En Afrique de l’Ouest, Inza Koné œuvre à la protection d’espèces de primates menacées et de la biodiversité
En partenariat avec Rolex
En Côte d’Ivoire, avec la collaboration des communautés locales, Inza Koné protège la Forêt de Marais de Tanoé-Ehy, une zone naturelle avec une riche biodiversité et caractérisée par une faune et une flore exceptionnelles. Inza Koné, premier primatologue ivoirien, y étudie nombre d’espèces menacées d’extinction, dont certains primates en danger critique.
Enfant, Inza Koné avait un babouin comme animal de compagnie
À l’âge de huit ans, Inza Koné reçoit un babouin de son père. Le singe et l’enfant se prennent rapidement d’amitié, mais à 1 an, le babouin a bien grandi et il est devenu difficile de le garder comme ‘animal de compagnie’. Entre-temps, trop habitué à interagir avec les humains, il ne peut plus non plus être relâché dans son milieu naturel, et la seule option est de l’endormir définitivement. « Imaginez mon désespoir », raconte Inza Koné. « Depuis lors, j’ai un autre regard sur les animaux sauvages en général, et sur les primates en particulier. »
Inza Koné, premier primatologue de Côte d’Ivoire
Cette expérience donne à Inza Koné la conviction que la place de ces animaux est dans la nature, et uniquement là. Il choisit comme métier d’étudier et de protéger les primates, et devient ainsi le premier primatologue ivoirien. Pendant près de vingt ans, la Forêt de Marais de Tanoé-Ehy est son terrain d’étude. Il y procède à ses recherches sur des espèces animales menacées, principalement des primates, et met en place un programme de conservation de l’environnement centré sur les communautés locales.
Les espèces de primates menacées se sont-elles éteintes ?
La Forêt de Marais de Tanoé-Ehy se situe à l’extrémité sud-est de la Côte d’Ivoire. Elle s’étend sur 11.000 hectares et est une des dernières forêts tropicales primaires d’Afrique de l’Ouest. Le processus écologique n’y est pas ou à peine troublé par des activités humaines.
Le territoire est occupé par au moins 45 espèces endémiques, une faune et une flore avec une zone de dispersion limitée. Certaines espèces d’animaux et de plantes ne se trouvent nulle part ailleurs dans le monde. Nombre d’entre elles sont menacées d’extinction. Parmi elles, les quatre espèces de primates les plus menacées au monde : le cercopithèque roloway, le mangabey, le colobe noir et blanc, et le colobe rouge de Miss Waldron.
Ce dernier, baptisé d’après une jeune femme membre de l’expédition qui l’a découvert, est particulièrement rare. Il est généralement considéré comme une espèce disparue. Mais l’animal aurait été aperçu par des habitants de la région, et Inza Koné lui-même a entendu son cri distinctif.
La Côte d’Ivoire est le pays à la biodiversité la plus riche d’Afrique de l’Ouest, mais l’activité humaine n’a laissé que 2% de ses forêts primaires intactes. De nombreux animaux ont ainsi perdu leur habitat. C’est la raison pour laquelle Inza Koné y a lancé en 2006 un programme de conservation impliquant les onze villages établis dans la forêt. Il aide ses habitants à surveiller la nature qui les entoure et avec laquelle ils sont régulièrement en conflit.
Onze villages ont uni leurs forces pour préserver leur héritage naturel commun
Inza Koné
Une réserve naturelle sous gestion locale
Deux ans plus tard cependant, la forêt s’est retrouvée face à une tout autre menace : Inza Koné a dû mener campagne contre des plans visant à drainer 8.000 hectares de territoire pour y développer une culture d’huile de palme. Avec l’aide importante des populations locales, il réussit à convaincre les autorités, et en décembre 2021, le gouvernement ivoirien déclare officiellement la Forêt de Marais de Tanoé-Ehy ‘réserve naturelle volontaire’. Elle est désormais gérée collectivement par les communautés locales qui en sont les propriétaires.
Inza Koné attribue le succès de son programme à cet engagement local. « Mes entretiens avec les communautés locales ont marqué un tournant pour la préservation de la forêt. Onze villages ont uni leurs forces pour préserver leur héritage naturel commun, et pour protéger et transmettre sa biodiversité aux prochaines générations. »
Inza Koné et ses chercheurs apprennent des habitants
Le travail d’Inza Koné est cependant loin d’être terminé. Même si la végétation dense et le terrain marécageux protègent la Forêt de Marais de Tanoé-Ehy contre la chasse et l’agriculture, ils en font aussi un territoire difficile à explorer scientifiquement. Grâce à l’expertise des habitants, qui avant y pratiquaient le braconnage, les membres de l’équipe d’Inza Koné peuvent une fois par mois participer à une expédition dans la forêt. « Ces anciens chasseurs savent des choses que même les scientifiques les plus érudits ignorent. »
Préservation et restauration de la forêt
En contrepartie, Inza Koné enseigne à la population locale des techniques pour surveiller son environnement naturel. À l’aide de drones, par exemple. Les chercheurs collaborent avec les onze villages pour les aider à gérer la forêt de façon autonome. Ils recherchent des alternatives durables, comme la culture du manioc. L’arrivée d’équipements modernes dans une petite usine de transformation a permis de multiplier par cinq les revenus du manioc.
Les chercheurs ont également installé dans chaque village un jardin botanique à but pédagogique, et planté des haies pour séparer les zones cultivées et la forêt. Dans le cadre d’un plan qui s’étendra sur quatre années, chaque village reboisera 3 hectares de terres agricoles. Dix mille arbres endémiques ont ainsi été replantés autour des villages. Inza Koné et son équipe organisent des événements de sensibilisation au projet.
Extension au Ghana et à l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest
Grâce à son Prix Rolex à l’esprit d’entreprise 2023, Inza Koné fait désormais partie de l’Initiative Perpetual Planet de Rolex. Ce prix lui permet d’étendre son programme, dans l’espoir que toute l’Afrique de l’Ouest le reconnaisse comme un modèle pour la conservation communautaire d’écosystèmes. Dans un premier temps, il souhaite étendre la protection de la Forêt de Marais de Tanoé-Ehy au Ghana, traverser la frontière et déployer un programme similaire de l’autre côté de la rivière Tanoé. En travaillant main dans la main avec les autorités ivoiriennes et ghanéennes, il aspire à créer un avenir durable pour les communautés locales dans des forêts possédant la biodiversité la plus riche au monde.
Sur les traces des espèces de primates menacées
À présent que le futur immédiat de la forêt est assuré, Inza Koné se consacre à la documentation de la faune et de la flore qui y abondent. Avec des pièges photographiques et des échantillons d’eau et de marais, il s’efforce de relever les traces de vie des quatre espèces de primates menacées. Dans les échantillons, il recherche de l’urine et des excréments d’animaux pour la réalisation de tests ADN. Il espère surtout trouver des preuves de la présence du colobe rouge de Miss Waldron. Ce serait un argument de poids pour appuyer encore plus la préservation de la Forêt des Marais de Tanoé-Ehy, probablement le seul endroit au monde où ce singe subsisterait encore.
Trois questions à Inza Koné
Pourquoi avez-vous présenté votre candidature pour un prix Rolex à l’esprit d’entreprise 2023 ?
« J’ai postulé parce que mon projet de préservation de l’environnement était au point mort et que nous avions besoin de plus de visibilité et de légitimité, au niveau tant national qu’international. Les Prix Rolex à l’esprit d’entreprise sont l’une des meilleures plateformes pour y arriver. »
Qu’est-ce que cela signifie pour vous d’être Lauréat d’un Prix Rolex à l’esprit d’entreprise 2023 ?
« Je suis immensément fier de ce prix car la concurrence est rude. J’ai le plus grand respect pour la communauté des Lauréats. Ce Prix suscite des attentes élevées et me procure un sentiment de grande responsabilité. »
Quels objectifs voulez-vous atteindre grâce au soutien de ce Prix Rolex ?
« Le Prix nous a permis de mesurer les efforts que nous avons fournis à ce jour, ainsi que l’impact que nous avons sur les gens. Il nous a permis de démontrer le potentiel de notre programme. À présent que nous faisons partie de l’Initiative Perpetual Planet de Rolex, nous sommes en mesure d’aller beaucoup plus loin. »
Rolex soutient des personnes et organisations qui recherchent et développent des solutions aux problèmes de la planète et qui ainsi contribuent à rendre le monde meilleur et à préserver la planète pour les prochaines générations. Dans cette série Le Vif met leurs efforts en lumière. Le Vif a réalisé ces articles en toute indépendance rédactionnelle.
Découvrez ici l’article précédant dans cette série : SukkhaCitta, la production éthique et durable de vêtements en Indonésie
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