3 Questions à Vincent Dubois

Ce mardi 13 février, les cliniques universitaires Saint-Luc ont inauguré le Centre de référence pour le traumatisme psychique. Les victimes d’accidents, d’agressions, de viols, d’attentats… y sont prises en charge médicalement, mais aussi psychologiquement, dès leur arrivée aux urgences.

En quoi est-il important d’agir rapidement face à un traumatisme psychique ?

E Dr Vincent Dubois (chef du service de psychiatrie adulte) : Apporter une dimension psychologique, dès le départ, en plus du suivi médical, donne une chance aux patients qui en ont besoin, de dépasser un événement potentiellement traumatisant. Dans le cas contraire, on risque d’isoler la victime et d’augmenter sa souffrance. Toutes les ressources internes de la personne doivent être mobilisées le plus rapidement possible. La rencontre des proches permet aussi d’éviter que la victime ne se renferme sur elle-même.

Certains éléments risquent-ils d’aggraver le traumatisme ?

E Il faut bien entendu tenir compte de l’histoire propre à chacun, de ses vulnérabilités ou de ce que l’événement réveille en elle. Mais se méfier, de surcroît, de l’intensité, de l’absurdité, de la dimension de perte, de deuil, ou aussi de ce que les sociologues appellent  » l’effroi « , cette fraction de seconde où vous avez la certitude que la mort est là.

Une violence intentionnelle incompréhensible, gratuite, peut également se révéler lourde de conséquences pour la victime. Si elle ne s’est pas défendue lors de l’agression, elle risque de souffrir d’une  » victimisation secondaire « , se demandant  » pourquoi elle n’a rien fait « . La culpabilité prolonge alors le phénomène de traumatisme.

En quoi la reconnaissance en tant que victime est- elle essentielle dans le processus de  » réparation  » ?

E Notre société place l’individu au centre de tout, érigeant en modèle un être performant intellectuellement et physiquement, qui accède au bonheur et gère sa vie de manière autonome. Reconnaître le statut de victime, c’est admettre les conséquences post-traumatiques d’un événement, et les troubles importants que cela peut occasionner dans la vie quotidienne. Reconnaître une causalité extérieure, c’est offrir une légitimité, une explication au  » handicap  » social et personnel. Ce n’est qu’une des dimensions du processus de réparation, mais, pour la victime, elle est essentielle. Lorsque cette reconnaissance vient trop tard, ou pas du tout, le sentiment d’injustice est tel qu’il devient difficile de travailler sur la réparation.

Entretien : N. R.

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