3 questions à Cécile Griesmar
Avec les biennales, les foires off se sont multipliées ces dernières années comme des petits pains. En ligne de mire, la promotion intensive et enthousiaste d’une scène locale prolifique. Bien vu, dans un monde ultraglobalisé, ces événements contribuent à l’expression des particularismes, des isthmes et des archipels créatifs. Pour mieux comprendre, trois questions à Cécile Griesmar, fondatrice de Slick, foire off d’art contemporain qui cartonne à Paris.
Quel bilan tirez-vous de la 5e édition de Slick?
Le bilan est plutôt positif même si l’on a eu un peu moins de visiteurs qu’en 2008. Nous avons réussi à créer autour de nous un marché pour les jeunes galeries. En soi, c’est déjà une belle réussite. Cette édition s’est tenue dans un contexte difficile à appréhender. Le marché de l’art se porte bien, les galeries sont préservées de l’onde de choc. A Paris, nous sommes privilégiés car les collectionneurs sont plus fidèles et passionnés. A Londres, la Frieze a subi le retour de bâton d’une clientèle dont la fortune est très liée à la situation des marchés financiers. Une foire comme Slick a ceci de particulier qu’elle mise sur l’espoir et le choix artistique plutôt que sur l’idée d’un quelconque retour sur investissement.
Quelles conséquences pensez-vous que cela aura à terme?
Je pense que notre raison d’être est pleinement motivée, il faut qu’existent des événements comme le nôtre pour que le marché se renouvelle et que le circuit artistique intègre de nouveaux talents. Sans nous, le marché fonctionnerait en boucle: les marchands vendraient aux marchands. Cela dit, vu le contexte, il va falloir ajuster le tir. On ne va plus pouvoir monter des événements à l’arrache, dans la spontanéité et l’enthousiasme, avec la découverte pour seul horizon.
Quels changements va-t-il falloir apporter?
Face à un marché qui se resserre, on n’a pas d’autres choix que d’anticiper l’évolution à venir. Actuellement, je planche sur le salon tel qu’il sera dans les années à venir. Je fais le pari que les prochaines éditions seront moins » off » que les précédentes. Je me battrai toujours pour qu’il y ait de jeunes artistes mais le cadre changera. Les stands vont forcément devenir plus beaux, exit le bric et le broc. Il faudra également soigner les visiteurs en proposant un événement avec une localisation centrale sur lequel se greffera une foule de services, depuis la restauration jusqu’aux navettes.
Michel Verlinden
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