des spectacles Kiss & Cry et Cold Blood que Jaco Van Dormael a mis en scène avec sa compagne Michèle Anne De Mey.
Thomas Gunzig (scénario). Né en 1970 à Bruxelles, il reçoit dès 1994 le prix de l’Ecrivain étudiant de la ville, avant de s’essayer à pratiquement toutes les manières de raconter des histoires : romans, livres jeunesse, théâtre, cinéma, télévision, chroniques radio… Ne lui manquait que la BD (bien qu’il existe une excellente adaptation de son roman Manuel de survie à l’usage des incapables). Son prochain roman, Feel Good, sortira lui à la fin de l’été aux éditions Au Diable Vauvert.
Laurent Durieux (couleurs). Moins connu du très grand public, cet affichiste, illustrateur et graphiste est, dans son rayon, la plus grande star d’entre tous : les tirages limités de ses affiches de films s’arrachent partout dans le monde – il compte ainsi Steven Spielberg ou Francis Ford Coppola parmi ses fans. Laurent Durieux avait déjà travaillé à de nombreuses reprises avec François Schuiten sur la composition d’illustrations et de visuels.
Blake et Mortimer, Arts et Métiers
La sortie du Dernier Pharaon s’accompagne d’un nombre impressionnant d’expositions et d’événements consacrés à Blake et Mortimer. Dont ScientiFiction au Musée des arts et métiers, à Paris, qui présentera 200 planches originales de Jacobs.
La franchise Blake et Mortimer prend encore une nouvelle dimension avec cet album one shot de Schuiten et son all star band, à la fois événementielle (une nouveauté unique en son genre), et patrimoniale, qui remet en avant l’énorme influence qu’aura eue Edgar P. Jacobs sur les auteurs et créateurs nés après lui. Un patrimoine artistique qui, ces derniers mois, avait plutôt fait les gros titres des rubriques faits divers : entre 100 et 200 planches originales de Jacobs auraient été vendues » sous le manteau » depuis sa mort en 1987, pour un montant qui avoisinerait les 20 millions d’euros (deux inculpations ont déjà été prononcées dans ce dossier franco-belge).
Honneur d’abord aux planches et auteurs du Dernier Pharaon, qui se partagent dès aujourd’hui entre deux expositions bruxelloises – l’une à la Maison Autrique que Schuiten connaît bien, l’autre à la galerie Champaka, sous la forme d’une exposition-vente. Une exposition des planches originales de cet album hors norme est également prévue en septembre au Centre Wallonie-Bruxelles de Paris, avec d’ici là une tournée impressionnante de conférences et de signatures des auteurs. Précisons aussi que les amateurs auront plus d’un album à s’offrir et faire signer : outre une édition » classique » et déjà classieuse, Le Dernier Pharaon bénéficie d’une édition dans un demi-format à l’italienne plus chère mais plus fidèle encore aux grands formats de François Schuiten ; une édition » bibliophile en noir et blanc » est, elle, déjà programmée pour le mois de novembre prochain.
Jacobs le visionnaire
Mais c’est pourtant aux racines de l’oeuvre que se consacre le plus ambitieux des événements labellisés Blake et Mortimer, programmé dès le 26 juin au Musée des arts et métiers, à Paris : l’exposition, pour la première fois depuis la mort de leur auteur, de 200 de ses originaux, dédiés pour l’essentiel à la science et au progrès. Un événement orchestré par le journaliste Thierry Bellefroid, en collaboration avec la fondation Roi Baudouin – fondation qui a récemment récupéré la gestion du patrimoine maltraité de l’oeuvre de Jacobs (on parle ici de plus de 700 planches originales pour autant de dessins divers).
Edgar P. Jacobs avait le don d’anticiper les progrès de la science et d’interroger son époque et ses contemporains sur ce qu’ils en faisaient – un thème et des questions qui continuent de traverser Le Dernier Pharaon, avec des réponses hélas bien différentes de celles des fifties de Jacobs… Son aura de visionnaire passionné de technique (révolution aéronautique dans Le Secret de l’Espadon, androïdes et parthénogenèse dans Les 3 formules du Professeur Sato, montre connectée dans Le Piège diabolique) s’exprimera dans un choix de 100 planches, renouvelé à la mi-temps de l’exposition, planches elles-mêmes entourées d’une centaine d’objets scientifiques, parfois exceptionnels, puisés dans les énormes réserves du musée.
Le Dernier Pharaon : à la Maison Autrique, à Bruxelles, jusqu’au 19 janvier 2020.
Exposition-vente Blake et Mortimer – Le Dernier Pharaon : à la galerie Champaka, à Bruxelles, jusqu’au 8 juin.
Notre Blake et Mortimer
L’auteur, chroniqueur, écrivain et désormais scénariste de BD raconte en exclusivité pour Le Vif/L’Express, comment il s’est retrouvé embarqué dans l’aventure de ce Blake et Mortimer.
Je me souviens très bien du jour où j’ai lu mon premier Blake et Mortimer : j’avais 10 ans, j’avais accompagné mes parents dans un grand magasin où se trouvait un rayon bande dessinée. Et c’est dans ce rayon bande dessinée que j’avais vu la plus belle chose du monde. C’était une couverture, une couverture qui représentait un homme en tenue de cosmonaute poursuivi par une foule moyenâgeuse. Dans le fond de l’image, il y avait un tyrannosaure luttant contre une sorte d’iguanodon ; dans un ciel en feu, il y avait des soucoupes volantes et, au-dessus de tout ça, planait une sphère étrange d’où s’échappaient de mystérieux éclairs. Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’il y avait rassemblé là tout ce que j’aimais. Mes parents m’avaient acheté la BD, je l’avais lue dans la voiture, je l’avais relue chez moi, je l’avais relue plusieurs fois sur la semaine, une fois par jour en rentrant de l’école, chaque fois avec le même émerveillement.
A ce moment-là, je ne savais pas qui était E. P. Jacobs. Je ne savais même pas que Blake et Mortimer était une série qui existait depuis 1946, tout ce que je savais, c’était que c’était la meilleure histoire que j’avais lue dans toute ma vie.
Plus tard, j’allais découvrir le reste : Le Secret de l’Espadon, Le Mystère de la grande pyramide, L’Enigme de l’Atlantide… Ce que je ne savais pas, c’est que la lecture de ces Blake et Mortimer (qui occupaient la place d’honneur dans la petite bibliothèque de ma chambre) était en train d’enrichir mon imaginaire d’enfant et puis d’adolescent d’une manière déterminante. J’aurais pu devenir cuisinier, mécanicien, fleuriste ou je ne sais quoi, mais la lecture des aventures de Blake et Mortimer m’a donné envie de raconter des histoires.
Ce que je ne savais pas non plus, à ce moment de mon enfance, c’est qu’un événement hautement improbable allait se produire plusieurs dizaines d’années plus tard : on allait me proposer de participer à l’écriture d’un Blake et Mortimer.
Test et idées générales
C’est Jaco Van Dormael qui m’a passé le coup de fil. Il m’a proposé ça avec le détachement et le calme qui le caractérisent, c’était comme s’il m’avait demandé de passer chez lui pour prendre un café.
J’ai dit oui.
Sans hésiter.
Evidemment.
Mais pour faire partie de cette aventure, je devais passer un test. Un test d’autant plus difficile que je ne savais pas qu’il s’agissait d’un test : je devais rencontrer celui qui serait le maître d’oeuvre du projet, François Schuiten.
A ce moment, François Schuiten avait son atelier tout en haut d’une immense maison. Il fallait monter un nombre interminable d’étages avant de se trouver face à lui, qui est aussi très grand et qui a, comme toujours, à ses côtés, un grand chien noir.
A ce moment, on ne se connaissait pas, on s’était juste croisés une fois ou deux et il me regardait avec circonspection, comme si j’étais un vendeur de voitures d’occasion qui allait essayer de le rouler dans la farine. Il m’avait expliqué à quel point il aimait Jacobs, il avait parlé de Bruxelles, du palais de justice, et pendant qu’il parlait, des images se formaient dans ma tête, c’est comme ça que ça se passe en général : des images qui se forment dans votre tête – s’il n’y a pas d’images, c’est que le boulot n’est pas pour vous. Avec Jaco et François, tout en haut de cette grande maison, sous l’oeil noir du chien noir, nous avons parlé longtemps, des idées générales sont rapidement apparues : une ville vidée de ses habitants (pourquoi ? comment ?), un mystère lié au palais de justice (lequel ?), la nécessité pour Mortimer (et Blake ?) de se rendre sur place (mais pourquoi ? ).
Je ne sais pas ce qui s’est passé dans l’esprit de François, mais il a estimé que j’avais réussi le test, nous allions travailler à trois.
Travail en direct
Ecrire un scénario, c’est comme construire un moyen de transport, jamais le même, pour aller dans un lieu qu’on ne connaît pas en transportant des choses dont on ne connaît pas la nature.
Je me suis mis à réfléchir : je me suis documenté sur les pseudo-sciences des réseaux d’ondes telluriques, j’en ai parlé à Jaco et à François. Ça leur parlait bien. Et comme ça leur parlait, le vrai travail a pu commencer.
D’habitude, quand on fait un scénario, on l’écrit et quand il est écrit, on le tourne. Avec François, c’était différent. François aime travailler en direct. Travailler en direct, ça veut dire qu’on se met autour d’une table – sur la table il pose ses grandes feuilles, ses crayons, ses gommes, ses ciseaux, son tube de colle et, avec Jaco, on lui raconte l’histoire et lui, il la dessine.
Observer François dessiner en direct une histoire qu’on raconte, c’est quelque chose d’incroyablement fascinant, c’est comme observer un magicien faisant un tour. On dit : » Un cerf se promène dans la neige, place de la Bourse » et François, en un instant, matérialise le cerf, la neige, la Bourse. On dit : » Une aurore boréale apparaît dans le ciel au-dessus du palais de justice » et voilà l’aurore, le palais et toute une ambiance de mystère qui apparaît en quelques traits.
Mais en matière de magie, ce n’est pas tout : parce que non content de dessiner avec virtuosité ce que nous lui racontions, François avait la capacité de parler en même temps. Il complétait notre histoire, il nous expliquait comment il envisageait la planche dans son ensemble (son équilibre, la façon dont les cases communiquent les unes avec les autres), il nous posait des questions, il rejetait les idées qui ne lui plaisaient pas, proposait des idées nouvelles. A ce jour, je n’ai toujours pas compris comment un humain est capable d’articuler des idées complexes, parfois des mots d’esprit et de tracer en même temps des dessins d’une telle perfection.
Avec Jaco et François, on s’est vus comme ça pendant près de trois ans. Pendant ces trois années, les planches s’accumulaient : on déplaçait des choses, on faisait évoluer l’histoire en ayant comme souci principal que ce soit » une bonne histoire qu’on aurait envie de lire « . On discutait beaucoup : de la structure générale du récit, de points techniques (quelle est l’accélération sur une distance donnée d’une locomotive » Type 12 » ? A quelle vitesse vole un pigeon ? Comment fonctionne une presse hydraulique ? …) et d’une quantité invraisemblable de points de détails qui tous, évidemment, avaient leur importance. Nous avons visité plusieurs fois le palais de justice et, lors de ces visites, j’ai pu admirer l’inconscience de François qui, après être passé par une fenêtre et bravant les interdits, grimpait sur les statues se trouvant juste sous le dôme, à près de cent mètres d’altitude.
Et puis Laurent Durieux est arrivé.
Laurent Durieux est bien plus qu’un simple » coloriste « . Laurent Durieux est avant tout un graphiste de génie dont le talent a séduit des gens comme Francis Ford Coppola ou Steven Spielberg. Et c’est aussi le type le plus charmant du monde. Bref, Laurent est venu mettre un peu de sa magie dans les pages dessinées par François.
En noir et blanc, les pages étaient vraiment sublimes ; les couleurs de Laurent les ont purement et simplement ensorcelées.
François et Laurent ont travaillé comme ça encore toute une année. Page à page, case par case, trait par trait.
C’était un travail colossal.
Et puis, un beau jour, François nous a invités chez lui.
Il y avait un grand classeur en carton sur sa table de travail.
Et une bouteille de champagne.
C’était terminé.
A ce moment, je crois que nous avons tous eu le sentiment d’avoir bâti une grande pyramide.
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