L’Europe réagit aux élections en Italie: « Les populismes finissent toujours en catastrophe »
Une période d’incertitude s’ouvre en Italie et dans l’Union européenne au lendemain de la victoire aux législatives de Giorgia Meloni, aux commandes d’une coalition droite/extrême droite. Entre attentes et mise en garde, les autres pays membres réagissent à cette élection.
La mise en garde en Espagne
« Les populismes finissent toujours en catastrophe », a mis en garde lundi le ministre espagnol des Affaires Etrangères après la victoire du parti post-fasciste de Giorgia Meloni dimanche aux législatives en Italie. « C’est un moment d’incertitude et dans les moments d’incertitude, les populismes gagnent toujours en importance et ils finissent toujours de la même manière: en catastrophe » car « leur réponse est toujours la même: fermons-nous sur nous-mêmes et revenons au passé« , a déclaré José Manuel Albarés, interrogé au sujet des élections italiennes lors d’un petit-déjeuner de presse. « Ils apportent toujours des réponses simples à court terme à des problèmes qui sont très complexes », a-t-il ajouté.
Pour le chef de la diplomatie espagnole, la victoire de Giorgia Meloni intervient à un moment où « deux modèles s’affrontent » en Europe, sur fond de guerre en Ukraine. « Un modèle sur lequel parie le gouvernement espagnol et beaucoup d’autres pays en Europe qui est celui de la construction européenne » et un « autre modèle, celui de Vladimir Poutine, un modèle autoritaire dans lequel se retrouvent des forces politiques en Europe et même au sein de ce pays », a-t-il poursuivi, en référence au parti d’extrême droite Vox.
La numéro trois du gouvernement de gauche espagnol, la ministre du Travail Yolanda Diaz, a qualifié pour sa part sur Twitter le résultat des élections italiennes de « très triste et préoccupant » et appelé l’Italie « à ne pas suivre le chemin de la Hongrie et de la Pologne ». Vox, par la voix de son leader Santiago Abascal, s’est au contraire réjoui dans un tweet de la victoire de Giorgia Meloni qui « a montré la voie vers une Europe fière et libre de nations souveraines », et a estimé que « des millions d’Européens plaçaient leurs espoirs dans l’Italie ».
La France attentive
La France sera « attentive » au « respect » des droits humains et du droit à l’avortement, a averti la Première ministre Elisabeth Borne : « Bien évidemment, on sera attentif, (avec) la présidente de la Commission européenne (Ursula von der Leyen), à ce que ces valeurs sur les droits de l’Homme, sur le respect des uns et des autres, notamment le respect du droit à l’avortement, soient respectées par tous », a-t-elle déclaré sur la chaîne BFMTV. Mme Borne a toutefois estimé qu’il ne « fallait pas brûler les étapes » et rappelé qu’il « appartient désormais au président de la République (Sergio Mattarella) de désigner la présidente ou le président du Conseil ».
Le président français Emmanuel Macron a déclaré lundi respecter le « choix démocratique » des Italiens et appelé Rome à « continuer à oeuvrer ensemble », en « Européens », après la victoire du parti d’extrême droite Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni aux élections législatives. « Le peuple italien a fait un choix démocratique et souverain. Nous le respectons », a-t-il dit dans une déclaration transmise par l’Elysée. « En tant que pays voisins et amis, nous devons continuer à œuvrer ensemble », a-t-il ajouté.
« Le peuple italien a décidé de reprendre son destin en main en élisant un gouvernement patriote et souverainiste », a tweeté pour sa part Marine Le Pen, du Rassemblement National (RN).
Les attentes en Allemagne
L’Allemagne attend de l’Italie qu’elle reste « très favorable à l’Europe » malgré la victoire du parti post-fasciste de Giorgia Meloni aux législatives, a indiqué lundi un porte-parole du gouvernement. « L’Italie est un pays très favorable à l’Europe, avec des citoyennes et des citoyens très favorables à l’Europe, et nous partons du principe que cela ne changera pas », a déclaré Wolfgang Büchner lors d’une conférence de presse régulière.
Un porte-parole du ministère des Finances a lui indiqué que Berlin continuait d’attendre de Rome le respect des règles budgétaires européennes. Le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) a lui salué la première place du parti de Mme Meloni. « Nous jubilons avec l’Italie! Félicitations à toute l’alliance » qui devrait prendre les commandes de l’Italie, a ainsi écrit sur Twitter Beatrix von Storch, vice-présidente du groupe AfD au Bundestag.
Les espoirs de l’UE
La Commission européenne espère qu’elle aura « une coopération constructive avec les nouvelles autorités italiennes », a déclaré lundi son porte-parole, Eric Mamer, après la victoire du parti post-fasciste de Giorgia Meloni aux législatives. « La Commission et la présidente (Ursula von der Leyen) travaillent avec les gouvernements qui sortent des élections des pays de l’Union européenne. Il n’en va pas différemment dans ce cas-ci », a-t-il dit lors d’une conférence de presse quotidienne de l’exécutif européen.
Félicitations de Hongrie et de Pologne
Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a salué lundi la « grande victoire » de l’extrême droite italienne aux élections législatives remportées par le parti Frères d’Italie de Giorgia Meloni. « Grande victoire! Félicitations! », s’est exclamé M. Morawiecki sur Facebook, utilisant des émojis pour souligner que les deux pays seraient forts ensemble.
Le parti nationaliste-populiste polonais Droit et Justice (PiS), au pouvoir, et les Frères d’Italie sont tous deux membres du groupe des Conservateurs et réformistes européens. « Je suis heureuse qu’un parti du groupe ECR assume la responsabilité (aussi) d’une autre nation européenne », a tweeté Beata Szydlo, membre du PiS et ancienne Première ministre ministre polonaise.
D’autres membres de la droite au pouvoir en Pologne ont souligné les chevauchements entre les deux partis, notamment l’accent mis sur les valeurs familiales catholiques. « La droite européenne se renforce… Nous vaincrons les communistes, le gauchisme et le lobby LGBT – tous ceux qui ruinent notre civilisation », a déclaré sur Twitter le vice-ministre de l’Agriculture Janusz Kowalski. Le vice-ministre de la Justice, Michal Wojcik, a déclaré que la victoire de Meloni était une « défaite » pour la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, qualifiant cette dernière de « représentante des forces antidémocratiques de l’UE ».
Zn Hongrie, le Premier ministre nationaliste Viktor Orban, par la voix sur Twitter de son directeur politique, le député Balazs Orban, a également félicité Giorgia Meloni, ajoutant que « nous avons plus que jamais besoin d’amis partageant une vision et une approche communes de l’Europe« .
Et la Belgique ?
Quelques ministres belges se sont exprimés sur Twitter suite aux résultats de l’élection italienne. « Chaque nouvelle victoire de l’extrême-droite est un relent nauséabond de tout ce contre quoi nous, socialistes, nous battons », dit Karine Lalieux, ministre des Pensions.
« Face à l’extrême droite qui remporte l’élection en Italie, nous allons nous battre encore plus pour une Europe plus solidaire et inclusive », a réagit la Secrétaire d’Etat Sarah Schlitz.