Comment BMW est devenu le n°1 des ventes en Belgique: rencontre avec son nouveau patron
Pour la deuxième année consécutive, BMW est la marque automobile la plus vendue dans notre pays. C’est remarquable car la Belgique n’est pas un pays de millionnaires. Pour le tout nouveau dirigeant de BMW Belux, le défi est de rester en tête du classement. C’est plus facile à dire qu’à faire.
Décrocher la première place est difficile, s’y maintenir l’est encore beaucoup plus. En ce sens, Alexander Wehr (51 ans) fait face à un défi de taille. Le manager allemand est président et CEO de BMW Belux depuis le 1er juillet 2022 et parle déjà pas mal le néerlandais et le français. «J’ai travaillé pour BMW dans différents pays du monde au cours des 25 dernières années et j’ai toujours mis un point d’honneur à parler la langue locale. C’est ma façon de faire preuve de respect pour mes employés et mes clients. Mais j’ajouterais immédiatement que le néerlandais n’est pas la langue la plus facile à apprendre. Il est plus difficile que le français. Mais une difficulté ne m’a jamais arrêté, je suis persévérant.»
Un pays, deux communautés
La glace est brisée. Alexander Wehr raconte en détail l’accueil chaleureux qu’il a reçu et le caractère spécifique de la Belgique, difficile à comprendre pour les étrangers. «La Belgique est un seul pays mais elle compte deux communautés très différentes qui, heureusement, cohabitent pacifiquement. Sur les plans politique et économique également, il existe de grandes différences entre la Flandre et la Wallonie. Comme beaucoup d’expatriés, je vis à Bruxelles, qui est un phénomène en soi, avec une multitude et une grande diversité de cultures. La capitale de l’Europe est un méli-mélo de personnes et de religions et a de quoi plaire à tout le monde, ce que je vis personnellement comme une richesse. Dans mon précédent emploi, j’étais responsable de la région Amérique latine au départ du Mexique, et je voyageais en avion d’un endroit à l’autre. En Belgique, les distances sont beaucoup plus courtes et je peux de nouveau conduire de manière détendue. Pour autant que je parte tôt et que je rentre tard, dans mon métier, c’est le quotidien. En parlant de quotidien, j’apprécie votre cuisine. Quelle variété de plats et de saveurs, et quel savoir-faire!»
Une stratégie claire
Comment il compte garder la première place? «BMW possède une image très forte et a des modèles bien adaptés au marché. Nous vivons dans un monde en pleine transition, avec des progrès technolo- giques qui ne connaissent ni limites ni frontières et qui exigent du monde des affaires une flexibilité et une créativité énormes. Dans le même temps, nous sommes confrontés à la progression du changement climatique et à une évolution géopolitique défavorable. Ces deux phénomènes m’inquiètent et nécessitent une approche réfléchie et vigoureuse. En raison également du monde de l’automobile, où nous devons être conscients que les rapports de force mondiaux d’aujourd’hui sont différents de ceux d’hier et de ceux de demain. Il y a vingt ans, l’Europe et les constructeurs automobiles européens donnaient le ton et l’Allemagne était le plus grand marché de BMW. Puis c’est devenu l’Amérique et maintenant c’est la Chine. Nous y travaillons parfaitement bien avec des partenaires locaux, nous y disposons de nos propres usines et y réalisons une partie non négligeable de nos bénéfices. La Chine est notre principal partenaire commercial. Nous soutenons le libre- échange mondial et un système politique démo- cratique. Par ailleurs, nous nous efforçons de créer une société plus durable ; une chaîne de production climatiquement neutre y contribue. Dans cette perspective, l’électrification n’est pas une fin en soi mais un moyen de maintenir notre planète vivable pour les générations futures. Ici aussi, la perspicacité, la vision et une stratégie claire sont nécessaires et BMW garde toutes les options technologiques ouvertes. BMW est un acteur mondial et l’Europe n’est pas le monde.»
«Quoi qu’il en soit, BMW est armée pour l’avenir, offrant à la fois de l’essence et du diesel, de l’hybride et du tout électrique. Elle produit même un petit nombre de voitures-témoins fonctionnant à l’hydrogène pour voir si nous pouvons devenir commercialement actifs dans ce créneau également. En fait, nous travaillons sur commande, ce sont nos clients qui décident de ce que nous produisons. Selon l’endroit où ils vivent, ils font un choix différent. En Belgique, plus de la moitié d’entre eux choisissent déjà une voiture électrifiée, mais l’infrastructure de recharge reste un défi majeur si nous voulons poursuivre l’électrification.
Outre l’électrification, nous investissons massivement dans la durabilité dans de nombreux autres domaines. Il suffit de penser au label «Réparer durablement» que nous avons été le seul fabricant en Belgique à obtenir pour tous nos concessionnaires. Tout cela s’inscrit dans notre objectif de devenir une entreprise neutre sur le plan climatique d’ici à 2050.»
Un choix délibéré
«Une part importante de notre succès réside dans notre partenariat avec nos concessionnaires. En Belgique, nous avons vendu nos propres garages et la vente au détail est entre les mains de concessionnaires indépendants. Ils connaissent mieux que quiconque le marché local et sont particulièrement motivés pour offrir à leurs clients le meilleur service possible. Le fait que BMW soit numéro un en Belgique n’y est pas étranger non plus. Croyez-moi, à Munich, les initiatives prises en Belgique sont suivies de très près. Le marché belge n’est pas le plus grand, mais il est à la pointe dans de nombreux domaines.»
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