Produire de l’eau potable à partir de l’air au Kenya

Ben Herremans
En partenariat avec Rolex

En réponse à l’une des problématiques mondiales les plus complexe, l’entrepreneuse sociale kényane Beth Koigi développe des générateurs d’eau atmosphérique alimentés par l’énergie solaire, qui transforment, filtrent et minéralisent l’humidité dans l’air en eau potable. Avec son entreprise Majik Water, elle installe ces systèmes dans des régions en situation de sécheresse extrême, et donne ainsi accès à une ressource essentielle. En 2023, Beth Koigi a remporté le Prix Rolex à l’esprit d’entreprise, décernés à des projets qui visent à rendre le monde meilleur.

Beth Koigi a grandi dans les collines de Limuru, une région verdoyante du Kenya, où les pluies sont régulières. L’eau douce y étant présente en abondance, elle a toujours considéré l’eau potable comme une évidence.

La moitié de la population Kényane n’a pas accès à l’eau potable

Lorsque Beth Koigi est partie faire ses études à l’université de Nairobi, dans l’ouest du pays, elle a été choquée par l’aridité de la région, et cela lui a ouvert les yeux. Selon les estimations, environ la moitié de la population kényane n’a pas accès à l’eau potable, une pénurie qui provoque quelque 10.000 décès chaque année. « L’eau qui sortait des robinets de l’université était visiblement contaminée, mais personne ne semblait s’en soucier. J’ai voulu trouver une façon de purifier cette eau. »

Beth Koigi développe et installe des générateurs d’eau

Dès son jeune âge, Beth Koigi fait preuve d’inventivité et d’esprit d’entreprise. Elle développe ainsi un filtre à eau qui s’avère tellement efficace qu’elle commence à le vendre. Pour commencer, à d’autres étudiants, mais bien vite elle se retrouve à sillonner le pays avec ses filtres. Mais elle se rend compte, aussi, que le problème est bien plus vaste que la solution qu’elle propose.

En 2017, après plusieurs mois de recherche, Beth Koigi fonde l’entreprise sociale Majik Water avec Anastasia Kaschenko, une scientifique canadienne et spécialiste de l’environnement, et l’économiste Clare Sewell basée à Oxford. Majik Water développe des générateurs d’eau atmosphérique et les installe dans les communautés kényanes qui ne sont pas raccordées au réseau de distribution d’eau.

Les générateurs d’eau de Beth Koigi tirent l’eau potable de l’air sec

L’atmosphère contient six fois plus d’eau que toutes les rivières de la planète réunies. C’est cette source, à savoir l’humidité de l’air, que Beth Koigi exploite avec ses générateurs d’eau. Un ventilateur aspire l’air et le fait circuler sur une surface froide. La condensation forme des gouttes d’eau, exactement comme sur un verre de limonade par une journée chaude. Beth Koigi recueille cette eau, la filtre et y ajoute des minéraux essentiels tels que du calcium et du magnésium pour en faire de l’eau potable.

Bien que la technologie fonctionne mieux dans des milieux plus humides, elle s’avère bel et bien efficace également dans des régions arides et semi-arides, là où les besoins en eau sont les plus criants. Beth Koigi : « Il y a toujours un certain taux d’humidité dans l’air. Même avec par exemple 30% d’humidité (pour information, en Belgique, l’humidité de l’air oscille entre 65 et 90 pourcent), nos générateurs d’eau atmosphérique produisent suffisamment d’eau pour permettre aux populations locales de boire à leur soif. »

En fonction de l’humidité de l’air, un générateur peut produire entre 20 et 500 litres d’eau par jour ; en reliant plusieurs appareils les uns aux autres, Majik Water peut arriver à une production de 100.000 litres par jour.

En 2018, le Financial Times a salué les générateurs d’eau de Beth Koigi comme une des « 50 idées pour changer le monde. » En 2020, Netflix a intégré dans son catalogue le documentaire ‘Brave Blue World : Ensemble contre la pénurie d’eau’, dans lequel apparaissent les générateurs d’eau de Beth Koigi.

Kiosques à eau dans un camp de réfugiés Africains

Le prochain projet de Beth Koigi est la création de ‘kiosques à eau’ installés dans un des plus grands camps de réfugiés en Afrique. Le camp de Kakuma comprend également la colonie de Kalobeyei. Il se trouve dans la région de Turkana, dans le nord du Kenya, qui est une région extrêmement aride.

Les générateurs d’eau de Beth Koigi créent plus d’emploi et une meilleure santé

À ce jour, Majik Water a installé 20 générateurs d’eau grand volume et 10 unités plus petites, qui ensemble produisent 200.000 litres d’eau potable par mois.

Outre de l’eau potable pure, les générateurs de Beth Koigi produisent également de l’eau pour l’agriculture. Cette eau est par exemple utilisée dans les serres et pour l’arrosage des fruits et légumes. Elle peut même servir pour créer des élevages de poissons. Tout cela contribue à une meilleure alimentation et donc une meilleure santé de la population.

Les conditions de vie s’améliorent, les compétences professionnelles augmentent. Ce dernier point est important : en plus de la construction et l’exploitation des générateurs d’air, Majik Water créé des emplois en forment des femmes et des jeunes à l’exploitation des kiosques à eau.

Le Prix Rolex à l’esprit d’entreprise augmente la force de frappe de Beth Koigi

Avec le soutien du Prix Rolex à l’esprit d’entreprise et dans le cadre de l’Initiative Perpetual Planet de Rolex, Beth espère que l’installation de ses générateurs d’eau dans le nord du Kenya entraînera l’adoption de sa technologie dans tout le pays, et au-delà. Son but ultime ? Faire en sorte que les communautés deviennent autonomes et résilientes face au réchauffement climatique. L’eau propre est la ressource la plus importante pour atteindre cet objectif. C’est en voyant s’assécher les cours d’eau de sa région natale, dernièrement, qu’elle a pris conscience de l’urgence de trouver des solutions.

Le Prix Rolex à l’esprit d’entreprise aidera Beth Koigi à financer l’installation de 10 générateurs d’eau atmosphérique alimentés par énergie solaire. Ils produiront 500 litres d’eau par jour, tant de l’eau potable que de l’eau destinée à l’irrigation de terrains agricoles de communautés locales à Turkana. L’installation prendra deux ans.

Qu’est-ce qui vous a motivée à présenter votre candidature pour le Prix Rolex à l’esprit d’entreprise ?

Beth Koigi : « Les projets que Rolex soutient sont une source d’inspiration pour moi depuis de nombreuses années. Je crois dans la valeur ajoutée de ces Prix. Ils ouvrent de nouvelles perspectives. »

Qu’est-ce que cela signifie pour vous d’être Lauréate du prix Rolex à l’esprit d’entreprise ?

« Cela m’apporte la conviction que notre projet peut avoir un impact sur le monde. Cette reconnaissance me touche personnellement et s’avérera décisive pour l’avenir du projet. »

Comment le Prix Rolex à l’esprit d’entreprise peut-il vous aider ?

« Le Prix augmente la force de frappe du projet. Le lien avec Rolex nous donne de la visibilité et nous aide dans le cadre de la coopération avec des organisations pour installer des systèmes similaires. »

Rolex soutient des personnes et organisations qui recherchent et développent des solutions aux problèmes de la planète et qui ainsi contribuent à rendre le monde meilleur et à préserver la planète pour les prochaines générations. Dans cette série Le Vif met leurs efforts en lumière. Le Vif a réalisé ces articles en toute indépendance rédactionnelle.

Découvrez ici l’article précédant dans cette série : Comment Constantino Aucca Chutas reboise les Hautes Andes avec l’aide de communautés locales

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