En partenariat avec Rolex
En 1997, Louis Liebenberg a mis au point un outil informatique qui permet aux pisteurs autochtones d’enregistrer et de partager leurs observations des animaux sauvages à des fins de conservation, et d’autres objectifs parfois surprenants. Le CyberTracker, qui a connu un succès mondial grâce au soutien de Rolex, bénéficiera d’une version améliorée.
Le CyberTracker, un outil précieux pour les autochtones
Le défenseur de l’environnement Louis Liebenberg travaille depuis 40 ans avec les pisteurs des tribus autochtones du désert du Kalahari en Namibie. En 1997, il a développé le CyberTracker, un outil numérique d’une efficacité remarquable, qui permet aux pisteurs d’enregistrer sous forme de données leurs observations d’animaux sauvages. Chaque signe de la vie sauvage est introduit dans un ordinateur de poche à l’aide d’icônes simples.
Le biologiste teste actuellement une version améliorée de l’outil, le CyberTracker Online, dans l’attente de son lancement mondial. Cette nouvelle version pourra avoir des effets considérables sur la conservation et l’éducation à l’environnement, et permettra de récompenser les pisteurs autochtones et leur savoir ancestral en leur apportant un revenu.
L’interface graphique, dont l’utilisation repose sur des icônes, a été conçue spécialement pour les pisteurs Ju/’hoansi du Kalahari, qui ne savent ni lire ni écrire. Le CyberTracker leur permet de tirer un revenu de leur savoir-faire, tout en aidant les défenseurs de l’environnement à suivre des animaux qui ne peuvent pas être surveillés par les méthodes usuelles. « Si l’on n’a pas sur le terrain des personnes possédant des connaissances pour observer les animaux, nos modèles pourraient être complètement faux », explique Louis Liebenberg.
Chasseur-pisteur, un métier en pénurie
La fascination de Louis Liebenberg pour l’art ancestral du pistage remonte à son enfance. À l’âge de 4 ans, alors qu’il joue à cache-cache dans les dunes du Cap, il remarque des traces sur le sable et les suit jusqu’à la crête de la dune, où s’est caché son petit copain. « Je revois encore son regard incrédule quand je l’ai trouvé. »
Ce moment fait naître une passion qui ne l’a jamais quitté. À l’âge de 25 ans, Louis Liebenberg s’aventure seul dans le désert du Kalahari, à la recherche des derniers chasseurs autochtones. Pour trouver la nourriture, ces derniers se servent de connaissances transmises de génération en génération. Louis Liebenberg comprend alors que l’art du pistage, qui remonte à plusieurs centaines de milliers d’années, est en voie de disparition. La faune aussi est en net recul. La subsistance en tant que chasseur-cueilleur devient de ce fait de plus en plus difficile.
Comprenant que le savoir unique des autochtones en matière de pistage peut leur permettre d’en faire un métier, Louis Liebenberg met alors au point une stratégie. Les informations recueillies par les pisteurs sont capitales pour les projets de conservation de l’environnement. En 1994, il a donc commencé à faire reconnaître le savoir des pisteurs : un certificat objectif leur offre désormais à la fois le droit et un cadre de travail.
Grâce au Prix Rolex, le CyberTracker a connu un succès mondial
Le succès du CyberTracker a dépassé toutes les attentes de Louis Liebenberg, en partie grâce à la visibilité mondiale dont a bénéficié l’appareil après la réception du Prix Rolex à l’esprit d’entreprise en 1998. « Sans le Prix Rolex, personne n’aurait probablement entendu parler de nous », se souvient le scientifique.
La reconnaissance internationale de Rolex a valu au projet un succès mondial : l’application a entre-temps été téléchargée plus de 600.000 fois, dans quelque 200 pays différents. Louis Liebenberg et son équipe ont veillé à ce que le CyberTracker puisse être utilisé sur un système GPS, sur Android et sur iPhone.
L’outil a déjà permis de protéger aussi bien des rhinocéros que des papillons. Le CyberTracker est simple à utiliser et polyvalent, et peut donc être mis en œuvre dans de multiples situations. Sciences, éducation, agriculture, enquêtes sociales et sanitaires, catastrophes naturelles, prévention du crime… autant de domaines dans lesquels l’outil montre son utilité.
Avec cet appareil, nous pouvons suivre des écosystèmes complexes en temps réel et à l’échelle mondiale, tout en permettant aux communautés autochtones d’en retirer un revenu
Le nouveau CyberTracker online : saisie plus rapide des données, marge d’erreur moindre
Louis Liebenberg aurait pu se satisfaire de ces succès, mais ses ambitions vont plus loin. Il a continué d’améliorer le CyberTracker, déterminé à le rendre encore plus accessible et efficace. Le nouveau CyberTracker en ligne a été conçu pour permettre à des utilisateurs peu formés à la technologie de personnaliser l’application à leurs propres besoins. L’interface, qui repose sur des icônes, permet une saisie beaucoup plus rapide des données et réduit ainsi la marge d’erreur à un minimum.
Les données peuvent être saisies hors ligne puis téléchargées dès qu’une connexion Internet est établie. Les pisteurs peuvent ainsi consigner leurs observations dans une base de données centralisée, où elles sont partagées avec la communauté internationale qui les rend utilisables pour de nombreuses fins, dont la conservation de l’environnement.
« Cela nous permet désormais de suivre des écosystèmes complexes en temps réel et à l’échelle mondiale, tout en permettant aux communautés autochtones d’en retirer un revenu », explique Louis Liebenberg. Il souligne que cet apport financier est crucial. Pour lui, le fait de développer des modèles socio-économiques durables pour les populations locales et de faire participer celles-ci à la protection de la biodiversité, est essentiel pour lutter contre les effets du changement climatique.
L’art du pistage est le meilleur moyen pour les enfants de se familiariser avec le raisonnement scientifique. Entre vous et la trace, il y a un contact direct et immédiat, sans intermédiaire tel qu’un microscope, un télescope, un livre, ou quoi que ce soit d’autre
Un outil idéal pour tous, également pour les enfants
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Parmi les nouvelles fonctions de CyberTracker Online, il y a les ‘story maps’, des fonctions interactives qui mêlent des cartes, des tableaux, des photos et des vidéos. L’information devient ainsi accessible à tous, également à des enfants. En effet, Louis Liebenberg souhaite éveiller l’intérêt de la prochaine génération de pisteurs. « L’art du pistage est le meilleur moyen pour les enfants de se familiariser avec le raisonnement scientifique. Entre vous et la trace, il y a un contact direct et immédiat, sans intermédiaire tel qu’un microscope, un télescope, un livre, ou quoi que ce soit d’autre. »
Louis Liebenberg plaide pour une large utilisation du CyberTracker, et ne voit pas l’application comme un outil réservé aux pisteurs et aux scientifiques. Il espère qu’elle sera aussi adoptée par des enfants qui aiment observer la nature et qui pourraient ainsi partager leurs trouvailles avec d’autres enfants dans le monde entier. En plus d’apprendre à collecter des données, ils seraient ainsi sensibilisés aux mesures nécessaires pour protéger la planète.
Il y a encore beaucoup de choses à apprendre au sujet et grâce au pistage
Entre-temps, Louis Liebenberg continue de superviser la formation de nouveaux pisteurs, à la Ju/’hoan San Tracker School dans le Kalahari. Ce centre de formation accueille des personnes venues de partout, de l’Europe jusqu’à l’Amérique du Nord, pour apprendre l’art du pistage sur la base de techniques ancestrales et de notions scientifiques.
Louis Liebenberg a commencé sa carrière il y a 40 ans. « Mais la pensée même de m’arrêter ne m’a jamais traversé l’esprit. Il y a encore tant à apprendre. »
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Rolex soutient des personnes et organisations qui recherchent et développent des solutions aux problèmes de la planète et qui ainsi contribuent à rendre le monde meilleur et à préserver la planète pour les prochaines générations. Dans cette série Le Vif met leurs efforts en lumière. Le Vif a réalisé ces articles en toute indépendance rédactionnelle.
Découvrez ici l’article précédant dans cette série : Les expéditions Great Spine of Africa apportent une réponse à la sécurité de l’eau devenue une préoccupation majeure en Afrique