Comme des CHAMPIGNONS

Michel Verlinden Journaliste

Année chargée du côté des musées, entre ouvertures en cascade et clonages à la pelle. La culture ? Un marché – et un spectacle – comme les autres.

Pour les naïfs qui en doutaient encore, 2010 aura confirmé une évidence: la culture est bien un divertissement comme un autre. Un divertissement qui n’échappe pas au joug des diktats économiques actuels: gain de parts de marché, réduction des coûts, maximalisation des profits… Depuis le début de l’année écoulée, on a pu assister à des ouvertures en cascade témoignant de l’irrépressible besoin de la chose culturelle d’occuper le devant de la scène médiatique dans un contexte où un concert ou un nouveau film sont considérés comme une potentielle concurrence. La recette éprouvée consiste à faire appel à un architecte réputé et à ne lésiner ni sur les effets de manche, ni sur les mètres carrés. C’est le Museum Folkwang d’Essen qui a ouvert le bal en janvier. Cette institution datant de 1899 a inauguré un nouveau bâtiment signé par le Britannique David Chipperfield. Quelques semaines plus tard, au tour du Design Museum d’Holon, en Israël, de créer l’événement. Quelque 3 600 mètres carrés logés dans une impressionnante architecture coiffée d’un n£ud de rubans de métal dont on doit les contours à Ron Arad. Fast forward jusqu’en mai, mois qui a vu l’inauguration du très attendu Maxxi de Rome. On ne reviendra pas sur cet ovni de béton touché par le doigt de Zaha Hadid. Au même moment, le musée de la Photographie contemporaine de Stockholm ouvre ses portes. A ces morceaux choisis, on ajoutera le nouveau Musée national de Monaco – inauguré en juillet – ainsi que le Macro, musée d’Art contemporain de Rome, et le LaM de Lille, espace culturel abritant la plus grande collection d’art brut de France.

Impossible de ne pas évoquer un autre fait marquant de 2010: l’inauguration le 12 mai du Centre Pompidou de Metz. Conçue par l’architecte japonais Shigeru Ban, cette perle architecturale confirme une autre lame de fond, celle qui pousse les musées à se dupliquer aux quatre coins du monde. A la manière des chaînes de magasins internationales, les musées occupent le terrain en franchisant à tout crin. Dans la famille, on avait déjà eu droit à l’exportation fructueuse du musée de l’Hermitage de Saint-Pétersbourg à Amsterdam et au Guggenheim à Bilbao. On attend de voir ce que vont prochainement donner les ouvertures du Louvre-Lens, celle, en plein désert, du Louvre d’Abu-Dhabi, ainsi que le futur Victoria & Albert Museum de Dundee.

MICHEL VERLINDEN

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