À ne pas manquer… ou appâts manqués ?
Des destinations qui n’attiraient pas les foules il y a peu entendent désormais profiter du tourisme mondial. Chacune joue une carte originale. Reste à voir si on peut vraiment s’y sentir en vacances…
Prenez les Emirats du Golfe, vendus par les voyagistes à grand renfort de promotions. Vanté comme l’un des » rares endroits tranquilles dans un monde arabo-musulman en crise « , ce coin du globe engloutit ses pétrodollars dans une débauche d’aménagements mégalos. Abu Dhabi mise sur le culturel avec ses annexes du Louvre et du Guggenheim. Dubaï, ex-désert aride habité par les bédouins, est devenue l’une des villes les plus dynamiques et cosmopolites de la planète. Elle enchaîne les records : plus haute tour du monde, plus luxueux hôtels, plus grande île artificielle, plus importante station de ski indoor, plus long métro automatisé… Cette cité des contrastes offre toutes les expériences : tranquillité du désert, agitation du souk, montagnes escarpées, dunes interminables, plages de sable chaud, parcs luxuriants, villages traditionnels, quartiers résidentiels luxueux, constructions futuristes, maisons antiques et centres commerciaux ultramodernes. En 1980, Dubaï comptait 265 000 habitants. Ils sont aujourd’hui 2,2 millions, dont 90 % d’immigrés. Beaucoup sont les forçats des chantiers de la démesure, comme celui du nouvel aéroport censé accueillir 15 millions de visiteurs par an d’ici quelques années…
Le sourire du Bouddha
Plus à l’est, c’est la Birmanie – pardon, le Myanmar ! – qui fait figure de pôle d’attraction, deux ans après le retrait partiel de la junte. Les voyageurs s’y précipitent avant que l’affluence n’en défigure l’authenticité, comme au Viêt Nam ou en Thaïlande. Mais le pays des pagodes aux toits d’or (en photo, la pagode Shwedagon à Rangoon) n’est pas préparé à devenir un eldorado touristique. Sur les routes peu praticables, le char à boeufs reste le moyen de locomotion familier et les visiteurs pressés n’ont d’autre choix que de sillonner le pays par les airs. Lequel a accueilli 350 000 touristes en 2011, quasi le double en 2012 et il aura frôlé le million en 2013. Malgré la bonne volonté de la population, l’infrastructure ne suit pas. Les hôtels (et l’aéroport international de Yangon) sont sursaturés, beaucoup n’acceptent ni cartes de crédit ni devises froissées, Internet est virtuel et les tarifs prohibitifs. Quant à essayer de photographier un stupa célèbre ou la maison de » la Dame » sans touriste dans le champ, ça relève de l’exploit !
Hiver russe
Autre nation qui tente d’attirer les visiteurs : la Russie. Cet immense pays à cheval sur deux continents, héritier d’un empire fastueux et hôte d’une nature extraordinairement diversifiée, n’hésite plus à vanter les mérites de régions aussi peu hospitalières que la Sibérie, le Kamtchatka ou le Caucase – qui reste une poudrière en bien des endroits ! Mais pas à Sotchi, la perle de la mer Noire posée aux pieds de la chaîne montagneuse, dont les clochers à bulbe rivalisent d’éclat avec les sommets enneigés et qui accueillera bientôt les Jeux olympiques d’hiver. Les deuxièmes JO les plus chers de l’histoire : voilà pourquoi les autorités voudraient en faire une destination phare de 2014. A la fois station balnéaire et de sports d’hiver, la » Riviera russe » est aussi célèbre pour avoir eu les honneurs de Staline en été et, aujourd’hui, ceux de Poutine en hiver – à chacun sa datcha. Sotchi, 400 000 habitants et des infrastructures flambant neuves, c’est un peu le croisement entre Nice et Courchevel. La preuve : elle attire surtout les nouveaux millionnaires russes.
D’autres exemples ? Dans ses » must see » de 2014, le National Geographic épingle notamment Arbil, la capitale kurde en Irak, ou Sarajevo, la ville martyre de Bosnie-Herzégovine. Mais là, en revanche, on ne se bouscule pas encore au portillon.
PHILIPPE BERKENBAUM
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