Duel d’écoles d’élite
La » business school » flamande Vlerick vient d’inaugurer un surprenant campus urbain, à côté de la place Rogier, à Bruxelles. La francophone Solvay est piquée au vif…
S’il y a un type d’enseignement à Bruxelles qu’on ne peut pas taxer de délabré, c’est celui qui se trouve au sommet de la pyramide : les très sélectives écoles de commerce (jusqu’à 30 000 euros l’année pour un » master in business administration « ) qui forment les élites de notre économie.
En complément de ses campus de Louvain, Gand et Saint-Pétersbourg, la Vlerick School vient d’inaugurer un campus urbain de 4 800 m² sur deux étages de la tour Manhattan, dans le quartier Rogier. L’institution a investi 5,7 millions dans une infrastructure hypermoderne : amphithéâtres modulables, tableaux numériques intelligents, écrans vidéo connectés à l’Internet, mobilier multicolore design, billards et sofas moelleux… Le cool de la Silicon Valley avec une touche new-yorkaise. Détail amusant : il y a même une porte qui donne directement sur le Sheraton voisin. Un environnement classe, qui doit faire oublier le site de prestige convoité dans un premier temps par la Vlerick : la Bourse de Bruxelles. Un projet poliment refusé par le bourgmestre, Freddy Thielemans, grand ami de l’ULB…
Quoi qu’il en soit, l’arrivée de la Vlerick, véritable vivier de grands patrons flamands, dans la capitale de l’Europe, de la Belgique et de la… Flandre, crée une nouvelle dynamique : » Nous étions mondialement connus en… Flandre « , ironise le doyen Philippe Hespeslagh qui reconnaît que l’école de commerce a trop longtemps snobé Bruxelles comme » marque » mondialement connue, siège européen de nombreuses multinationales et repère important d’expatriés. » Une ville comme Barcelone classe quatre business schools dans le top 20 européen. Pourquoi une ville comme Bruxelles ne pourrait-elle pas disposer d’au moins deux écoles renommées ? Cela a des retombées positives pour l’économie. » La Vlerick mise notamment sur son campus bruxellois pour la formation spécifique de managers qui ont des responsabilités Emea (Europe, Moyen-Orient et Asie).
Réponse du berger à la bergère
Philippe Hespeslagh minimise la concurrence avec Solvay, limitée selon lui aux seuls programmes MBA. L’Ichec joue dans une catégorie juste en dessous. » La spécialité historique de Solvay, ce sont les masters en cours du jour, ce que nous ne faisons pas. Et puis, nous n’allons jamais donner de cours en français. » Le contraire aurait étonné… Piqué au vif, Bruno Van Pottelsberghe, le doyen de Solvay, ne partage pas la même analyse : » Il est vrai qu’une partie importante de nos activités, la plus significative en termes d’étudiants, est composée de bacheliers et masters subventionnés où Vlerick n’est pas présente. Mais pour tout le reste, les formations « postgraduate » en anglais non subventionnées, nous sommes en concurrence directe. » La réponse du berger à la bergère n’a d’ailleurs pas tardé : » Dès septembre, nous lançons cinq nouveaux masters spécialisés d’un an (NDLR : une des forces de Vlerick) et nous inaugurons un MBA commun avec Ponts et Chaussées à Paris. »
Il y a quelques années, Solvay avait proposé le même type d’alliance à Vlerick, sans suite… Il y avait une certaine logique : chaque business school revendique déjà environ 15 % d’étudiants de l’autre Communauté. En fin de compte, le premier gagnant de cette nouvelle rivalité exacerbée est sans doute le » jeune loup » du business.
Olivier Fabes
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