«C’est todi li p’tit qu’on spotche»

Le Vif

Entre avril et juin de cette année, les sociétés pétrolières et les fournisseurs d’énergie (ExxonMobil, Engie, BP, Texaco, etc.) ont vu leurs bénéfices multipliés par trois à six. Il paraît que cette hausse vertigineuse serait due à «l’augmentation du prix des combustibles». Si c’est l’augmentation des prix d’achat à la source qui est visée, les bénéfices de ces mégasociétés devraient avoir diminué et non augmenté, sauf si elles ont gonflé leur marge bénéficiaire dans les mêmes proportions. Si c’est l’augmentation des prix de vente aux consommateurs qui l’est, nos gouvernants, qui feignent avec une hypocrisie larmoyante de vouloir protéger le petit peuple, devraient, depuis longtemps, soit avoir plafonné ces prix, soit avoir ponctionné ces bénéfices répugnants pour en faire profiter la population aux abois. De même, depuis que la BCE a très récemment remonté son taux d’intérêt directeur, les banques se sont précipitées pour augmenter les intérêts réclamés à leurs débiteurs, notamment sur les prêts hypothécaires, mais elles disent par ailleurs ne pas apercevoir le moment où elles pourraient hausser les taux d’intérêt sur les comptes d’épargne, «parce que les conditions du marché ne s’y prêtent pas». Puisque nos gouvernants, qui feignent avec une hypocrisie larmoyante de vouloir protéger le petit peuple, laissent aux banques elles-mêmes la prérogative de juger de l’adéquation de ces conditions, il n’y a aucune chance que le petit épargnant perçoive un jour la rémunération dont il est spolié depuis quinze ou vingt ans. Tant les sociétés pétrolières que les banques se comportent en entités voyoutes sans qu’aucun de nos gouvernants n’ait la liberté et le courage de les recadrer. Au final, c’est encore et toujours «li p’tit qu’on spotche», et pour très longtemps encore.

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