Selon l'avocat de Lucien D'Onofrio, ce sont des fonds saisis dans une autre affaire, puis restitués par la justice belge (OCSC), qui ont permis à son client de payer la villa d'Alain Mathot. © belga image/photonews

D’Onofrio, banquier de Mathot

Le Vif

L’ex-homme fort du Standard a payé la villa en Thaïlande de l’ex-député socialiste.

En mai 2019, Le Vif et Apache dévoilaient l’achat, par Alain Mathot, d’une luxueuse villa en Thaïlande, sur l’île de Koh Samui. La justice liégeoise avait ouvert, 18 mois plus tôt, une instruction judiciaire pour blanchiment, confiée au juge Frenay. Alain Mathot, alors député fédéral et bourgmestre de Seraing (PS), avait acquis la villa pour près d’un demi-million d’euros. Il s’était fait perquisitionner fin janvier 2019. Le président de la Chambre, Siegfried Bracke (N-VA), était présent le jour de la perquisition mais, étrangement, les «meilleurs ennemis» du PS n’avaient rien fait fuiter…

Pour acquérir la villa, il fallait acheter la société thaïlandaise Caraf Company qui détenait la propriété. La signature de la convention pour l’achat des parts de Caraf a eu lieu en juin 2016 à Estepona, à trente kilomètres à l’ouest de Marbella (Costa del Sol). Mais ensuite, ce n’est pas Alain Mathot qui a payé les 472 500 euros que réclamait le couple britannique, propriétaire de la maison, pour cette acquisition. Face aux enquêteurs, l’ex-homme fort de Seraing avait évoqué un mystérieux ami à qui il aurait emprunté les fonds. Le Vif et Apache peuvent aujourd’hui dévoiler qu’il s’agit de Lucien D’Onofrio, l’ex-homme fort du Standard de Liège (1998-2011) et ex-vice-président du Royal Antwerp Football Club (2017-2021).

La défense de D’Onofrio a fourni aux enquêteurs des extraits de comptes bancaires suisses qui tendraient à montrer que les fonds ayant servi à l’acquisition de la villa ne sont pas occultes. En remontant un étrange carrousel (voir infographie), ces fonds proviendraient de l’Organe central pour la saisie et la confiscation (OCSC) du SPF Justice.

En clair, dans le cadre du mégadossier judiciaire sur le Standard de Liège ouvert en 2003, les fonds d’une société-écran néerlandaise de D’Onofrio, Kick International, avaient été saisis. Cet argent avait ensuite été confié à l’OCSC, «coffre-fort» pour les avoirs saisis. Mais après que Lucien D’Onofrio et ses sociétés – dont Kick – ont signé une transaction pénale avec le parquet, mi-2015, et payé plus de 1,5 million d’euros pour éteindre les poursuites pour blanchiment à leur encontre, l’OCSC a rétrocédé les fonds saisis (3,4 millions d’euros) à Kick sur son compte suisse à Lugano.

C’est une partie de cet argent qui, après avoir bizarrement transité sur le compte suisse de Mondial Services (une autre offshore de D’Onofrio, enregistrée au Panama), se serait retrouvé sur le compte suisse personnel de Lucien D’Onofrio. Compte à partir duquel 472 500 euros ont été virés, le 11 juillet 2016, aux époux Fisher, les vendeurs… Ainsi, l’argent «blanchi» par l’OCSC qu’a fait circuler D’Onofrio d’une société à l’autre on ne sait pour quelles raisons économiques aurait en quelque sorte «purifié» l’intégralité des fonds figurant sur ces trois comptes ouverts à la Corner Banca de Lugano…

Cette thèse sera-t-elle retenue par le parquet de Liège, qui a reçu le dossier d’instruction en juin 2021 mais n’a pas encore eu le temps de se pencher dessus? Il entend en tout cas «prendre attitude par rapport au dossier d’ici au printemps 2023». En clair: demander des devoirs d’enquête complémentaires, ou tracer son réquisitoire – de non-lieu ou de renvoi en correctionnelle – pour débattre en chambre du conseil de la suite du dossier.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire