Les voyages à vélo à la conquête de l’Europe
Popularisé par la crise sanitaire, le vélo s’inscrit désormais comme un moyen de transport de plus en plus prisé pour voyager. Plus écologique, permettant une plus grande proximité avec la culture locale et davantage de flexibilité, ses avantages sont nombreux et ne cessent de convaincre, même les moins sportifs.
Que ce soit pour un itinéraire de quelques jours en Belgique ou un parcours de plusieurs semaines à travers l’Europe, l’itinérance à vélo connaît un succès grandissant depuis plusieurs années. Lucie, 27 ans, fait partie de ces Belges qui ont décidé d’enfourcher leur deux-roues pour découvrir le monde autrement. Cette année, elle a décidé de partir seule, ou du moins seulement accompagnée de son vélo de route. Son objectif : Bordeaux. Mais Lucie reste flexible sur la destination : « Si j’atterris, pour une raison ou une autre, autre part, ce n’est vraiment pas grave ! L’important, ce n’est pas la destination, mais le voyage », confie-t-elle après déjà 980 kilomètres dans les roues.
Le vélo a le vent en poupe, malgré quelques obstacles
S’il est encore difficile d’obtenir des chiffres précis concernant le nombre de Belges partant chaque année en voyage à vélo, on observe toutefois une augmentation des initiatives permettant de faciliter cette pratique en Belgique, mais aussi partout en Europe. Sur le territoire belge, plusieurs itinéraires régionaux tels que le RAVeL en Wallonie, la Promenade Verte à Bruxelles, les itinéraires iconiques en Flandre ou encore les réseaux de points nœuds existent. Des agences de voyages spécialisées dans l’organisation d’itinéraires à vélo ou encore des labels garantissant un bon accueil aux cyclistes (le label Bike Friendly à Bruxelles, par exemple) se développent de plus en plus. La SNCB se positionne par ailleurs dans le top 3 des services ferroviaires européens permettant un déplacement adapté aux cyclistes, selon une récente étude de Pro Velo, qui vise à rendre accessible le vélo à tous et à toutes en accompagnant les particuliers, pouvoirs publics, écoles et entreprises.
En Europe, le réseau EuroVelo propose 17 routes cyclables de longue distance traversant une quarantaine de pays, dont cinq passent par la Belgique. C’est d’ailleurs via l’un de ces tracés que Lucie a traversé une bonne partie de la France : l’EuroVélo 3, également surnommé « la route des pèlerins », relie les chemins de pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle en Espagne, à Trondheim en Norvège, en passant par la France, la Belgique ou encore le Danemark. Traversée par cinq itinéraires EuroVélo, la Belgique est particulièrement bien desservie en la matière. En 2019, le parcours « la Meuse à vélo », longeant le fleuve en France et en Belgique jusqu’aux Pays-Bas sur 1.050 kilomètres, a également été ajouté au réseau européen. Selon Pro Vélo, en 2023, la partie wallonne de l’EuroVelo 5 a dénombré 384 passages par jour en moyenne et a de ce fait été élue « route de l’année ».
Malgré ces multiples initiatives, le chemin reste long à parcourir pour que le vélo s’impose avant la voiture, voire avant l’avion. Si, à l’instar de la Suède, du Luxembourg ou encore des Pays-Bas, certains pays européens sont particulièrement bien adaptés à l’utilisation quotidienne du vélo, d’autres régions le sont beaucoup moins. Pour Annick et Vincent, un couple belge habitué des longs périples à vélo, une chose est sûre : « La Wallonie est de loin la région la moins adaptée à la pratique du vélo », tant par l’état de ses routes que par le manque d’infrastructures dédiées aux cyclistes. « Le réseau routier wallon n’est en effet pas le meilleur pour les cyclistes », déplore Jonathan Haynes, du bureau Traject, spécialisé dans la mobilité durable en Belgique. « Lorsque vous sortez du RAVeL et que vous circulez sur les routes régionales, les cyclistes sont davantage confrontés au danger », ajoute le spécialiste, qui observe toutefois une réelle volonté d’amélioration du côté des pouvoirs publics wallons.
Voyager à vélo, c’est voyager plus slow
Avec à peu près 20 kilos de bagages sur le cadre, Lucie, la jeune baroudeuse, a sillonné les routes belges, puis françaises, pendant une dizaine de jours déjà. Au départ de Bruxelles, elle n’a jamais emprunté d’autres moyens de transport et ne compte prendre le train qu’une fois la destination atteinte, pour rentrer chez elle. « La raison principale, c’est d’abord le fait de voyager plus slow et de manière plus écologique », précise-t-elle.
En effet, si de nombreuses alternatives existent pour voyager de manière plus écologique, peu d’entre elles peuvent se vanter de ne produire aucun gramme de CO2, quelle que soit la distance parcourue. C’est ainsi que le vélo se place désormais comme LE moyen de transport écologique par excellence, que ce soit pour se rendre au travail, à quelques kilomètres de son domicile, ou dans le sud de l’Europe, lors d’un périple 100% green. L’itinérance à vélo reprend également toutes les caractéristiques du « slow travel », aussi appelé « slow tourisme », marqué par la volonté de voyager tout en respectant l’environnement, mais surtout de prendre le temps de profiter de la diversité des paysages et de s’imprégner de la culture locale. Ces raisons seront-elles suffisantes pour convaincre encore plus de Belges d’abandonner leur SUV avec clim intégrée ou leur vol low-cost à 55€ aller-retour au profit d’un « simple »vélo lors de leur prochain voyage ? Lucie, en tout cas, ne compte pas abandonner son bolide à deux roues de sitôt.
Alix Mayence
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