Alerte de niveau 5 : la démocratie est réduite aux aguets

Luc Delfosse Auteur, journaliste

Novembre – Samedi 21, le niveau d’alerte est relevé à 4 à Bruxelles, sans que le Premier ministre n’explique clairement les raisons de ce choix.

Ce pays, ce n’est donc pas un pays. C’est manifestement une réserve de rustres, d’écervelés, voire de crétins des Alpes à qui l’on refuse de dire les choses. Comme s’il s’agissait de nous maintenir à dessein dans un climat glauque, oppressant, anxiogène. Et diablement profitable pour certains.

Dans ce royaume déliquescent, de supposées élites, fortes d’informations  » terrorisantes  » mais bizarrement indicibles, élèvent le niveau d’alerte à son paroxysme. Elles en appellent à  » l’unité nationale antiterroriste « , évoquent le spectre apocalyptique de la  » guerre « . Hélas, à aucun moment, il ne leur vient à l’esprit d’élever d’autant le niveau de communication et d’explication.

Nous serions donc  » en guerre  » mais ni le chef du gouvernement ni ses pairs ne croient un instant utile de nous parler du  » front « . Face à la menace d’une interminable…  » imminence « , on mobilise, on déploie, on racle les réserves policières, on débloque des crédits aussi faramineux que miraculeux. Oui, ce pactole que l’on n’a jamais pu ou plutôt voulu lever pour l’instruction, la prévention, l’intégration ou la remise à flot des damnés de la crise. Et l’on prend des poses inspirées de maréchaux, de ceux qui savent en combien de temps refroidit le canon, ce que le pékin, cet imbécile, ignore et doit impérativement ignorer.

Quand, au bout d’une semaine d’opérations mystérieuses, d’hystérie collective, de suspicion et de rumeurs nourries par ce retentissant silence (et, soyons de bon compte, par quelques croquettes pour chat), nos grands clients étrangers s’émeuvent, on se décide enfin à lâcher du lest. On envoie le VRP de l’équipe sur un plateau parisien, on convoque une grande chaîne de télé américaine à qui l’on  » révèle  » à trac, en primeur, des faits qui, distordus, nous reviennent, comme un boomerang. Mais toujours point de discours au pays, pas d’explications, pas de procureur à l’horizon. Rien, si ce n’est des ordres et des contrordres. Le niveau zéro de la com. La peur et le silence, contraint ou forcé.

Attention : depuis près de huit jours, nous vivons dans une démocratie réduite aux aguets. D’où n’émergent plus que le bruit des armes, les fanfaronnades et les amalgames puants de ceux qu’on a laissés confisquer tous les départements d’autorité pour prix de leur participation au gouvernement fédéral. Eux, tout à leurs petites affaires de sape et à leurs électeurs, n’y vont pas par quatre chemins. Fantasment sur des frontières hermétiques à l’abri desquelles pourraient prospérer leur négoce. Recommandent mâlement le nettoyage des  » foyers terroristes « ,  » maison par maison « . Dénoncent  » l’islamo-socialisme  » comme certains de leurs pères, naguère, le  » judéo-bolchévisme « . Preuves, n’est-ce pas, que Bruxelles, c’est encore et toujours le Bronx. Et l’on voit bien qu’il s’agit de préparer la suite institutionnelle de ce  » chancre « . Et du reste de cette ville tant haïe et tant convoitée, partant de ce pays.

La Belgique n’a jamais été une nation, c’est évident. Mais, par la dérobade des uns et les coups de boutoir des autres, elle n’est plus qu’un Etat en sursis.

Luc Delfosse

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