Academy de droit divin

Comment, vous n’êtes pas au courant ? Mais à quoi passez-vous vos samedis soir ? Donc, pour celles et ceux qui, négligeant leur devoir de citoyen(ne), n’ont pas allumé leur télé le 18 octobre, rappelons que, ce jour-là, vers 21 heures, des intermittents du spectacle ont envahi le plateau de la Star Academy de TF1, articulant des discours incompréhensibles et perturbant un divertissement familial pourtant bien mérité après une semaine de rude labeur.

Alors que la France entière et les pays limitrophes s’apprêtaient à décider qui devait quitter le Château, ces irresponsables ont semé le désordre, forçant Nikos à envoyer une page de publicité (sur TF1, quand on ne sait plus quoi dire, on lance la pub. Elle ne connaît jamais de défaillance et répond toujours présent quand on a besoin de meubler l’antenne). Puis les fans des bébés chanteurs ont dû patienter jusqu’à 23 heures, le temps de laisser passer un Julie Lescaut pendant que membres du service d’ordre et policiers débarrassaient le plateau de ces fauteurs de troubles.

Heureusement, il y a encore, en France, une justice. Et un petit juge, à Bobigny, qui a décidé de sévir. Quatre de ces empêcheurs de chanter en rond ont été placés en garde à vue avant d’être inculpés, lundi, pour  » entrave à la liberté du travail et d’expression « ,  » violences en réunion  » et  » menaces de mort « . Osons le dire : voilà un petit juge qui a mérité de la République. Parce qu’entraver la liberté de Nikos de demander aux spectateurs de téléphoner à des numéros surtaxés pour soutenir de jeunes ramollis du cerveau, voilà un crime qui appelle un châtiment exemplaire. Et entraver la liberté desdits ramollis de s’exprimer au travers de chansons où perce tout le génie musical de nos contrées, c’est encore pire.

Pouvons-nous suggérer au juge quelques motifs d’inculpation supplémentaires ?  » Atteinte au moral de la Nation  » nous semble un bon début.  » Outrage au chef de l’Etat « , également (après tout, Mme Chirac n’a-t-elle pas avoué avoir suivi la Star Academy ? ). Mais, surtout, les quatre méritent une peine exemplaire pour avoir brandi un calicot ordonnant :  » Eteignez la télé « . Comme c’est la télé qui le leur demandait et qu’ils ont l’habitude d’obéir à ses injonctions, les téléspectateurs ont voulu le faire. Mais, quand ils ont eu le doigt sur le bouton Arrêt/Marche, ils se sont rappelé qu’ils ne pouvaient pas couper la télé, sous peine de voir leur vie perdre tout son sens. Ils se sont donc retrouvés coincés dans une situation sans issue.

Depuis samedi soir, on ne compte plus le nombre de spectateurs tout perdus.

Franchement, Messieurs les intermittents, c’est du propre !

Marc Lemaître, Alleur

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire