La « Rolex and National Geographic Perpetual Planet Amazon Expedition » se termine sur des constats inédits

Ben Herremans
En partenariat avec Rolex

Entre 2022 et 2024, la « Rolex and National Geographic Perpetual Planet Amazon Expedition » a exploré l’Amazone et ses quelque 2700 kilomètres de long. L’expédition était répartie en sept projets, avec pour question principale commune : quel est l’impact du changement climatique, de la déforestation, de la pollution et de la perte de biodiversité sur l’eau et les écosystèmes de l’Amazone ? Sept équipes de chercheurs et de scientifiques ont travaillé avec les communautés locales, pour arriver à des conclusions inédites.

L’Amazone à travers l’objectif de Thomas Peschak

Le photographe Thomas Peschak a suivi la « Rolex and National Geographic Perpetual Planet Amazon Expedition » depuis les glaciers des Andes jusqu’à l’embouchure du fleuve dans l’Atlantique, et a partagé ses photos avec le monde entier. « Nous n’avons encore jamais vu l’Amazone à travers l’objectif d’un appareil photo immergé », explique le photographe. « Et c’est logique, car le fleuve est dangereux et difficile d’accès. Raconter en images la vie aquatique dans l’Amazone a été un de mes reportages les plus complexes à ce jour. Ce sont des écosystèmes extraordinaires. »

Le photojournalisme peut, avec les conclusions des sept équipes, aider à nous offrir un regard nouveau sur l’Amazone. « Les chercheurs ne peuvent pas être les seuls à se soucier du bassin amazonien. Le monde entier doit s’y intéresser », déclare encore Thomas Peschak. « Les articles scientifiques sont importants, mais aussi le fait de mettre en valeur ces connaissances au moyen d’un storytelling efficace pour atteindre un public le plus large possible. »

L’expédition Mamirauá dans la forêt amazonienne inondée

L’expédition Mamirauá, menée par les scientifiques brésiliens Thiago Silva et Julia Tavares, est l’un des sept projets composant la « Rolex and National Geographic Perpetual Planet Amazon Expedition ». Ils ont étudié les inondations saisonnières du territoire brésilien.

Un écosystème unique s’est constitué dans les immenses forêts humides du bassin amazonien. Lorsque commence la saison des pluies, vers le mois de mai, l’Amazone et ses affluents gonflent et débordent. L’eau peut alors monter jusqu’à 12 mètres, avant que ne vienne la décrue en septembre. Ces cycles d’inondations ont favorisé le développement d’une faune et d’une flore spécifiques, adaptées à la survie aussi bien sous l’eau qu’en surface.

Aujourd’hui, cet environnement fluctuant est mis sous pression par le changement climatique, la déforestation et les centrales hydro-électriques, qui influent sur les crues et décrues.

Les explorateurs National Geographic Thiago Silva et Julia Tavares étudient les forêts marécageuses en Amazonie

Alors que Thiago Silva a choisi une approche plus globale, Julia Tavares s’intéresse aux détails, mais tous deux utilisent le savoir étendu et spécifique des communautés locales. Ensemble, ils veulent comprendre ce qui rend les forêts inondées et les zones humides d’Amazonie si adaptables, ainsi que les menaces qui pèsent sur elles.

« Dans ce système dont nous avons beaucoup à apprendre, les choses évoluent très vite », explique Thiago Silva. Par la mise en commun de leurs résultats, les deux scientifiques espèrent pouvoir développer des modèles capables de prédire les menaces et pouvant mener à des mesures permettant de mieux protéger la région.

Le scientifique Thiago Silva cartographie la forêt amazonienne avec une rapidité et une précision spectaculaire

Thiago Silva se décrit lui-même comme un biologiste numérique. Il associe l’écologie à l’informatique et donne des conférences sur le sujet à l’université de Stirling en Écosse. Pour son étude des forêts inondées et des zones humides d’Amazonie, il utilise la technologie LiDAR (Light Detection And Ranging). Au moyen de lasers, ces scanners LiDAR cartographient une zone avec un niveau de détail spectaculaire et à une vitesse incroyable. Les scanners sont fixés à un drone et réalisent en seulement vingt minutes une carte détaillée d’un kilomètre carré de forêt, alors que les méthodes de mapping classiques requièrent plusieurs personnes et un jour entier pour couvrir une parcelle de 50 mètres sur 50.

« J’emporte avec moi chaque arbre, chaque branche », s’enthousiasme Thiago. « L’année prochaine, je ferai une nouvelle carte 3D et je saurai quel arbre a grandi, lequel est tombé ou lequel a perdu ses branches. Je peux voir la température changer, au-dessous et au-dessus de la canopée. »

Ses observations lui permettent d’identifier les zones qui doivent d’urgence être protégées avant que les dommages ne deviennent irréversibles.

Les forêts inondées d’Amazonie sont menacées

Julia Tavares pratique quant à elle la phytobiologie, ou biologie des végétaux, qui consiste à étudier le fonctionnement des plantes. Elle examine de très près les arbres dans les forêts inondées d’Amazonie. Elle mesure l’épaisseur des branches et des feuilles, ainsi que la pression, la quantité et la qualité d’eau contenue dans les échantillons. Elle détermine ainsi comment les arbres arrivent à supporter les variations des cycles météorologiques.

« Nous savons que des menaces pèsent sur ces arbres, mais nous ne savons pas encore lesquelles ni à quel point », explique Julia Tavares, qui craint que des phénomènes météorologiques extrêmes ne menacent la survie des forêts humides. Cela pourrait avoir de graves conséquences, car l’Amazonie est le plus grand écosystème d’eau douce au monde, et aussi le plus varié.

Julia Tavares s’aventure de nuit dans les forêts inondées d’Amazonie

Dans ces forêts inondées, Julia Tavares a installé un laboratoire mobile provisoire. Les membres de son équipe grimpent au sommet des arbres, jusqu’à 25 à 30 mètres du sol, pour y prélever des branches et des feuilles, ses échantillons d’étude. L’opération doit être effectuée de nuit, avant 3 heures du matin, car c’est à cette heure que les arbres commencent la photosynthèse, le processus biochimique qui utilise la lumière du soleil comme source d’énergie pour transformer le dioxyde de carbone et l’eau en sucre. Cela déséquilibre le ratio d’eau dans les feuilles. Les arbres perdent de l’eau dès qu’apparaît le torride soleil équatorial.

Certains échantillons de branches et de feuilles sont conservés dans de la glace pour interrompre le processus métabolique, ce qui permet aux chercheurs de mesurer le taux de sucre et d’amidon. Pour mesurer la quantité de bulles d’air produites pendant le séchage, ils provoquent aussi un déficit d’eau dans les branches. Ces expériences ont révélé d’importantes disparités entre les arbres en matière de vulnérabilité à la sécheresse.

Les deux scientifiques collectent des preuves pour protéger les forêts inondées d’Amazonie

Les approches de Thiago Silva et de Julia Tavares sont différentes mais complémentaires. La mise en commun de leurs résultats livre un tableau complet de la région, et leurs études viennent à point nommé. Thiago : « Avant, des phénomènes météorologiques extrêmes se produisaient ici tous les sept à huit ans ; aujourd’hui, il s’en produit tous les ans ou les deux ans. La météo devient d’année en année plus irrégulière et imprévisible. Pour un écosystème qui dépend à ce point d’une régularité climatique, c’est très problématique. ».

Avec le soutien de l’Initiative Perpetual Planet de Rolex et de la National Geographic Society, les deux chercheurs peuvent non seulement démontrer la beauté de cet écosystème unique, mais aussi rassembler des preuves tant de l’importance que de la fragilité des forêts inondées d’Amazonie.

En comprenant mieux comment le changement climatique affecte la région, Thiago et Julia peuvent mieux informer et conseiller les autorités et les organisations sur la meilleure façon de protéger les forêts amazoniennes inondées. Dans l’intérêt de tous.

Rolex soutient des personnes et organisations qui recherchent et développent des solutions aux problèmes de la planète et qui ainsi contribuent à rendre le monde meilleur et à préserver la planète pour les prochaines générations. Dans cette série Le Vif met leurs efforts en lumière. Le Vif a réalisé ces articles en toute indépendance rédactionnelle.

Découvrez ici l’article précédant dans cette série : Fernando Trujillo protège les dauphins roses de l’Amazone

All images and footage courtesy of the National Geographic Society

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