Circulez, y a tout à manger !

Michel Verlinden Journaliste

Food trucks, restaurants éphémères, cantines take-away… plus que jamais, l’heure est au nomadisme alimentaire.

L’ époque a des fourmis dans les jambes. Pour séduire les consommateurs-zappeurs, aujourd’hui tout se doit d’être mobile : de la téléphonie aux musées – Beaubourg proposant un Centre Pompidou Mobile qui va à la rencontre des publics -, en passant par la musique qui est désormais disponible gratuitement partout (Spotify).  » Faut que ça bouge ! « , un nouveau diktat que de nombreux acteurs de la gastronomie ont compris. À l’heure du pique-nique urbain et de la prolifération d’accessoires ad hoc – gourdes munies de filtres, kits  » déjeuner en plein air  » ou capsules d’huiles essentielles  » détox  » à visser sur les bouteilles d’eau en plastique… -, des pans entiers de l’alimentation s’inscrivent dans le mouv’.

De l’Ouest vient la nouveauté, c’est donc New York qui donne le ton de cette folie de l’itinérance avec le buzz qui s’est créé autour des food trucks (6.). Ces camions- restaurants sont la dernière trouvaille de jeunes chefs soucieux d’échapper au très dissuasif prix du mètre carré à Manhattan. Signe particulier ? Plutôt que d’envoyer vite fait une nourriture sans âme, ces restaurants montés sur pneumatiques fignolent des préparations saines et raffinées – celles-ci sont d’ailleurs consacrées par les Vendy Awards, une cérémonie annuelle qui désigne le  » best of  » de la cuisine ambulante. Parmi les concepts les plus marquants de l’année écoulée, impossible de ne pas mentionner Rouge Tomate (3.) – enseigne bruxelloise implantée à New York – qui a décliné un étonnant Food cart durant tout l’été. Soit une échoppe mobile 100 % green qui propose une version à emporter des plats étoilés qui sont à la carte de ce restaurant situé sur la 60e, entre la Fifth et Madison Avenue. Outre l’élan diététique, une autre raison du succès des  » food trucks  » est à chercher du côté des réseaux sociaux qui permettent de suivre en temps réel l’itinéraire de son camion fétiche. Le tout pour un petit goût de  » délices d’initié  » supplémentaire.

Directement lié à l’engouement pour le nomadisme, l’éphémère est également furieusement tendance. Les grandes marques l’ont bien compris qui imaginent des cambuses  » pop-up  » ultraprisées par les citadins qui bougent. On pense aux champagnes Krug (1.) qui, début décembre, ont investi un immeuble en construction de Paris pour en faire pendant huit jours un restaurant ambiancé par Arnaud Lallement, chef doublement étoilé de l’Assiette Champenoise. Chez nous, il y a quelques mois de cela, Sang-Hoon Degeimbre – L’Air du Temps – et Bart De Pooter – De Pastorale – se sont relayés derrière les fourneaux de The Cube (5.), une structure éphémère plantée au sommet du Cinquantenaire, à Bruxelles, sous l’impulsion de la marque d’électroménager Electrolux. Cette dernière remet d’ailleurs le couvert dès février prochain avec Tram Experience (7.), un concept de tram épuré dans lequel les convives pourront apprécier une cuisine belge préparée par des chefs étoilés dans le cadre de l’année de la gastronomie.

Des projets plus modestes – mais pas moins intéressants – existent également. Ainsi de Laurent Halleux, un Liégeois qui a entrepris de redorer le blason des baraques à frites, patrimoine national de street food en péril.  » Je trouvais dommage que leur image manque de glamour « , explique-t-il. Pour y remédier, il imagine La Frite (2.), une friterie mobile au look noir savamment étudié. Conçu pour les évènements privés, cette baraque 2.0 donne dans la patate de haut vol.  » Le client choisit son type d’huile, graisse de b£uf, huilé végétale ou huile d’olive, mais également la taille des frites… jusqu’aux sels que nous aromatisons nous-mêmes, citron-romarin, thé noir et jasmin… « , précise le fondateur qui compense son empreinte carbone en replantant des arbres au Niger via l’association Tree-Nation. À Bruxelles, le goût pour le nomadisme a récemment culminé avec l’ouverture de Hopdog (4.), enseigne qui revisite le hot dog de façon créative et itinérante… vu l’exiguïté du lieu. Éphémère le nomadisme ? Peut-être, en tout cas 2012 restera dans le ton.

MICHEL VERLINDEN

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