Encore une victoire US ?
Les Belges ne semblent pas prêts à abandonner leur portemonnaie en cuir. L’arrivée dans notre pays de Paypal, leader mondial du paiement électronique, pourrait donner un coup de fouet à ce marché.
Le GSM est devenu un véritable couteau suisse. Et depuis deux ans, diverses initiatives existent pour le transformer en terminal de paiement. Elles émanent de sociétés spécialisées dans les portemonnaies électroniques comme Tunz, d’opérateurs télécoms et/ou de banques (BNP Paribas Fortis a annoncé le lancement d’un Belgian Mobile Wallet, avec Belgacom, courant 2014) et de spécialistes de la monétique comme AtosWordline (fournisseur de Bancontact/MisterCash). Pas mal de bonnes intentions donc, mais une mise en pratique plutôt lente, de surcroît ralentie par l’échec de négociations entre les opérateurs télécoms et le secteur financier, incapables de s’entendre sur des standards.
» Les commerçants ont du mal à s’y retrouver dans une offre très fragmentée et tardent donc à franchir le pas. Du côté des consommateurs, les paiements mobiles se limitent pour l’heure essentiellement à des produits virtuels : de la musique sur iTunes, des applications ou jeux sur AppStore ou Android Market « , observe Ulrich Seldeslachts, administrateur délégué de LSEC, une association européenne, basée à Louvain, spécialisée notamment dans la sécurité informatique et les technologies mobiles. Car payer avec son smartphone chez le marchand du coin (réel ou virtuel) s’avère plus compliqué. La grande difficulté est donc de trouver le bon équilibre entre simplicité d’utilisation et sécurité.
L’e-commerce belge en plein rattrapage
C’est dans ce contexte que Paypal (filiale d’eBay) ouvre un bureau à Bruxelles. Une dizaine de personnes y travaillent, des lobbyistes et des commerciaux. Le moment est propice, d’après le directeur général Pieter Vanermen : » L’e-commerce belge est en plein mouvement de rattrapage. La croissance y est désormais plus élevée que dans les pays voisins. Beaucoup de boutiques en ligne sont à la recherche d’un moyen de paiement simple et fiable, qui leur ouvre des portes internationales. » Paypal a vu transiter 145 milliards de dollars de transactions en 2012 (environ le total des ventes d’iPhone ces cinq dernières années !). Quatorze milliards ont été payés à partir d’un téléphone mobile contre quatre en 2011. » Et, assure Pieter Vanermen, ce n’est qu’un début. »
Paypal explique son succès par sa simplicité : il suffit de lier son compte virtuel Paypal à un » vrai » compte en banque, généralement par le biais d’une carte de crédit. Avantages : vous ne communiquez jamais votre numéro de carte et ne devez pas valider l’achat au moyen d’un digipass ou autre. Paypal affirme endosser tout risque de fraude. Le principal désavantage ? Le coût relativement élevé pour le vendeur (jusqu’à 3,4 % de commission sur la vente + 0,35 cent par transaction). Ce qui n’a pas empêché la firme de convaincre Brussels Airlines, Vandenborre ou vente-exclusive.com.
Ulrich Seldeslachts termine par un constat autant qu’une mise en garde : » Les principaux systèmes de paiement international sont dirigés par des Américains : MasterCard, Visa et maintenant Paypal pour le Web. L’Europe a intérêt à supporter ses propres systèmes de paiement mobile si elle ne veut pas qu’on lui impose des standards au niveau local. Sur ce terrain, la Belgique, jadis pionnière en matière de systèmes de paiement, a certainement une carte à jouer. »
Olivier Fabes
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