Liu Shaochuang au secours des chameaux sauvages du désert de Gobi grâce à la technologie spatiale
En partenariat avec Rolex
Dans l’ancienne Tartarie, les chameaux sauvages du désert de Gobi sont menacés d’extinction. Le spécialiste en télédétection chinois Liu Shaochuang s’efforce de les sauver grâce à une technologie spatiale innovante. En 2023, il a reçu un Prix Rolex à l’esprit d’entreprise.
Liu Shaochuang, premier Chinois au Pôle Nord
Fils de paysans chinois, l’ingénieur spatial Liu Shaochuang est un homme particulier. Il a ainsi contribué au développement des systèmes de navigation des rovers chinois d’exploration de la Lune et de Mars, il a cartographié les grands fleuves du monde, et en avril 2002 il a été le premier Chinois à atteindre le Pôle Nord à pied et en solitaire.
Les chameaux sauvages peuvent survivre dans le désert de Gobi
En 2011, Liu Shaochuang se rend dans le désert de Gobi puisque que ces étendues rocailleuses se prêtaient bien au test du rover lunaire Chang’e 3. Localisé entre le sud de la Mongolie et le nord de la Chine, le désert de Gobi (mot mongol qui veut dire « très grand et sec ») est le plus grand désert d’Asie.
C’est là que Liu découvre les chameaux sauvages de Tartarie. La Tartarie, (nom provenant du peuple des Tatars) est le nom donné par les Européens entre le Moyen Âge et le 20ème siècle à la région qui s’étend de l’Oural et la mer Caspienne jusqu’à l’océan Pacifique. Après sa conquête par les Russes, la région a été rebaptisée Sibérie.
Les chameaux sauvages (Camelus ferus) peuplent depuis des milliers d’années les plaines arides du désert de Gobi. Avec son pelage épais et rugueux et ses deux bosses, cette espèce unique est en effet parfaitement équipée pour résister à la chaleur et la sécheresse.
Moins d’un millier de chameaux dans le désert de Gobi
Liu Shaochuang ne tarde alors pas à constater que les chameaux sauvages sont dans une situation critique, avec une population qui a dramatiquement chuté. Il n’en resterait aujourd’hui qu’un millier tout au plus. Une menace d’extinction qui a plusieurs raisons : le changement climatique, la perte de leur habitat, les prédateurs, la chasse, les maladies, la domestication, les croisements entre espèces par les humains…
Liu ne peut que voir comment le changement climatique et les activités humaines réduisent considérablement l’habitat des chameaux, les contraignant à migrer vers des régions plus élevées et plus froides où ils deviennent plus vulnérables à la prédation par les loups. La diminution des points d’eau augmente quant à elle le risque de maladies.
Liu Shaochuang se sert de la télédétection pour suivre les chameaux sauvages
La population de chameaux sauvages est disséminée sur un territoire de 200.000 km2 dans le désert de Gobi. En raison de l’étendue et du caractère hostile de la région, il est quasiment impossible de suivre les animaux sur le terrain.
Liu Shaochuang, ingénieur spécialisé en télédétection, c’est-à-dire l’observation de la surface de la terre à l’aide de satellites, comprend vite les possibilités offertes par la technologie spatiale. En mai 2012, le premier traceur est fixé au cou d’un chameau sauvage. Sept chameaux sont entre-temps ainsi équipés, et suivis par satellite et technologie GPS depuis un bureau à Pékin.
Liu : « Avant, nous ne pouvions observer ces animaux qu’avec l’œil humain, et les scientifiques devaient se limiter à l’étude de leurs traces de sabots et de leurs déjections. » Peu effrayé par l’environnement hostile rempli de dangers inattendus, l’ingénieur retourne régulièrement dans le désert de Gobi et réussit à suivre la progression des chameaux sauvages. « Rien n’est insurmontable. »
L’ingénieur chinois étudie le comportement et l’habitat des chameaux sauvages dans le désert de Gobi
La technologie spatiale permet à Liu Shaochuang de repérer et de mieux étudier les troupeaux de chameaux sauvages dans le désert de Gobi. Il suit leurs déplacements quotidiens et leurs routes migratoires à travers de vastes zones sauvages. « Nous voyons ainsi vers où ils migrent et où ils vont boire. »
Liu observe également leur habitat, évaluant l’impact du changement climatique sur l’environnement et enregistrant les modifications dans les écosystèmes. « Identifier où vont les chameaux sauvages de Tartarie, les lieux où ils s’abreuvent et les menaces auxquelles ils sont confrontés nous aide à mieux nous organiser pour protéger leurs sources d’eau et définir leur zone de protection. »
Des modèles informatiques basés sur différents scénarios climatiques et sur l’interaction avec les humains et d’autres herbivores aident Liu et son équipe à aménager des zones refuges pour les chameaux sauvages, des endroits qui leur offrent les meilleures chances de survie à long terme.
Le modèle de Liu Shaochuang au service d’autres espèces menacées
Les données recueillies par Liu Shaochuang ont été essentielles pour la création de deux nouvelles grandes zones de conservation: le China Wild Camel National Park et la China-Mongolia Cross-border Wild Camel Nature Reserve.
Ses actions en faveur des chameaux sauvages, Liu les voit seulement comme un début. Il espère en effet que son modèle sera également appliqué pour la protection d’autres espèces animales menacées. Par exemple, le léopard des neiges et le tigre de Sibérie: «Si nous n’aidons pas cette espèce, elle sera exposée aux mêmes risques que le chameau sauvage de Tartarie.»
Liu Shaochuang, lauréat du prix Rolex à l’esprit d’entreprise
Liu Shaochuang a reçu en 2023 le Prix Rolex à l’esprit d’entreprise. Ce Prix soutient son travail sur le terrain : équiper plus de chameaux de colliers-traceurs, collecter des échantillons biologiques, mettre au point ou acheter des dispositifs de surveillance des maladies et gérer 40 satellites.
Grâce au Prix Rolex à l’esprit d’entreprise, Liu a pu approfondir ses recherches et de partager ses connaissances pour le bien commun. Ses découvertes sont d’ores et déjà fondamentales pour sa collaboration avec les organisations qui établissent et gèrent les deux zones protégées pour les chameaux sauvages.
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Trois questions à Liu Shaochuang
Qu’est-ce qui vous a motivé à présenter votre candidature pour le Prix Rolex à l’esprit d’entreprise ?
« Le Prix Rolex a un rayonnement international important. Nous savions que ce Prix attirerait beaucoup d’attention sur notre projet, ce qui était essentiel pour les chameaux. »
Que représente pour vous le fait d’être Lauréat d’un Prix Rolex à l’esprit d’entreprise ?
« C’est très encourageant. J’espère que ce Prix va motiver les gens autour de moi à travailler dur et à saisir cette occasion de développer nos connaissances techniques dans d’autres domaines. »
Quels objectifs le Prix Rolex à l’esprit d’entreprise vous aide-t-il à atteindre ?
« Faire partie de l’Initiative Perpetual Planet de Rolex attire l’attention de différents secteurs sur nos projets de préservation des chameaux sauvages. Cela peut par exemple amener le gouvernement à investir dans la protection et l’étude des chameaux sauvages. »
Rolex soutient des personnes et organisations qui recherchent et développent des solutions aux problèmes de la planète et qui ainsi contribuent à rendre le monde meilleur et à préserver la planète pour les prochaines générations. Dans cette série Le Vif met leurs efforts en lumière. Le Vif a réalisé ces articles en toute indépendance rédactionnelle.
Découvrez ici l’article précédant dans cette série : Produire de l’eau potable à partir de l’air au Kenya
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