Bientôt une esplanade du savoir
Tout le monde s’accorde à dire que ce qui manque cruellement à Charleroi, c’est une université, même incomplète. Mais la Ville a des atouts qu’elle entend bien mettre en avant pour faire de la région un pôle d’excellence en enseignement et formation.
« Toutes les villes belges de quelque importance ont une implantation universitaire et Charleroi, non ! C’est toujours la même chose et l’histoire se répète : ‘Charleroi n’a rien, donc Charleroi ne peut rien avoir’ ! » Ces propos désabusés émanent de Jean Mayeur, ancien directeur du personnel des Acec qui vient d’apprendre, à la télévision, que les recteurs de la KUL et de l’UCL, Rik Torfs et Bruno Delvaux, contestent avec force le projet wallon d’implanter un centre de protonthérapie à Charleroi. Dans l’entourage du bourgmestre Paul Magnette (PS), on admet que l’histoire semble se répéter, » même s’il s’agit cette fois de créer un centre de recherche et non une université « .
En 1968 déjà, dans un rapport destiné aux forces vives de la région, Jean Mayeur rappelle que » la préoccupation de doter la région de Charleroi d’un équipement universitaire ne date pas d’aujourd’hui. L’Université du Travail n’a pas cessé d’oeuvrer dans ce sens […] dans le but de réaliser dans la région le dessein de Paul Pastur de prolonger l’enseignement technique par un enseignement de niveau supérieur. […] La prise de conscience progressive du déclin de la région de Charleroi […] constitue le deuxième élément de ce contexte nouveau qui donne aux projets d’implantation universitaires dans la région une dimension nouvelle. […] C’est sans doute la dernière chance avant longtemps de voir Charleroi dotée d’un équipement universitaire. »
Quant au premier élément évoqué, c’est la volonté du législateur de l’époque d’organiser l’expansion universitaire à long terme, qui aboutira finalement, en 1971, à la création du Centre universitaire du Limbourg, à Hasselt, tandis que le Centre universitaire de Mons devient Université de l’Etat.
Une faculté de médecine mort-née
Jean Mayeur souligne aujourd’hui qu’il n’a jamais été question de réclamer une université complète à Charleroi. Mais alors que, confrontée au » Walen Buiten » (1968), l’UCL cherche un site pour sa nouvelle implantation, la Ville demande à Jean Yernaux, architecte urbaniste, de revoir tout l’aménagement de la Ville-Haute, de la Porte de Waterloo au site de l’ancienne gare du Nord. On y envisage l’implantation d’une faculté de médecine dont l’architecte Pierre Cosyn réalise même une maquette que Jean Mayeur garde encore quelque part dans son grenier. » Entre 1969 et 1973, toute la région adhérait au projet, sous la forme du Front commun pour la promotion intellectuelle de Charleroi et on a défilé en ville pour soutenir cette idée « , raconte Jean Yernaux. Las, le projet reste dans les cartons.
C’est d’autant plus regrettable que Charleroi a toujours deux fois moins de jeunes diplômés du supérieur que partout ailleurs en Wallonie. Une lueur d’espoir pourtant : pour fin juin au plus tard, afin de compléter le pôle d’excellence avec la Cité des métiers et le Campus technologique, on annonce la création d’une université ouverte qui absorbera le Centre universitaire de Charleroi (Cunic) et le Centre interuniversitaire de formation permanente (Cifop – lire aussi en page 110). » Elle ne diplômera pas, mais agira comme un ensemblier qui travaillera en interréseaux avec tous les opérateurs universitaires, pour développer une offre de continuité, précise Eric Van Sevenant, président du Comité subrégional de l’emploi et de la formation de Charleroi. Elle se situera juste en face du BPS22. L’esplanade de l’UT deviendra un peu l’Esplanade du savoir. »
Caroline Dunski
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