Camille Etienne, l’activiste qui entend utiliser la peur pour sauver la planète
Face à l’attentisme des dirigeants, qui sert les plus nantis, l’activiste pour le climat Camille Etienne prône un soulèvement écologique.
Avant de passer à l’antenne, une journaliste demande à l’activiste pour le climat: «Camille, c’est super important pour nous de parler de l’état de la planète, mais essayez de ne pas trop faire peur. On essaie de rester positifs, ici.» Camille Etienne, qui a grandi dans un village des Alpes en voyant fondre inexo- rablement les glaciers, a décidé au contraire de faire peur. Elle explique pourquoi dans son essai radical (qui va à la racine des problèmes), chirurgical et percutant, Pour un soulèvement écologique (1).
Pour elle, la peur est «un sentiment très sain face à l’imprévoyance des pyromanes qui nous gouvernent». En 2009, le scientifique suédois Johan Rockström et 28 collègues établissaient neuf limites dont la transgression rendrait notre planète nettement moins propice à la vie humaine. Aujourd’hui, six d’entre elles sont franchies: changement climatique, effondrement de la biosphère, cycles biogéochimiques nécessaires à la vie, changement d’affectation des sols, cycle de l’eau et pollutions chimiques. Selon l’ONU, plus de la moitié de la population mondiale manquera d’eau en 2050. Malgré l’urgence, il y a pourtant encore des Emmanuel Macron ou des Alexander De Croo pour prôner une pause dans la prise de décisions en faveur de la sauvegarde de la planète.
Le dérèglement climatique n’est pas une fatalité, c’est une guerre qui ne dit pas son nom.
Pour combattre l’attentisme des dirigeants qui, selon elle, sert les plus nantis, la militante, que l’on a vue sur le chantier de l’extension de la mine de charbon à Lützerath, en Allemagne, ou devant le siège de TotalEnergies dont les actionnaires étaient réunis en assemblée générale, exhorte à surmonter l’impuissance de la société face aux défis environnementaux. «L’impuissance n’est qu’une obéissance, une construction qui ne nous appartient pas.» Pour cela, elle prône un soulèvement écologique, «la condition de notre liberté collective». Comme moyens pour y parvenir, elle avance notamment l’ancrage local des luttes, la désobéissance civile ou la marche vers la décroissance qui, loin d’être «un abandon de l’idéal de progrès ou un recul du niveau de vie», est «l’espoir de voir le progrès et le niveau de vie poursuivre pour de vrai leur marche en avant». Pour Camille Etienne, en effet, «le dérèglement climatique n’est pas une fatalité, c’est une guerre qui ne dit pas son nom entre ceux qui ont intérêt à ce que rien ne bouge et ceux qui ont tout à y gagner, mais qui, pour certains, ne le savent pas encore».
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