Bruno Colmant » Un gros QI ne sert à rien si on n’en fait pas profiter les autres «
Bruno Colmant est docteur en économie appliquée, associé au cabinet de conseil stratégique Roland Berger, ex-deputy CEO d’Ageas, ex-directeur d’Euronext, directeur de l’Académie royale de Belgique, professeur dans plusieurs universités (UCL, ULB, Vlerick School, ICHEC, Génève, Luxembourg), polyglotte et… un QI largement au-dessus de 130.
Un haut QI, c’est effrayant ?
Oui, j’ai été effrayé. Rien ne m’avait mis la puce à l’oreille, à l’exception d’un test de mathématiques que j’avais passé pour intégrer un MBA aux Etats-Unis, où 99,99 % des candidats avaient un résultat inférieur au mien. En fait, j’ai passé le test de Mensa il y a seulement dix ans, à 40 ans. Une amie m’a conseillé de m’inscrire au test de Mensa et j’ai été reçu.
Comment vit-on quand on est un » Mensan » ?
Je crois que le plus grand problème pour un Mensan réside dans la difficulté d’être en phase avec les autres. Il est soit en avance, car il se projette dans l’avenir, soit il est en retard, car il rêve. Toute la difficulté est de trouver un juste positionnement par rapport au temps. J’ai souffert également, très jeune, de cette perte d’insouciance, de candeur.
Avoir un QI élevé, c’est aussi un avantage ?
L’avantage se situe plutôt dans la capacité d’abstraction et de conceptualisation, ce qui conduit naturellement à approfondir des domaines » infinis « , c’est-à-dire des domaines où l’imagination et le rythme de pensée sont individuels, comme les arts. D’ailleurs, la plupart des Mensans ont des métiers très solitaires. Mais il n’y a pas de corrélation entre le succès professionnel et le QI, car d’autres compétences jouent un rôle plus important, comme la chaleur humaine et la générosité.
Etre un Mensan confère-t-il le sentiment d’appartenir à une communauté différente ?
On partage un fonctionnement intellectuel identique. Je n’ai jamais été à aucune réunion : un QI ne fonde pas de fraternité. De plus, les Mensans ressortissent à des domaines très différents et à des métiers très divers. Beaucoup portent d’ailleurs les séquelles d’une incompréhension liée à cette hypersensibilité qui est associée au fait d’être Mensan.
Le savoir a-t-il changé votre vie ?
Le test a tout changé pour moi. Ça nous ouvre à nous-mêmes et on accepte mieux notre singularité. Puis on se demande ce qu’on va en faire. Moi, je me suis inscrit dans la logique de redonner ma connaissance. Mon choix s’est porté vers le filtrage de l’information afin de la simplifier et de la transmettre de manière intuitive, par des écrits et des cours, à des lecteurs et à des étudiants. Cela me permet d’exploiter l’intégration de données et d’en extraire ce qui me semble utile.
PROPOS RECUEILLIS PAR SORAYA GHALI
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