Christine and the Queens
Sortie américaine, critique dithyrambique et cote de 8.0 sur Pitchfork, le site de référence de la presse musicale numérique. Concerts dans des salles parmi les plus mythiques du pays cher à l’Oncle Sam (avec Marina and the Diamonds). 2015 ne fut pas qu’en France (une tournée des Zéniths, cinq nominations et deux récompenses aux Victoires de la Musique), l’année de Christine and the Queens. Qu’on aime ou pas la pop qui tache de la Nantaise, son succès reflète, après celui de Stromae (un full Madison Square Garden) et d’une Melanie De Biasio (louange du Guardian et de Mojo, playlist de la BBC), la plus que bonne tenue de la scène européenne sur le marché de l’exportation. Les Allemands de Milky Chance et la Bretonne Yelle sont invités à Coachella, des tonnes de Français (Turzi, JC Satan, Forever Pavot…) jouent à la Liverpool Psych Fest… Qualité artistique/succès public/reconnaissance critique (biffez les mentions inutiles) : l’hégémonie anglo-saxonne semble tout doucement battue en brèche.
Conséquence d’un travail important sur son image, esprit d’ouverture nouveau sur des marchés réputés hermétiques ? » Il y a de plus en plus de festivals, de lieux de concerts. Mais tout le monde ne peut pas se payer des méga têtes d’affiche américaines, analyse Damien Waselle, le boss de Pias Belgique. Il est donc intéressant pour le marché européen d’avoir ses propres groupes phares. »
Des groupes auxquels festivals, programmes et bureaux d’export apportent leur soutien. » Prenez des événements comme Eurosonic. Avant, on allait y signer des groupes ; maintenant on y lance des campagnes. Tout le monde en est. La structure de Pias aide, car chacun y a les coudées franches dans son pays, et en ce qui nous concerne, dans les domaines de la détection et de l’éclosion de talents européens. C’est l’une de nos spécialités. »
Marchés difficiles
Côté belge, Melanie De Biasio, BRNS, Oscar and the Wolf n’ont, ces dernières années, pas arrêté de tourner en Europe et ont même donné quelques concerts outre-Atlantique. » Si on a vécu une bonne année à l’international, ça ne se traduit pas nécessairement par des chiffres substantiels en termes de ventes de disques. Même Stromae est confronté à cette situation en dehors de la Belgique, de la France et des Pays-Bas… Mais les Etats-Unis et l’Angleterre, qui restent des marchés difficiles à pénétrer, ne sont plus considérés comme des passages obligés. Je ne sais pas si on peut parler de vague européenne mais c’est de moins en moins un problème de ne pas être anglo-saxon. »
L’avenir pourrait réserver des surprises plus ensoleillées. » Demain, la musique nous viendra peut-être d’Afrique. Universal investit là-bas : la structure a créé le télé-crochet Island Africa Talent, y ouvre des bureaux, un studio d’enregistrement. La téléphonie mobile et le streaming ont facilité l’accès à la musique et changent la donne. Nous faisons aujourd’hui des revenus sur des territoires où nous n’étions pas présents. En Amérique centrale et du sud, en Chine… »
Julien Broquet
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