Première prise de pouls énergétique de l’artiste au travers de ce Canapé vert n°1 (1968). © Collection du Fonds Wallonie-Bruxelles, Mons.

Arié Mandelbaum

Le Vif

On connaît cette configuration répandue de figures paternelles encombrantes qui laissent peu de place à leur progéniture pour exister. Tuer le père, dit-on. Le cas d’Arié Mandelbaum (1939, Bruxelles) est différent. La pratique de cet artiste, dont la première exposition remonte aux débuts des années 1960, a été éclipsée, du moins assez récemment, par celle de Stéphane Mandelbaum, fils éclatant dont le destin de comète a été consacré, entre autres, par une exposition au Centre Pompidou.

A présent que l’effervescence entourant ce dernier retombe, il convient de regarder, la tête froide et les yeux débarrassés d’a priori, la production du géniteur. Avec beaucoup d’à-propos, le Musée juif de Belgique lui consacre une première rétrospective digne de ce nom. Forcément émouvant, il ne peut en être autrement quand il s’agit d’un artiste animé par la nécessité de peindre: l’événement retrace une vie en peinture (quarante années, entre 1957 et 2016…) qui débuta, pour cet enfant caché de la guerre, à l’âge de 16 ans. On sait combien ce genre de panorama éclaire, il y est à la fois question de doutes, de certitudes provisoires et d’affres existentielles. Mais plus que tout, il s’agit de prendre littéralement le pouls énergétique de l’artiste et de mesurer avec le regard quand il peint avec les doigts, avec la main, avec le bras ou le corps entier. Cette implication physique nous en apprend plus que tout autre prétexte idéologique. Telle est la dure loi de la peinture: qu’ Arié Mandelbaum traite de la violence politique – la torture à Abou Ghraib, l’assassinat de Lumumba, la guerre du Vietnam… – nous importe moins que de connaître l’intensité vibratoire de son pinceau.

Au Musée juif de Belgique, du 16 septembre au 5 mars 2023.

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