Menkab ou la protection des cachalots en mer de Ligurie

Ben Herremans
En partenariat avec Rolex

La mer de Ligurie, qui baigne des côtes densément peuplées dans le nord de l’Italie, est le refuge de nombreux cachalots et rorquals communs. Avec le soutien de Rolex et de son initiative Perpetual Planet, le groupe de recherche marine Menkab suit l’évolution des populations de ces cétacés et sensibilise le grand public à la fragilité de leur habitat.

Le port de Savone, sur la côte ouest du nord de l’Italie, est fortement urbanisé. La ville se trouve sur la mer de Ligurie, à une quarantaine de kilomètres au sud-ouest de Gênes et à une centaine de kilomètres au sud-est de Turin. Échancrure dans la côte nord-ouest de l’Italie, la mer Ligurienne est un bras de la Méditerranée et borde l’Italie, la France, Monaco et la mer Tyrrhénienne.

Observation des cachalots

Autrefois important centre sidérurgique, Savone attire désormais de nombreux touristes venus visiter ses plages, ses églises et ses forteresses. Pour avoir une chance d’observer des cachalots, qui comptent parmi les plus grands animaux sur Terre, il suffit de s’avancer en mer jusqu’à quelques kilomètres de la côte.

Les cachalots sont capables de s’adapter à la proximité de l’homme

Les cachalots qui vivent dans des océans atteignent souvent 16 mètres, mais en Méditerranée ils ne dépassent guère 13 mètres. En raison de leur taille et de leur puissance, ils sont considérés comme l’une des espèces animales les plus spectaculaires que l’on puisse observer dans la nature… lorsqu’ils font surface. La plupart du temps, ils sont en effet sous l’eau à plus de mille mètres de profondeur, à la recherche de proies telles que les calamars.

Grande capacité d’adaptation

Malgré une forte présence humaine dans la région, les cachalots sont nombreux dans la mer de Ligurie. « Les cétacés sont des animaux très intelligents », affirme Giulia Calogero, présidente de Menkab, une organisation de protection des océans qui se consacre aux cachalots. « Ils sont dotés d’une grande capacité d’adaptation, ce qui leur permet de vivre proches de nous. »

Lors de sa première sortie en mer avec Menkab en 2013, Biagio Violi a vu des cachalots à peine dix minutes après avoir quitté la côte. « J’étais sans voix », se souvient-il. « J’étais très impressionné par la taille et par la beauté de ces animaux, mais aussi par leurs mouvements gracieux. » Séduit d’emblée par l’idée de consacrer sa carrière à l’étude et à la protection des cachalots, Biagio est aujourd’hui le coordinateur scientifique de Menkab.

Perpetual Planet Initiative

Pour (mieux) protéger les cachalots, le monde doit comprendre comment vivent ces cétacés et quelles menaces pèsent sur eux. Pour cette raison, Menkab sensibilise à la fragilité du monde sous-marin, avec le soutien de Rolex.

Depuis près d’un siècle, la marque Rolex est associée à des pionniers de l’exploration, qui défient les éléments et repoussent les limites dans le but de protéger et préserver la planète. Un engagement que Rolex a renforcé en 2019 avec son initiative Perpetual Planet.

La baleine des étoiles

‘Menkab’ est le nom arabe d’une étoile de la constellation de la Baleine (‘Cetus’ en latin), sur l’équateur céleste (le grand cercle dont le plan est perpendiculaire à l’axe céleste). L’ascension droite de la constellation se situe entre 23h55′ et 3h21′ et sa déclinaison entre -25° et +10°. La constellation doit son nom à Ketos, un monstre marin dans la mythologie grecque.

« Menkab est l’étoile qui, dans cette constellation, représente l’orifice par lequel respire la baleine », explique Giulia Calogero. Maurizio Würtz, le fondateur de Menkab, a choisi ce nom car il évoque un endroit où les cétacés vont respirer, à l’abri de tout danger, et où ils s’épanouissent dans leur environnement naturel.

Sanctuaire pour baleines

Menkab opère dans le Sanctuaire Pelagos (dont l’appellation anglaise officielle est International Ligurian Cetacean Sanctuary), une zone marine protégée de 87.500 km² qui abrite huit espèces de cétacés. C’est notamment une zone de reproduction pour le rorqual commun, mais on y trouve également plusieurs espèces de dauphins (dont le grand dauphin et le dauphin bleu et blanc).

Le suivi permet à Menkab de se faire une idée des vastes distances parcourues par les cétacés

Giulia Calogero : « La Méditerranée est une mer fermée et assez petite. C’est la raison pour laquelle on retrouve dans le Sanctuaire Pelagos une si grande diversité de mammifères marins, et en particulier des cétacés. »

Suivi et identification

L’une des missions de Menkab est d’observer les cétacés qui vivent dans le Sanctuaire Pelagos. Tout au long de l’année, les équipes de l’organisation sillonnent dans des bateaux semi-rigides les différents sites où les animaux font surface. La plupart de ces expéditions ont lieu du printemps à l’automne, mais il y en a aussi en hiver quand les conditions en mer le permettent.

Les membres de l’équipe photographient les animaux et les identifient par les marques sur leur corps. « Ce n’est pas facile », souligne Giulia Calogero. « Ces marques sont parfois si discrètes qu’elles sont difficiles à repérer. Parfois, ce ne sont que de petites taches ou des zones pigmentées. »

Mutilations dues à des rencontres avec des bateaux

Ce qui est dramatique, c’est que les animaux les plus faciles à reconnaître sont souvent ceux qui ont été heurtés par des bateaux, et leurs marques bien visibles ont été provoquées par des hélices. Les membres de Menkab suivent ainsi depuis deux ans un cachalot qu’ils ont baptisé ‘Atlante’. « Il est très facile à identifier parce qu’il lui manque un morceau de nageoire caudale », précise Giulia. Les rencontres avec les bateaux constituent une menace majeure pour les cachalots dans cette région, mais ce ne sont pas les seuls dangers : les cétacés se prennent en effet aussi dans des filets de pêche, ou avalent des déchets plastiques qui flottent dans la mer.

En suivant les animaux individuellement et en partageant avec des organismes de recherche internationaux les données ainsi obtenues, Menkab connaît non seulement l’état de santé et les effectifs des populations de chaque espèce, mais obtient également un aperçu des vastes distances parcourues par les animaux. Des baleines suivies par Menkab ont ainsi déjà été repérées en Israël, en Islande et dans les Caraïbes.

Sorties en mer

Un autre pilier du travail de Menkab consiste à susciter l’engagement du public et à le sensibiliser à la présence des cétacés ainsi qu’à la nécessité de les protéger. « Nous estimons qu’il est important de ne pas seulement transmettre de la théorie à des écoliers et des étudiants », explique Biagio Violi. « Nous tenons à les emmener en mer pour qu’ils puissent observer la nature et commencer à l’aimer, et idéalement s’investir de leur propre chef dans la protection de la vie marine. »

Menkab espère inciter les jeunes à mieux traiter les océans

« Quand nous disons aux gens qu’à seulement quelques encablures de la côte ils peuvent observer des rorquals communs ou des cachalots, ils sont souvent très surpris », ajoute Giulia Calogero. « Nous nous efforçons de faire passer le message autant que possible auprès du grand public et des étudiants. »

Comme un jeu vidéo

Pour ses activités de sensibilisation, Menkab dispose d’un outil de choix : un véhicule sous‑marin téléopéré (ROV – Remotely Operated Vehicle), qui est équipé d’une caméra et se pilote depuis la surface. Bien qu’il soit initialement destiné à la recherche, notamment pour filmer des zones profondes où il est difficile de plonger, il sert aussi souvent à présenter aux étudiants la plongée et le monde sous‑marin. Pour eux, le ROV s’apparente beaucoup à un jeu vidéo. « Ils peuvent littéralement se tester », ajoute Giulia Calogero. « Ils s’initient à ce qui pourrait devenir un jour leur métier, et ils peuvent le faire de manière ludique. »

Nombre de ces étudiants se prennent d’une telle passion pour la mer qu’ils s’inscrivent par la suite à des cours en biologie marine. Et Biagio Violi de conclure : « Nous devons impérativement continuer à apprendre, à enseigner et à inspirer les gens autour de nous, dans l’espoir que Menkab parviendra ainsi à inciter les prochaines générations à mieux traiter les océans. »

Rolex soutient des personnes et organisations qui recherchent et développent des solutions aux problèmes de la planète et qui ainsi contribuent à rendre le monde meilleur et à préserver la planète pour les prochaines générations. Dans cette série Le Vif met leurs efforts en lumière. Le Vif a réalisé ces articles en toute indépendance rédactionnelle.

Découvrez ici l’article précédant dans cette série : João Campos-Silva, au secours du poisson géant de l’Amazone

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici