AirBNB, le succès qui fâche
Un loft avenue Louise ou un appartement dans un château namurois pour 70 euros la nuit… AirBNB.com vous permet de mettre en location votre hébergement, en misant sur l’authenticité et des prix attractifs. Les officiels du tourisme s’interrogent face à cette nouvelle forme de concurrence. Déloyale ?
AirBNB est né en 2008 à San Francisco, ville où l’engouement pour certains événements ou congrès est tel que de nombreux visiteurs ne parviennent pas à trouver une chambre d’hôtel. A l’occasion d’un colloque de design industriel très couru, deux petits malins se sont dit : pourquoi ne pas louer des matelas pneumatiques et les installer dans notre salon ? D’où le » air » collé à BNB. Ils ont gagné 1 000 dollars en une semaine. L’idée a rapidement évolué pour devenir une entreprise, valorisée à plus d’un milliard de dollars, autant qu’un site Web proposant plus de 300 000 annonces d’hébergement dans le monde entier. Du canapé-lit basique à 10 euros la nuit à une suite de luxe dans un yacht à 1 000 euros.
AirBNB commence également à rencontrer du succès chez nous. Rien que pour Bruxelles, une petite recherche pour un city-trip en couple indique plus de 400 logements. Du côté de Liège, on dénombre tout de même une septantaine d’hébergements et du côté du Namurois, une trentaine.
Comme tous les » game changers « , AirBNB a un côté plutôt sympathique et attirant pour tous ceux qui veulent » faire du tourisme autrement « , mais il démontre encore une fois que l’Internet est bien plus rapide que le droit. Encore que… Un New-Yorkais qui louait son appartement via AirBNB.com a récemment été condamné à payer une amende de 2 400 dollars. Il n’a pas respecté la loi hôtelière locale qui prévoit qu’un particulier qui loue un hébergement plus d’un mois doit se déclarer comme hôtelier professionnel.
Toute la difficulté est en effet de déterminer où s’arrête la tolérance à une activité occasionnelle » pour arrondir les fins de mois » et où commence la concurrence déloyale. Qui plus est, dans un secteur touristique belge qui comprend de nombreux vides juridiques…
Dans l’attente de règles du jeu
» Nous sommes conscients des questions posées par AirBNB comme par d’autres sites qui agrègent des offres de particuliers. Toute activité économique doit suivre un certain nombre de règles. Nous travaillons en concertation avec la ministre CDH Céline Fremault (NDLR : en charge de l’Economie en Région bruxelloise) et avec le secteur hôtelier à une ordonnance qui doit clarifier les types d’hébergements autant que les obligations de chacun « , réagit Christos Doulkeridis, ministre bruxellois du Tourisme (Ecolo). Cette clarification est attendue pour fin de l’année. Une des pistes pourrait être d’étendre le régime existant aux chambres d’hôtes. Du côté wallon, le ministre Paul Furlan (PS) n’a pas souhaité faire part de commentaires.
Marc Van Muylders, de Horeca Bruxelles, réclame bien évidemment des règles du jeu équitables : » Le gros bémol de ces hébergements chez des particuliers, c’est le manque de contrôle des normes de sécurité « , souligne-t-il, tout en dénonçant aussi la concurrence fiscale et sociale (ONSS, etc.) de ceux qui en font un vrai business. Mais il y voit aussi du bon : » Ce genre de site peut stimuler une diversification de l’offre hôtelière qui sera au final bénéfique pour tout le monde, y compris les cafés et les restaurants. »
Olivier Fabes
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