Des chrétiens visés parce que chrétiens. © ISHARA KODIKARA/BELGAIMAGE

Au Sri Lanka, l’attentat le plus meurtrier

Pâques sanglante dans l’île du sous-continent indien : 269 morts dont de nombreux fidèles dans des attaques de commandos islamistes. Résultat : après dix ans de paix, le pays renoue avec un pouvoir fort.

L’opération terroriste la plus meurtrière de 2019 n’a eu lieu ni en Irak, ni en Afghanistan, ni au Nigeria mais au Sri Lanka, île touristique du sous-continent indien. Le dimanche 21 avril, des assaillants issus, selon les autorités, du groupe islamiste National Thowheeth Jama’ath visent des églises et des hôtels de luxe en cinq endroits du pays, la capitale Colombo, Dehiwala, Negombo, Batticaloa et, sur la côte est, Dematagoda. Le jour n’est pas choisi au hasard : les chrétiens célèbrent Pâques et les lieux de culte sont bondés. Les attentats simultanés font 269 morts, dont une trentaine d’étrangers. Le 26 avril, une opération de police au domicile d’un suspect à Kalmunai se termine en fusillade. Quinze autres personnes sont tuées.

L’attaque apparaît au premier abord comme une réponse de fondamentalistes musulmans à l’attentat de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, où un suprémaciste blanc australien a tué 51 personnes dans deux mosquées le 15 mars. Mais l’enquête révèle par la suite que le gouvernement sri-lankais a été averti, par une agence de renseignement étrangère, d’une menace terroriste islamiste dont les premiers signaux remontaient à décembre 2018.

Ce carnage ravive en tout cas les tensions confessionnelles dans un pays en passe de célébrer le dixième anniversaire de la fin de la guerre civile entre la majorité cinghalaise et la minorité tamoule – sans véritable dimension religieuse – à l’origine de dizaines de milliers de morts à partir de 1983. Les musulmans et les chrétiens forment deux minorités au Sri Lanka où les bouddhistes sont majoritaires. L’irruption de cette violence islamiste a eu pour conséquence l’exacerbation de la méfiance à l’égard des musulmans. Elle a aussi contribué à la victoire, à l’élection présidentielle du 16 novembre, du nationaliste bouddhiste Gotabaya Rajapakse, frère de Mahinda Rajapakse, qui dirigea le Sri Lanka de 2005 et 2015 et est resté comme le  » bienfaiteur  » qui a mis fin, par une politique de répression féroce, à la guerre civile. Gotabaya était alors son secrétaire d’Etat à la Défense. L’attentat de Pâques a donc conduit au retour d’un pouvoir fort dans l’île et a rompu une embellie touristique aussi indispensable que prometteuse pour ses habitants.

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