Eco-construction: Ecowez, cette entreprise qui construit en pensant à demain
À 39 ans, Guillaume Grawez est à la tête d’Ecowez, une entreprise d’éco-construction. Après un parcours pour le moins varié, il est aujourd’hui un grand défenseur de ce milieu encore confidentiel, mais qui a le vent en poupe.
Kinésithérapeute de formation, Guillaume Grawez s’est rapidement rendu compte qu’il n’était pas fait pour ce métier. Il a alors entrepris une formation complémentaire pour devenir conseiller environnemental pour diverses associations et communes, dont celle de Forest. En 2010, avec sa compagne Natacha, ils ont entrepris de rénover leur maison eux-mêmes, de la manière la plus écologique possible.
Cette résolution, prise avant tout pour des raisons idéologiques, les a poussés à effectuer un gros travail en amont : repenser la maison pour optimiser son exposition au soleil, faire des recherches sur les meilleurs matériaux, locaux et naturels… Un travail qui a beaucoup plu à Guillaume. De fil en aiguille, il est devenu de plus en plus actif dans le petit milieu de l’éco-construction, à échanger avec d’autres passionnés, participer à des conférences et, surtout, donner des coups de mains par-ci par-là. Quelques années après, Guillaume s’y consacrait à 100% et Ecowez voyait le jour.
Fondée en 2015, Ecowez est une entreprise d’éco-construction. Cela implique l’emploi de matériaux naturels et d’origine locale pour bâtir ou rénover des maisons qui seront aussi respectueuses de l’environnement que possible. Notamment en réduisant leur consommation d’énergie. Sa principale alliée ? La nature, évidemment. « Tenir compte des apports de la nature et en tirer un maximum de profit. Ça s’appelle le bioclimatisme », explique l’entrepreneur. C’est ainsi que l’exposition de sa nouvelle maison au soleil lui garantit un apport de chaleur maximisé à mi-saison, sans en subir les excès en été.
Une réflexion qui n’est pas nouvelle, direz-vous. Mais ici, elle est plus poussée. « L’éco-construction, c’est une analyse beaucoup plus personnalisée pour chaque projet. Je ne comprends pas comment les grosses sociétés peuvent proposer un catalogue de maisons déjà pensées. Les besoins des ménages sont tellement variés. Le terrain, son environnement, son orientation au soleil sont propres à chaque logement. Tout cela rend chaque maison éco-construite unique. Et c’est là que c’est intéressant d’utiliser le bois, puisqu’il permet une grande modularité. Pendant la construction, mais aussi après, si les besoins changent. »
Des matériaux naturels donc, comme le bois, la paille et la terre. Particulièrement dans les conditions actuelles, Guillaume constate leur intérêt tous les jours. « Au départ, c’était par idéologie. Mais aujourd’hui, je me rends compte à quel point c’est pertinent. Par rapport aux enjeux écologiques, mais aussi sociaux, économiques et climatiques. Par exemple, on a de plus en plus de pics de chaleur l’été. Les matériaux qu’on utilise permettent une régulation beaucoup plus facile de la température dans les maisons. »
Transmettre
La première vocation d’Ecowez était le coaching : accompagner les clients et les guider dans leur démarche en les laissant acteurs de leurs travaux. Mais tout le monde n’a pas toujours le temps de s’impliquer dans la construction ou la rénovation de son logement. Alors aujourd’hui, Guillaume et son équipe de 6 sont les seuls à travailler sur la plupart de leurs chantiers. Ce qui n’empêche pas la formation de rester un pilier de la philosophie d’Ecowez.
« La formation a toujours eu une place super importante. En fait, on doit souvent former notre propre personnel. Dans les cursus de construction et les expériences des ouvriers, on voit rarement les matériaux qu’on utilise ici, qui nécessitent un autre outillage et d’autres techniques. Ce sont pourtant des techniques tout à fait valables, pour lesquelles on a d’ailleurs plus de recul. La pétrochimie et le béton, ça fait à peine 200 ans que ça existe. Tandis que le bois, l’argile, la paille, ce sont des matériaux qu’on utilise depuis des millénaires. »
Ecowez accueille plusieurs stagiaires chaque année. « Je forme ma propre concurrence », aime dire son fondateur. « Et c’est vraiment chouette parce qu’après on collabore, on s’appelle en cas de soucis pour se dépanner. L’éco-construction, c’est un petit monde, tout le monde se connaît. Et pourtant, il y a de la demande ! J’arrive pas à suivre : j’ai en permanence vingt devis à faire. »
Le secteur de l’éco-construction se porte bien et la demande est là. Même si les conditions économiques actuelles ne sont idéales pour personne. Dans les prochaines années, Guillaume compte bâtir son propre atelier et en faire un centre de formation. L’ambition est claire : qu’Ecowez devienne un centre de référence dans le développement de l’éco-construction en Wallonie.
Victor Broisson
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici