De la suite dans les idées
Plus sombre, plus physique, le troisième épisode de Mission : Impossible est sans doute le plus prenant d’une saga d’espionnage au succès confirmé
Mon premier était un film d’espionnage spectaculaire et brillamment réalisé. Mon second, une fantaisie d’action joliment chorégraphiée mais manquant de pouvoir captivant. Mon troisième est un thriller haletant, avec un méchant petit grain de folie destructrice et un suspense efficace. Mon tout fait une saga d’agents secrets bien plus excitante que les derniers épisodes d’un James Bond en manque d’imagination.
A Brian De Palma et John Woo succède donc aujourd’hui, à la mise en scène des aventures de l’agent secret Ethan Hunt, un J.J. Abrams que les téléphages connaissent pour être le co-créateur et producteur exécutif de trois séries majeures du petit écran : Alias, Lost et Felicity. Avec lui, c’est un peu comme si la télévision de fiction contemporaine revisitait celle des années 1960, dont le feuilleton original fut un des fleurons. David Fincher, le réalisateur de Se7en, ayant renoncé à réaliser le film pour se consacrer à des projets plus personnels, Abrams a donc relevé le défi du passage au grand écran, avec une réussite qui n’est pas sans rappeler celle d’un Michael Mann ayant jadis conquis Hollywood, fort du triomphe de sa série Miami Vice ( Deux flics à Miami).
L’anecdote de M : I : III (comme est surnommé Mission : Impossible III) est certes mince, qui voit le héros joué par Tom Cruise épouser une jeune doctoresse à laquelle il cache bien sûr la vraie nature de ses activités professionnelles. Un métier d’agent secret qui, bien évidemment, ne manquera pas de menacer sa vie privée lorsqu’un très méchant trafiquant (joué par Philip Seymour Hoffman), qu’il a osé défier, s’en prendra à sa femme pour accomplir sa vengeance… Sur fond de vente d’une arme aussi mystérieuse que terrifiante, nous ne sommes pas loin des formules » jamesbondiennes » les plus éculées. Et si le scénario n’est pas avare en rebondissements, il n’en est pas vraiment inventif pour autant, se contentant de déplacer l’action des Etats-Unis à Shanghai, en passant par Berlin et le Vatican. Mais si l’on se retrouve ainsi dans une mécanique à la Bond, les nouvelles aventures d’Ethan Hunt laissent loin derrière elles les plus récents exploits de l’agent 007. Et c’est la réalisation qui fait la différence, avec une nervosité, une rapidité, des rugosités parfois que J.J. Abrams importe en direct de la manière de Lost, sa série fétiche. Tom Cruise, nettement plus sollicité sur les plans athlétique et dramatique, relève bien le défi, face à un excellent Philip Seymour Hoffman (tout récemment oscari- sé pour Truman Capote) qui se délecte de son personnage de salopard intégral. Une – petite – touche de critique sur certaine politique extérieure américaine apporte un piment final à un bon spectacle de genre qui tient le spectateur en haleine jusqu’au bout.
Louis Danvers
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