Data centers, les usines du XXIe siècle

Ils consomment déjà près de 2 % de l’électricité mondiale et leur expansion est proportionnelle à celle des réseaux virtuels, du cloud computing et de l’Internet mobile. Comment freiner la consommation très énergivore des centres de données ?

Les data centers sont les véritables points névralgiques des Apple, Google, Facebook, Twitter, Amazon ou même la  » vieille  » IBM. C’est là, sur des centaines de milliers de serveurs, que sont stockées les applications et les données de clients – particuliers comme entreprises – adeptes plus ou moins forcés du  » cloud computing « .

Outre les défis sécuritaires qui donnent aux centres de données des allures de Fort Knox, ces usines du XXIe siècle sont l’objet d’enjeux environnementaux majeurs, les plus gros d’entre eux requérant jusqu’à 100 MW de puissance, l’équivalent d’une ville de 80 000 habitants. Une énergie pas toujours aussi verte que l’image que se donnent ses utilisateurs. Greenpeace pointait récemment un anachronisme dérangeant : des marques aussi à la pointe du progrès que Facebook ou Apple alimentent leurs centres de données en électricité provenant de centrales au charbon… très XIXe siècle. L’ONG environnementale reconnaît que le secteur informatique a fait des efforts en matière d’efficacité énergétique, mais réclame surtout des standards de classification  » verts  » transparents, incluant la source d’énergie, pour espérer rendre plus propre une industrie des data centers dont la consommation électrique augmente d’au moins 12 % chaque année…

 » Des progrès ont été réalisés et sont encore à faire, notamment dans la mise en £uvre de systèmes de gestion de l’énergie pour utiliser au mieux les ordinateurs disponibles. Mais ce ne sera jamais suffisant. Les entreprises utilisatrices des data centers sont encore trop peu conscientes de l’énergie qu’elles consomment. On manque de systèmes de mesure « , observe Ben De Clercq, responsable pour le Benelux chez APC (groupe Schneider Electric), un fournisseur de systèmes électriques.

Belgacom, le poids lourd du secteur en Belgique, suit ces questions de près. Et pour cause : ses trois centres de données, avec une consommation d’environ 110 GWh par an engloutissent pas moins d’un quart de la facture d’électricité totale de l’entreprise. Une facture que l’opérateur entend bien garder sous contrôle.  » Depuis 2009, nous sommes particulièrement attentifs à améliorer notre efficacité énergétique, en particulier à travers des systèmes de refroidissement plus efficaces « , indique Frank Foulon, responsable des data centers de Belgacom. Le montant des investissements reste secret, mais pas les objectifs :  » En deux ans, nous avons diminué notre consommation d’électricité de support [NDLR : nécessaire au refroidissement des salles, au contrôle d’accès, etc.] de 15 %. Notre objectif est de la faire encore diminuer de 10 à 15 %.  » Greenpeace sera heureuse d’apprendre que les data centers de Belgacom fonctionnent à l’électricité verte, fournie par Electrabel (par le mécanisme des certificats verts).

C’est également le cas de l’électricité utilisée par le gros centre de données de Google (100 000 serveurs supposés) à Ghlin, près de Mons. Ce data center serait un modèle mondial en matière d’efficacité énergétique, notamment en raison du système de refroidissement alimenté par le canal voisin, mais Google n’a pas souhaité donner plus de détails. Preuve s’il en est que la question énergétique est hautement stratégique.

OLIVIER FABES

Apple construit aux Etats-Unis un data center qui nécessite 100 MW de puissance, autant qu’une ville de 80 000 habitants

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